Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet VII

Sur les trois principales Vertus Chrétiennes

Trois sœurs, filles du Ciel, les véritables grâces,
Se tenant par la main forment un noble chœur ;
Et de l’élu de Dieu commençant le bonheur,
Viennent prendre chez lui les trois premières places.

Toutes trois avec lui partagent ses disgrâces ;
L’une, en tous ses combats, le rend plus que vainqueur ;
L’autre bannit la crainte et l’effroi de son cœur ;
Et l’autre avec ses feux en fait fondre les glaces.

Toutes trois dans leurs yeux portent les mêmes traits ;
Toutes trois font toujours d’admirables effets.
Veux-tu pourtant savoir quelle est leur différence ?

Des deux premières sœurs, dans un heureux moment,
L’une est changée en vue, et l’autre en jouissance ;
Mais la plus jeune sœur dure éternellement.


1 : La foi, l’espérance et la charité, opposées aux trois fabuleuses grâces des païens. 2 : Chœur, ainsi écrit, est un mot grec, qui signifie proprement une bande de chantres, ou de danseurs. L’ancienne Eglise appropria ce nom à la troupe des chantres sacrés. Mais par figure, ce mot s’applique à des sujets spirituels. Ainsi, selon St. Augustin, le chœur signifie le concert, l’union et la concorde. Et Cicéron parle du chœur, c’est-à-dire de l’assemblage et du corps des vertus.

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