Sonnets Chrétiens


Livre Quatrième — Sonnet XXIX

Sur la Mort d’une Fille Unique
Prière

Abattu, languissant, et noyé dans les pleurs,
D’un amer souvenir j’afflige ma pensée ;
Et l’humeur, que mes yeux dans ma plume ont versée,
Me sert d’encre aujourd’hui, pour peindre mes malheurs.

La mort vient de faucher la plus belle des fleurs ;
Et la fleur de ma vie avec elle est passée.
Un seul trait sa tendre âme et la mienne a percée,
Et mes jours ne sont plus qu’ennuis et que douleur.

Prends pitié de mes maux, mon Sauveur et mon Père ;
Abrège ma langueur, adouci ma misère ;
Envoie à mon secours un saint ange des Cieux.

Donne-moi sur moi-même une heureuse victoire.
Soutiens-moi par ta grâce, et fais que de mes yeux
Les larmes pour jamais tarissent dans la gloire.


1 : Les affligés cueillent des fruits doux, de l’amertume des larmes. (St Augustin) 3 : Ces paroles devraient être écrites avec nos larmes. (St Augustin) 5 : Excès poétique de passion préoccupée de son objet, comme dans ce vers fameux : Et me dit qu’Uranie est seule aimable et belle. 14 : C’est ici la vallée de larmes. Dieu essuie les larmes en cette vie ; mais il les séchera entièrement dans l’autre. (St. Augustin)

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