Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXV

Sur la Mort
Attente

Si tu vois le soleil briller sur l’hémisphère,
Pense en toi-même, hélas ! le verrai-je demain ?
Oui, sais-tu quand la mort, se glissant dans ton sein,
Eteindra de tes yeux le vivant luminaire ?

Ta vie n’est-elle pas une ombre passagère,
Un flambeau qui s’écoule, et qui tire à sa fin ?
Ne voit-on pas périr le malade et le sain,
Le prince en sa grandeur, le pauvre en sa misère ?

Mille accidents divers, dans la lice où tu cours,
Peuvent trancher le fil du plus beau de tes jours ;
C’est-là le triste sort où le péché t’engage.

Enfin la dure mort, par les ordres de Dieu,
Menace également et tout sexe, et tout âge.
Mortel, attends-la donc, à toute heure, en tout lieu.


1 : Tu n’es que le locataire de la maison de ton corps, et Dieu ne te l’a pas louée pour un terme préfixé ; mais il t’a dit : Sois toujours prêt à déloger. (St. Augustin) 6 : L’humeur radicale en est la cire, et la chaleur naturelle en est la lumière. 12 : Les païens, la considérant comme une déesse implacable, ne lui avaient consacré que deux autels, l’un à Cadix, l’autre à Lacédémone. 14 : Supporte doucement la vie, et attends la mort constamment. (Plutarque)

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