Histoire de la Réformation au temps de Calvin

Chapitre 36
François Ier propose la Réformation à la Sorbonne

(1534)

2.36

François reconnaît ses erreurs en religion – Il promet du secours aux protestants allemands – Rédaction française des articles, communiquée à Rome et à la Sorbonne – Effroi de la Sorbonne – L’esprit gaulois – Débats entre les ministres et la Sorbonne – Les évêques et le pontife romain – Les choses indifférentes – Invocation et fêtes des saints – Les marchands de messes – Rétablissement de la Cène du Seigneur – Communion avec Christ par la foi – La transsubstantiation, les monastères – Une assemblée de théologiens et de laïques – Danger du catholicisme – L’Angleterre et la France – Nouveaux efforts de la Sorbonne – Le protestantisme est-il à craindre pour les rois ? – Inquiétude des amis de Calvin – Dangers de ces rapprochements – Un événement va changer l’état des choses

Le dégoût qu’avait inspiré la comédie des cordeliers d’Orléans, les quolibets dont les moines avaient été couverts au Louvre et dans tout Paris, encourageaient encore plus le roi à poursuivre ses alliances avec le protestantisme. Au reste, il n’avait pas besoin de ce nouveau mobile ; la réforme proposée par Mélanchthon était à ses yeux acceptable, avantageuse, puisqu’elle diminuait la puissance du pape et réformait des abus incompatibles avec les nouvelles lumières, en laissant toutefois subsister la catholicité dont le roi ne voulait point s’exclure. Dans ses conversations secrètes avec Du Bellay, François Ier, mettant de côté toute réserve, reconnaissait franchement que l’Église romaine avait fait fausse voie, et ajoutait d’un ton confidentiel, que « Luther ne se trompait pas autant qu’on voulait bien le dire. » Il ne craignait même pas d’ajouter que c’était plutôt lui qui s’était trompé. Le roi de France semblait ainsi en bon train de réforme, et la France avec lui.

François Ier résolut de faire connaître aux princes protestants son opinion sur le mémoire de Mélanchthon. Mon envoyé de retour à Paris, leur écrivit-il, m’ayant présenté les avis de vos docteurs sur la manière dont il faut procéder, j’ai conçu l’espérance de voir les affaires de la religion entrer enfin dans une bonne voieg. » Du Bellay, de son côté, fort aise de l’impression faite sur son maître par les avis des théologiens évangéliques, fit connaître aux magistrats d’Augsbourg, d’Ulm, de Nuremberg, de Meiningen et d’autres cités impériales, que le roi de France approuvait les doctrines luthériennes et protégerait les protestants. La réformation mélanchthonienne était donc en marche, et déjà on taillait les pierres pour l’édifice nouveau de la catholicité nouvelle. Le gouvernement français ne se contenta pas d’écrire des lettres ; chose étonnante, le souverain, l’absolu monarque ne craignit pas de faire l’aveu de ses erreurs, d’en exprimer ses regrets ; il envoya en Allemagne une véritable palinodie. Celui qui mettait à mort les luthériens n’était pas loin de se déclarer luthérien lui-même. En octobre et en novembre 1534, un député de François Ier parcourait les villes de l’empire germanique et disait partout que « le roi reconnaissait maintenant l’erreur où il avait été quant à la religionh ; que les Allemands qui suivaient Luther pensaient droitement quant à la foi qui est en Christi. » Les bons bourgmestres et conseillers de l’Allemagne étaient fort ébahis en entendant de tels discours, et se regardaient l’un l’autre d’un air incrédule ; mais l’envoyé français les assurait itérativement que le roi de France voulait la Réforme, même dans son propre pays… « L’Empereur, ajoutait-il, veut contraindre les protestants, par la force des armes, à rester dans l’ancienne doctrine ; mais le roi de France ne le permettra pas. Il m’a délégué en Allemagne pour former à cet effet une alliance avec vous. » Telles étaient les étranges nouvelles qui se répandaient au delà du Rhin. L’archevêque de Lunden en ayant eu connaissance, les transmit aussitôt à Charles-Quint.

g – « Dadurch Ich in gute Hoffnung kommen die Sachen sollten auf gute Wege gerichtet werden. » (Cette lettre du roi se trouve traduite en allemand dans le Corp. Ref., II, p. 828 à 835.)

h – « Rex suus cognoscit nunc errorem suum in religione. » (Lanz, Correspondance de l’empereur Charles-Quint, II, p. 144.)

i – « Quod isti Germani Lutherum sequentes de Christo et de fide illius recte sentiant. » (Lanz, Correspondance de l'empereur Charles-Quint, II, p. 144.)

