Le Jour du Seigneur, étude sur le Sabbat

3.7 — Méliton, de Sardes, et Denys, de Corinthe.

Contemporains l’un de l’autre (Eus. Hist. eccl. 4.20.21), ils l’étaient aussi d’Irénée. Méliton fut évêque de Sardes. D’après Steitz, il aurait vécu surtout dans la seconde moitié du second siècle et écrit vers 170 un livre Sur la Pâque. Selon Charteris, ce serait vers 175. Polycrate, évêque d’Ephèse, le dépeint comme agissant en tout sous l’influence du Saint-Esprit, et Tertullien rapporte que la plupart des chrétiens le regardaient comme ayant été un prophète. Il a publié de nombreux écrits, dont une Apologie adressée à Marc-Aurèle. La plupart sont entièrement perdus, entre autres, un Traité sur le dimanche (Περί Κυριακῆς λόγος), à notre connaissance, le premier ouvrage spécial sur ce sujet. « On peut penser, dit Routh, que l’auteur y montrait combien le premier jour hebdomadaire ou, comme alors on l’appelait mystiquement, le 8e, l’emportait en dignité sur le 7e. » L’ouvrage aurait ainsi rappelé plusieurs passages du Dial. avec Tryphon.

Denys, évêque de Corinthe vers 170, était si généralement apprécié qu’on lui demandait parfois d’écrire à d’autres communautés que la sienne, des épîtres exhortatives et instructives. On en connaissait 7 dans l’ancienne Église, et Eusèbe nous en a conservé quelques fragments (Hist. eccl. 4.23.22). Trois d’entre eux faisaient partie d’une lettre adressée à l’Église de Rome. Voici le second, avec les lignes qui lui servent d’introduction : « Dans cette même lettre, Denys fait aussi mention de l’épître adressée aux Corinthiens par Clément, montrant ainsi que depuis le commencement, en vertu d’une ancienne coutume, on lisait cette épître dans l’Église. Denys dit en effet : « Aujourd’hui donc nous avons célébré le saint jour dominical, dans lequel nous avons lu votre lettre, que nous aurons toujours pour être exhortés par sa lecture, comme aussi la première lettre qui nous a été écrite par Clément.) Cette épître de Clément, évêque de Rome, adressée aux chrétiens de Corinthe, est celle qui nous a été conservée et qui est généralement reconnue comme datant de 93 à 97. Depuis cette époque, l’Église de Corinthe n’avait donc pas reçu de lettre semblable de l’Église de Rome. — Il vaut aussi la peine de constater l’épithète de saint que Denys applique ici au dimanche.

Nous avons déjà fait allusion au troisième fragment de son épître aux Romains. C’est là que les écrits du Nouveau Testament sont appelés par Denys « les Écritures dominicales » et sont ainsi nettement différenciés des épîtres ecclésiastiques que les chrétiens pouvaient s’adresser vers la fin du second siècle.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant