Histoire de la Réformation au temps de Calvin

Chapitre 14
Les huguenots demandent l’alliance à Fribourg, les mamelouks la rejettent. Berthelier est absous ; plaintes du duc

(Décembre 1518 et janvier 1519)

1.14

Deux sociétés en présence – Hugues va à Fribourg pour l’alliance – Elle est proposée au peuple – Les modérés et les énergiques – Agitation de Genève – Rixes – Danger de Berthelier – Sa sérénité, son procès – Sentence d’absolution – Vive sensation à Turin – Ambassade ducale à Genève – Flatteries et querelles

La cruelle boucherie de Navis et Blanchet, l’insolente lettre cachetée étaient de ces actes qui ruinent ceux qui les commettent. Si l’évêque n’avait eu que le pouvoir spirituel, il n’eût point été entraîné à de telles mesures ; mais en voulant joindre la domination terrestre à la direction religieuse, il perdait l’une et l’autre : juste punition de ceux qui oublient cette parole de Jésus-Christ : « Mon règne n’est pas de ce monde. » L’évêque avait déchiré lui-même le contrat qui l’unissait aux libres citoyens de l’antique cité. La lutte allait devenir toujours plus vive et aboutir infailliblement à la chute dans Genève de l’épiscopat romain. Ce ne serait pas la Réformation qui renverserait le représentant du pape. Le souffle de la liberté et de la légalité devait déraciner cet arbre stérile, et les réformateurs ne viendraient qu’après, pour cultiver le sol et y répandre des semences de vie. Deux partis, l’un et l’autre étrangers à l’Évangile, se trouvaient maintenant en présence. D’un côté, étaient l’évêque, le vicaire général, le procureur fiscal, les chanoines, les prêtres, les moines, tous les agents de la papauté ; de l’autre, les hommes de la renaissance, les amis de la liberté, les partisans du droit, les représentants du peuple. La bataille était entre la société cléricale et la société séculière. Ces luttes n’étaient pas nouvelles ; mais tandis que dans le moyen âge la société cléricale avait toujours fini par triompher ; à Genève, au contraire, au seizième siècle, la série de ses défaites allait commencer. Il est facile d’expliquer ce phénomène. La société religieuse avait été longtemps la plus avancée et la plus forte ; mais au seizième siècle, la séculière paraissait dans toute la vigueur de la jeunesse, et devait bientôt remporter les victoires de l’âge mûr. C’en était fait de la puissance ecclésiastique ; les armes qu’elle employait à Genève (la lettre et le noyer) dénotaient une déchéance totale de la dignité humaine. Attardée, tombée dans l’enfance, décrépite, elle ne pouvait plus lutter avec le corps laïque. Que le duel eût lieu en champ libre, sans secrètes intelligences, sans supercherie, et l’autorité cléricale déshonorée devait nécessairement succomber. L’évêque, ou s’il est permis d’employer une antique locution, ce pourceau d’Épicure, à la fois immonde et cruel qui, assis sur le trône épiscopal, foulait grossièrement aux pieds les droits les plus saints, préparait, sans le savoir, dans Genève, l’avènement glorieux de la Réformation.

L’assemblée du 5 décembre était à peine dissoute, que les citoyens s’étaient répandus dans la ville. La demande impertinente des princes, le refus du peuple étaient le thème de toutes les conversations ; on ne parlait d’autre chose « dans le public et dans le particulier, dans le sérieux et les festins. » La lettre qui demandait, de la part de Genève, l’alliance avec Fribourg n’était pas cachetée comme celle de l’évêque ; on l’étalait sur la place publique, on la colportait de maison en maison ; un grand nombre de citoyens se hâtaient d’y apposer leurs noms : il y eut trois cents signataires. Il s’agissait de porter cette requête à Fribourg ; Berthelier, qui était encore en jugement, ne pouvait quitter la ville ; il valait mieux, d’ailleurs, un homme nouveau, plus calme peut-être et plus diplomate. On jeta les yeux sur le syndic Besançon Hugues, qui, par son caractère, tenait un certain milieu entre Berthelier, l’homme de l’action, et Lévrier, l’homme de la loi. « Nul ne sera mieux reçu que vous par les confédérés, lui dit-on ; Conrad Hugues, votre père, combattait à Morat dans les rangs de Zurich. — J’irai, répondit-il, mais comme simple citoyen. » On voulut lui adjoindre un collègue, d’une allure plus vive, et l’on choisit De la Mare. Il avait résidé quelque temps dans une terre que sa femme possédait en Savoie ; mais les gentilshommes du voisinage lui faisant « beaucoup de niches » parce qu’il était Genevois, il était rentré à Genève, plein d’ardeur contre la domination savoyarde.

