Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXIII

Second Adieu du Mourant
Aux parents et aux Amis

Adieu, mes chers parents, mes amis précieux.
Je monte à notre Dieu, je monte à notre Père ;
Mes combats sont finis : je sors de la misère ;
Et j’échange aujourd’hui la Terre pour les Cieux.

Essuyez par la foi les larmes de vos yeux ;
Bannissez de vos cœurs votre douleur amère ;
Et si jamais pour moi votre amour fut sincère,
Contemplez mon bonheur, et soyez-en joyeux.

Ah ! que mon sort est beau ! qu’il est digne d’envie !
Je passe par la mort au séjour de la vie,
Et ne perds en mourant que la mortalité.

Suivez-moi par les vœux de l’espoir et du zèle.
La mort nous désunit pour un temps limité,
Mais Dieu nous rejoindra dans la gloire éternelle.


1 : Ce que tu estimes une mort, n’est qu’un départ, une retraite, un voyage. (Tertullien) Et les saints apôtres qualifient la mort un délogement. 5 : C’est offenser Jésus-Christ, de pleurer comme misérables ceux qu’il appelle à lui. (Tertullien) 11 : Heureux pour qui la mort est morte ! (ancienne épitaphe) Tu meurs ; c’est devenir impassible, et secouer le joug de la mort. (Pétrarque) La mortalité, et non la substance de notre corps, est anéantie dans le tombeau. (St. Chrysostôme)

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