Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XVIII

Action de grâces après la Communion

Qui l’eût dit, que mon Roi m’eût admis à sa table,
M’eût nourri de ses mets les plus délicieux,
Adopté pour son fils, fait héritier des Cieux ;
Moi, son esclave indigne, et pécheur misérable ?

Quel bonheur maintenant est au mien comparable ?
Seigneur, je te bénis d’un sort si glorieux ;
Je tiens de ton amour les effets précieux ;
Et mon cœur te possède, ô Jésus adorable !

Loin de moi, monde impur, avec tous tes appas ;
Loin, tristesse, chagrin, et terreur du trépas :
Je suis du Dieu vivant le vivant domicile.

Mon Seigneur, laisse aller ton serviteur en paix,
Et si je t’ai logé dans ma maison d’argile,
A ton tour loge-moi dans ton brillant palais.


12 : Allusion aux paroles de Siméon, après qu’il eut embrassé le Sauveur du monde. Dans la célébration de ce sacrement, les ministres de l’église primitive criaient aux communiants : Paix à tous ! Et l’on se donnait le baiser de paix. 13 : La maison de mon âme est bien petite pour un si grand Hôte. Accrois-la, Seigneur, afin qu’elle soit capable de te recevoir. Il s’y trouve des choses qui pourraient offenser tes yeux ; mais qui peut la rendre nette, que toi seul ? (St Augustin)

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