Les deux députés trouvèrent à Fribourg gros accueil et grands honneurs. En vain les pensionnaires de Savoie s’opposaient-ils à leur demande, les trois cents Genevois, signataires de la lettre, reçurent la bourgeoisie, avec offre de rendre l’alliance générale, si la communauté le demandait. Le mardi 21 décembre, les deux députés étaient de retour à Genève, et le jeudi suivant, la proposition de l’alliance fut portée devant le peuple en conseil général. Ce devait être un grand jour ; aussi les deux partis se rendirent au conseil, décidés, chacun de leur côté, à faire un suprême effort. Les partisans de l’absolutisme et ceux des libertés civiques, les citoyens qui s’attachaient à Rome et ceux qui tendaient à s’en affranchir, les temps anciens et les temps nouveaux étaient en présence. Il y eut d’abord, dans les deux sens, des discours éloquents : « Nous ne permettrons que l’on chasse de Genève ni le droit ni la liberté, pour y établir l’arbitraire, disaient les citoyens. Dieu lui-même est le garant de nos franchises. » Bientôt on en vint aux paroles les plus vives ; et enfin, on s’anima tellement que la délibération devint impossible. En vain le député de Fribourg, qui avait accompagné Hugues et De la Mare, voulut-il calmer les esprits, le conseil dut se séparer sans avoir pris de résolution. La Suisse avait offert son alliance, et Genève ne l’avait pas acceptéen.

n – Registres du Conseil des 7, 21, 23 décembre 1518 ; 6 février 1519. — Galiffe, Matériaux pour l’histoire de Genève, II, p. 217.

Les amis de l’indépendance étaient inquiets ; la plupart d’entre eux manquaient de connaissances, de principes raisonnés ; ils y suppléaient par l’instinct de la liberté, la hardiesse, l’enthousiasme ; mais ce sont là des qualités qui quelquefois s’affaissent, s’éclipsent. Aussi plusieurs craignaient-ils alors que les franchises de Genève ne fussent finalement immolées au bon plaisir de l’évêque. Les plus éclairés pensaient, au contraire, que les droits des citoyens demeureraient debout ; que ni les privilèges, ni la ruse, ni la force ne les renverseraient ; mais que la lutte serait longue peut-être, et que si, selon un proverbe vulgaire, Rome ne fut pas bâtie en un jour, ce n’était pas non plus en un jour qu’on pourrait l’abattre. Ces hommes notables, dont la devise était : « Le temps amène tout, » demandaient que l’on prît patience. Ce n’était pas ce que voulait l’ardent Berthelier. Il entendait agir à l’instant même ; et voyant les hommes les plus éclairés hésiter : « Quand les sages ne veulent pas, répétait-il sans cesse, on se sert des fous. » Il eut de nouveau recours aux enfants de Genève, qu’il fréquentait depuis longtemps, dans le but de les gagner à ses patriotiques projets. Il n’était pas seul. Nous voyons paraître ici un autre citoyen, appartenant à l’une des familles les plus influentes de la ville, Baudichon de la Maison-Neuve, homme d’un caractère noble, élevé, hardi, bienvenu de tous, bravant sans ménagement toutes les traditions des vieux temps, quelquefois turbulent, et qui, plus qu’aucun autre peut-être, contribua à frayer dans Genève les voies par lesquelles devait y entrer la Réformation. Ces deux patriotes et quelques autres de leurs amis s’efforçaient de ranimer parmi le peuple le souvenir de ses droits antiques. Dans les banquets où les enfants de Genève se réunissaient, on lançait des dictiers (mots piquants) contre le parti ducal ; on chantait des chansons civiques, helvétiques, une entre autres composée par Berthelier, dont le refrain, peu poétique, mais très patriotique, était :

Vivent sur tous, Messieurs les alliés !…

Chaque jour, ce refrain était accueilli avec un nouvel enthousiasme. Le vent soufflait dans le sens de l’indépendance et le flot populaire ne cessait de s’élever. « La plupart de la ville se joint à notre confrérie, dit Bonivard ; décidément les bourgeois sont les plus forts. » Les fêtes de Noël vinrent favoriser les transports des citoyens. Les plus fougueux des enfants de Genève parcouraient les rues ; le soir, ils allumaient des feux sur les places, ce que l’on appelait ardre des failles, et les jeunes garçons, faisant des flambeaux avec de la paille tortillée, parcouraient la ville en criant : « Vivent les Ligues ! vivent les huguenots ! » Les gens d’épée faisaient le guet par la ville, ils passaient et repassaient devant les maisons des mamelouks et leur criaient des brocards. « On était moult joyeux, dit Bonivard, et l’on en faisait plus qu’il n’était besoin. » Les deux partis se tranchaient toujours plus. Les huguenots portaient une croix sur leur pourpoint et une plume à leur chapeau, comme les Suisses ; les mamelouks avaient une branche de houx sur la tête. « Qui me touche se pique, » disaient-ils fièrement en la montrant du doigt. Les rixes ne faisaient pas défaut. Quand une bande des amis de la Savoie rencontrait une bande des amis de la Suisse, les premiers s’écriaient : Huguenots ! » les autres répondaient : « Nous tenons ce mot à honneur, car ce fut celui que prirent les premiers Suisses quand ils se liguèrent par serment contre la tyrannie de leurs oppresseurs !… Mais vous, mamelouks, vous n’avez jamais été que des esclaves !… — Prenez garde, vos démarches sont séditieuses, disait le vidame. — La nécessité de sortir de l’esclavage les rend légitimes, » répondaient Berthelier, Maison-Neuve et les leurs. Le torrent des montagnes se précipitait en bouillonnant, et l’on se demandait si les digues qu’on lui opposait pourraient arrêter sa furieo.

