Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet VIII

Sur le Vice

N’arrête plus tes sens à ce visage aimable,
Qui captive ton cœur, en séduisant tes yeux ;
Lève, sans différer, ce masque spécieux :
Tu verras des enfers l’image épouvantable.

Oui, ce Vice riant est le monstre exécrable,
Qui fait l’horreur des saints, et la haine des Cieux.
C’est un serpent funeste, un tyran odieux,
Et de ton Rédempteur le bourreau détestable.

O traître, ô parricide, ô peste dans mon sein,
Je connais aujourd’hui ton tragique dessein,
Et les sanglants effets que produisent tes crimes.

Tu conduis, par la joie, au séjour des douleurs ;
Et tes lâches enfants ne sont que des victimes,
Qu’au chemin du trépas tu couronnes de fleurs.


1 : Satan cache le trait de la mort dans un carquois doré. (St. Augustin) 5 : On peut dire que le péché est la chimère de la fable, c-à-d un monstre qui a la tête d’un lion, le ventre d’une chèvre, et la queue d’un serpent, et qui jette du feu par les narines. 13 : Ainsi dans Minutius Félix les infidèles sont qualifiés de bêtes que l’on engraisse pour le sacrifice, et de victimes que l’on couronne avant que de les immoler.

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