Quand au commencement de son règne François Ier avait aboli la pragmatique sanction, il s’était attribué le droit de nommer les évêques, et avait ainsi subordonné l’Église à l’État. Le moment lui semblait venu de faire un second pas ; il fallait supprimer les superstitions et les abus de la papauté, réprouvés par les amis des lettres, dont il se glorifiait d’être le patron, satisfaire ainsi les protestants et maintenir en Europe par une sage réforme la catholicité de l’Église, que les papes allaient détruire par leur incroyable obstination. Le roi se montrerait ainsi meilleur conservateur du catholicisme européen que le pape lui-même, et s’assurerait la prépondérance européenne que possédait jusqu’alors Charles-Quint.

Il fallait mettre la main à l’œuvre, et commencer par le clergé. Le roi comprit qu’il serait imprudent de lui communiquer simplement les avis des réformateurs, tels qu’ils avaient été lus au Louvre ; il résolut d’en faire faire une nouvelle rédaction, qui contiendrait les idées essentielles. Il paraît qu’une commission nombreuse fut chargée par lui de ce travailj. G. Du Bellay et son frère l’évêque de Paris en étaient sans doute les deux principaux membres. La commission se mit à l’œuvre, corrigea, supprima, ajouta, frappa même un peu plus fort que les réformateurs sur quelques superstitions populaires, et fit ainsi un mémoire qui peut être considéré comme l’exposé de ce que le gouvernement français entendait par la réformation proposéek. Les changements faits par les Français excitèrent beaucoup de mécontentement chez les protestants d’Allemagne, et Mélanchthon lui-même s’en plaignit vivementl.

j – « Fuerunt illi (Melanchthonis articuli) a quamplurimis in Gallia excerpti, sed non integri verum mutilati. » (Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV, p. 124.)

k – Ce mémoire se trouve dans le Corpus Reformatorum, II, p. 765 à 775 ; et tandis que celui de Mélanchthon est intitulé : Consilium Gallis scriptum, celui-ci porte en tête : Idem scriptum a Gallis editum.

l – « Qua de re Melanchthon ipse conqueritur. » (Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV, p. 124.)

Le roi, qui portait partout le courage et l’élan dont il avait donné tant de preuves sur le champ de bataille, sembla d’abord attaquer la papauté avec la même résolution qu’il aurait mise à fondre sur une armée de Charles-Quint. Il faut bien se rappeler que dans son idée la réforme qu’il préparait entraînait la cessation du schisme, que son plan devait rétablir la catholicité déchirée par l’imprudence et l’impudence romaines. Cette remarque, si l’on s’y arrête, justifie la hardiesse de François Ier. Il envoya ce projet à Rome, assure-t-on, en demandant au pape de l’appuyer ou de le corrigerm. On peut comprendre l’effroi du Vatican en lisant ce factum hérétique. Puis Du Bellay, se chargeant de la Sorbonne, obtint une conférence avec des députés de cet illustre corps, dont toute l’énergie fut toujours employée à maintenir l’unité factice qui caractérise la papauté. « Messieurs, leur dit-il, par ordre du roi, j’ai cherché à faire en sorte que les Églises d’Allemagne modérassent les doctrines pour lesquelles elles se sont séparées de l’Église romaine, voulant les ramener ainsi à l’union. Je vous baille donc, par ordonnance dudit seigneur, les présents articles, pour recevoir de vous instruction sur ce que j’aurai à dire aux personnages du pays d’Allemagnen. » Les députés ayant reçu le papier de la main de Du Bellay, le transmirent à la sacrée faculté. Celle-ci délégua pour l’examiner et gens entendus, savants et en telle affaire exercéso, » qui se mirent aussitôt à besogner lesdits articles.

m – « Eosdem articulos Romam misisse dicitur, quo pontificisis ipsius quoque impetraret vel emendationem vel consensum. » (Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV, p. 124.)

n – D’Argentré, De novis erroribus, I, p. 3553. — Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV. Pièces justificatives, XIII.

o – Lettre de la Faculté de théologie à François Ier. (D’Argentré, De novis erroribus, T, p. 3953.)–Gerdesius, Hist. Evang. renov., I. Pièces justificatives, XIII.)