o – Bonivard, Chroniq., II, p. 330, 331. — Savyon, Annales, p. 79. — Manuscrits de Roset et de Gautier.

Le parti de Savoie résolut de porter un grand coup. Nul n’était plus menacé que Berthelier. Les deux princes eussent peut-être accordé la vie aux autres citoyens, dont la lettre cachetée contenait les noms ; mais quant à Berthelier, il leur fallait sa tête, et promptement. Ou le savait ; on craignait de se compromettre en le saluant, et les hommes timides se détournaient aussitôt qu’ils le voyaient venir ; aussi Bonivard, qui lui demeurait fidèle, s’écriait-il inquiet : Hélas ! il est abandonné de presque toutes gens d’étoffe ! » Mais Berthelier ne s’abandonnait pas lui-même. Il voyait le glaive sur sa tête ; il savait que le coup n’était plus éloigné, et pourtant il était le plus serein, le plus animé des citoyens de Genève ; c’était lui qui « par paroles et par exemple donnait toujours bon cœur aux jeunes gens. » Il demandait simplement que droit lui fût fait : « On m’accuse d’être un brouillon, disait-il, parce que je demande justice ; — un mauvais sujet, parce que je défends la liberté contre les entreprises des usurpateurs ; — un conspirateur contre la vie de l’évêque, parce que l’on conspire contre la mienne. » On remettait toujours la cause à huitaine. Ses amis, touchés de la sérénité de cette âme généreuse, demandaient à grands cris un conseil général. Le peuple s’assembla le 19 janvier : Tout ce que je demande, c’est qu’on me juge, dit Berthelier ; qu’on me punisse si je suis coupable, et si je suis innocent, qu’on le déclare. » Le conseil général enjoignit aux syndics de faire justicep.

p – Bonivard, Chroniq., II, p. 344, — Savyon, Annales, p. 91. — Spon, Hist. de Genève, p. 303.

Ceux-ci n’hésitèrent plus. Ils examinèrent mûrement le procès ; ils citèrent le vidame et le procureur fiscal à trois reprises, pour qu’ils eussent à soutenir leur accusation. Le vidame, sachant que cela était impossible, ne parut pas ; on ne put même le trouver. Navis seul se présenta, mais pour déclarer qu’il ne voulait pas comparaître. Toutes les formalités ayant été remplies, le grand conseil, composé alors de cent dix-sept membres, se réunit le 24 janvier 1519, et rendit une sentence absolutoire. Les syndics, portant en mains le bâton de leur charge et suivis de tous les membres du conseil, vinrent se placer, selon l’antique usage, sur la tribune qui se trouvait devant l’hôtel de ville. Une foule immense de citoyens environnait l’estrade, plusieurs étaient suspendus aux murailles ; tous fixaient leurs regards avec enthousiasme sur l’accusé qui, calme et ferme, se tenait debout devant les juges. Alors le premier syndic, Montyon, mamelouk lui-même, mais fidèle exécuteur des lois, lui dit : « Philibert Berthelier, les inculpations faites contre toi provenant, non d’indices vraisemblables, mais de confessions violentes et contraintes, réprouvées par tout droit divin et humain, nous syndics et juges des causes criminelles de cette cité de Genève, ayant Dieu et les saintes Écritures devant les yeux, — faisant le signe de la croix, — disant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… prononçons : Toi, Philibert, par notre sentence définitive, n’être aucunement maculé ni coupable du dit crime de conspiration envers notre prince et le tien, et déclarons les inculpations alléguées contre toi, présomptives et iniques. Pour quoi d’icelles dois être absous et libéré, comme t’absolvons et te libérons. » Ce jugement prononcé par un magistrat dévoué au duc et à l’évêque était un bel hommage rendu à la justice de la cause que Berthelier défendait. Un sentiment solennel, tel que celui qui accompagne une grande et juste délivrance, animait l’assemblée, et les patriotes joyeux se demandaient si la délivrance de Berthelier n’était pas le gage de la délivrance de Genèveq.

q – Galiffe, Matériaux pour l'histoire de Genève, II, p. 137-139. — Registres du Conseil des 11, 19 et 24 janvier 1519. — Savyon, Annales, p. 82. — Manuscrits de Roset et de Gautier. Arch. de Genève, no 998.

