Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXIV

Sur la Mort
Assurance

Quel est ce monstre horrible, et sans chair et sans yeux,
Qui d’une faux armé, grands et petits menace ;
Et qui d’un pied superbe, également terrasse,
Et le riche et le pauvre, et le jeune et le vieux ?

Chrétien, vois sans horreur cet objet odieux.
Vois, sous son masque affreux, de ton Sauveur la face ;
Vois, dans sa dure main, des nouvelles de grâce ;
Et sous son manteau noir, la lumière des Cieux.

L’inévitable coup de sa faux meurtrière
Termine avec tes jours ta pénible carrière,
Et fait voler ton âme au séjour de la paix.

Ainsi le châtiment, dont l’offense est suivie,
Porte un vieux nom, contraire à ses nouveaux effets ;
La mort n’est maintenant qu’un passage à la vie.


1 : Les païens représentaient aussi la mort comme une fille qui portait une robe noire, semée d’étoiles, et qui avait des ailes noires. 11 : Heureuse l’âme qui, délivrée de son corps, s’envole ainsi toute libre dans le Ciel ! Qui ne désirera cette paix d’où l’ami ne sort point, où l’ennemi n’entre point, et où nous aurons Dieu même pour notre possession et pour notre paix. (St. Augustin) 14 : Que ce passage de la vie à la vie est aimable ! (Epitaphe de Mélisse)

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