Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet IX

Sur la Guerre

Fureur, pillage, sang, campagnes désolées,
Deuil, solitude, effroi, plaintes, larmes, douleurs,
Villages embrasés, villes démantelées,
Faites de mon tableau les traits et les couleurs.

Inviolables lois, lâchement violées,
Par votre indigne sort exprimez nos malheurs.
Et vous, douces vertus, tristement exilées,
Écrivez nos combats de l’encre de vos pleurs.

Dans nos maux, juste Dieu ! tu montres ta justice :
De nos propres desseins tu fais notre supplice ;
Et par nos propres mains tu te venges de nous.

Nos péchés contre nous ont armé ta puissance.
Mais que, sur une croix, ton Fils, percé de coups,
Éteigne par son sang le feu de ta vengeance.


1 : Les Anciens figuraient tout cela par leur Bellone et leur Discorde, avec leurs larmes, leur sang, leurs yeux renversés, leurs serpents, leurs mains crochues, leurs pieds tortus, leurs lambeaux, leurs ténèbres, leurs torches, leurs trompettes, leurs fouets, leurs épées. Et Marius disait, que le bruit de la guerre l’empêchait d’entendre la voix des lois. Cependant tous les dieux des Lacédémoniens étaient armés.

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