Mais si la joie des huguenots était grande, la consternation des mamelouks l’était plus encore. Ce mystère (c’est ainsi qu’ils appelaient l’absolution d’un innocent) les effrayait. Ils avaient cru leurs affaires dans la meilleure situation, et tout à coup elles leur semblaient désespérées. Cette noble tête qu’ils voulaient faire tomber, s’élevait maintenant calme et joyeuse au milieu d’un peuple enthousiaste. Pour comble de malheur, c’était un des leurs qui avait prononcé cette affreuse sentence absolutoire. Ils écrivirent la nouvelle à leurs amis du Piémont, ajoutant que les affaires n’avaient jamais été dans une situation plus fâcheuse. L’absolution de Berthelier causa une vive sensation à la cour de Turin. C’était un triomphe de la légalité et de la liberté, qui compromettait tous les projets de la Savoie. En saisissant Berthelier, on avait voulu éteindre ce feu d’indépendance et de liberté, que l’on pouvait discerner de loin sur les collines genevoises, et voilà ce feu que l’on avait cru étouffé qui jette au contraire une flamme plus vive et plus élevée… L’archevêque de Turin, qui avait juré de détruire toute indépendance républicaine, représenta à son souverain la grande signification de la sentence qui venait d’être rendue. Ce prince faible, qui ne savait achever ses entreprises, et craignait de dépenser de l’argent plus encore que de perdre ses Etats, était resté jusqu’à cette heure dans une béate confiance. Il se réveilla ; il comprit que l’alliance avec la Suisse le priverait pour toujours de Genève ; il crut que l’absolution de Berthelier était un outrage à son honneur. Il résolut de rompre l’alliance, de casser la sentence, et d’y employer, s’il le fallait, toutes les armes de la Savoie. Toutefois, il commença par les voies diplomatiquesr.

r – Bonivard, Chroniq., II, p. 332. — Mémoire de M. Mignet, p. 24.

Le 30 janvier, ses ambassadeurs, le président de Landes, le sieur de Balayson, Bernard de Saint-Germain, l’énergique et habile de Saleneuve, arrivèrent à Genève, et ayant été introduits au conseil général, ils firent d’abord de grandes protestations d’amitié. Mais changeant bientôt de ton, et voulant épouvanter par des menaces : « Toutefois, dirent-ils, Son Altesse apprend que quelques-uns d’entre vous conspirent contre elle. » A ces mots, il y eut un grand mouvement dans l’assemblée. « Qui sont ces conspirateurs ? nommez-les ! » s’écria-t-on de toutes parts. Le sire de Landes, qui avait lâché ce mot, reprit la parole, se corrigea, assura que le duc s’était réjoui d’apprendre que le peuple avait refusé de donner les mains à ceux qui lui étaient contraires. Mais en vain l’ambassadeur s’était-il amendé, la susceptibilité genevoise était excitée ; le malheureux mot conspirer courait toute la ville. « Pour conspirer contre le duc il faudrait qu’il fût notre prince, disait-on ; or, quoiqu’il en dise, il n’est ici que vidame, c’est-à-dire officier civil et soumis comme tel au conseil souverain. Nous ne ferons aucune réponse aux ambassadeurs de Savoie, tant qu’ils ne nommeront pas les conspirateurs. » Les Savoyards redoublaient d’égards ; ils montraient le plus tendre intérêt pour la bourse des Genevois. Les florins d'or qu’il faudrait donner à Fribourg pour son alliance les effrayaient, disaient-ils. Ils se recouvraient soigneusement d’habits de brebis ; mais ils avaient beau faire, la griffe du loup reparaissait tout à coup çà et là ; et tandis que les chefs s’enveloppaient de diplomatie, de vives disputes s’engageaient entre les Genevois et les gens de l’ambassade : « Tous ceux de Genève sont des traîtres ! » s’écria un domestique du maître des comptes de Chambéry. On tança l’insolent ; mais les ambassadeurs jugèrent plus prudent de quitter la ville. Ils étaient indignés, et de retour à Turin ils dirent au duc : « Vous ne gagnerez rien à plaider avec ces bourgeois ; si vous dites que vous êtes leur prince, ils prétendront que vous êtes leur vassal. — Eh bien, dit le duc, démenons le procès non avec la plume mais avec l’épée. » C’était ce que voulait l’énergique Saleneuves

s – Registres msc. de Genève du 30 et 31 janvier 1519. — Bonivard, Chroniq., II, p. 333. — Savyon, Annales, p. 82.

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