Le secrétaire de la Sorbonne commence donc à lire les articles envoyés par le roi ; les docteurs les écoutent ; bientôt ils se regardent ; ils se demandent s’ils ont bien entendu. La respectable compagnie est bouleversée comme la surface des mers par un vent subit de tempête. Ils connaissent François Ier ; ce prince ne conçoit pas qu’il puisse y avoir dans le royaume un corps assez hardi pour poser quelques limites à son pouvoir ; il entend qu’une parole de sa bouche soit considérée comme un décret de Dieu. Les docteurs se disent donc que si le roi veut cette réforme, rien au monde ne peut l’empêcher de s’établir. Ils voient l’Église désolée, Rome perdue… C’est le commencement de la fin. Leur effroi, leur colère s’accroissent de minute en minute. Il faut que toute la sacrée faculté, que toute l’Église se lève et s’écrie : « Arrêtez-vous, Sire, ou nous périssons ! »

L’autocrate français prenait pourtant ses précautions, et tout en pensant à dépouiller le pape de son pouvoir, il lui faisait une mine agréable, et attribuait à d’autres qu’à lui les coups dont par ses ordres Rome était frappée. Ce sont des articles mélanchthoniensp …, disaient les ministres de François Ier. Qui, mais derrière Mélanchthon était Du Bellay, et derrière Du Bellay se trouvait le roi. Cette tactique employée alors par François Ier est de tous les temps ; et si la foule s’y est quelquefois trompée, les esprits intelligents ont toujours reconnu la pensée du maître tout-puissant, sous la plume du secrétaire docile. L’esprit Gaulois. Le mouvement d’indépendance de François Ier n’a rien d’étonnant ; cet élan est gaulois s’il n’est pas chrétien. Il y a toujours eu en France un esprit de liberté quant à l’Église ; et les rois les plus pieux, saint Louis même, ont su défendre contre le saint-siège les droits de leur peuple. Les libertés gallicanes, quoiqu’elles ne soient plus qu’une machine délabrée, rappellent pourtant quelque chose ; et ce qui est un jour délabré peut bien un autre jour être rétabli. Ce fut donc un esprit vraiment gaulois, ce fut cette corde cachée qui vibre au fond de tous les cœurs généreux, de la Manche à la Méditerranée, dont le son harmonieux se fit entendre en cette importante période du règne de François Ier.

p – D’Argentré, De novis erroribus, I, p. 3553. — Gerdesius, Hist. Evang. renov., I. Pièces justificatives, XIII.

Cependant la sacrée compagnie avait peine à revenir de son effroi. Quoi ! réellement, sans rêve, sans figure, l’hérésie est à la porte de l’Église de France, introduite par le roi… qui lui donne galamment la main !… La Sorbonne terrifiée poussa le cri d’alarme et rassembla toutes ses forces pour empêcher l’hérétique d’entrer. Elle compulsait les volumes des docteurs ; elle opposait les Sommes de saint Thomas aux épîtres de saint Paul ; elle voulait à tout prix défendre fermement devant François la doctrine scolastique. Un brûlot incendiaire était lancé par la main coupable du roi ; ce prince s’imaginait-il voir l’illustre vaisseau, qui depuis longtemps dominait les mers, se hâter de baisser pavillon ? L’équipage était vaillant, décidé à une résistance mortelle, et prêt à se faire sauter en l’air, avec le navire, plutôt que de capituler. La lutte entre le roi et la compagnie allait commencer. Hélas ! Beda n’était plus là pour la soutenir. Il fallait avoir recours à d’autres. « Fut élu notre maître Balue, pour aller en cour, portant les registres et lui fut baillé pour l’associer, maître Jacques Petitq. » La Sorbonne était pauvre en moyens ; c’était dans le camp des Luther, des Calvin, des Mélanchthon que se trouvaient les hommes forts.

q – « Gerdesius, Hist. Evang. renov., I. Pièces justificatives, XIII, p. 75.

Ce qui se dit en cour entre maître Balue, maître Petit et le roi de France, ne nous a pas été conservé ; mais nous avons le mémoire envoyé par le roi à la Sorbonne et la réponse faite par la Sorbonne au roi. Ces documents peuvent nous éclairer sur ce qui se passa dans cette conférence et nous les laisserons parler en mettant le premier sous le nom des ministres du roi. G. Du Bellay, l’évêque de Paris son frère, et d’autres encore, probablement, furent les hommes chargés par le roi de conférer avec maître Balue et maître Jacques Petit. Ce sont ces champions de causes bien différentes qui se réunirent alors, sans doute au Louvre, en présence de François Ier, et que nous allons maintenant entendre.

Les Ministres du roi. — « Pour établir dans l’Église de Dieu une concorde véritable, il nous faut d’abord regarder tous à Christ ; il faut nous assujettir à lui, et chercher sa gloire et non la nôtrer. »

r – « Necessarium ut in Christum omnes spectemus. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 765.)

La Sorbonne. — « Nous avons entendu le bon et saint propos de Sa Majesté, dont tous nous remercions Dieu, le priant de lui donner la grâce d’y persévérers. » (Simple compliment sans doute.)

sFacultatis Theologiæ. Parisiensis Responsum ad regem Franciscum. (D’Argentré, De novis erroribus, I, p. 3953. — Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV. Pièces justificatives, p. 75.)

Les Ministres du roi. — « Rappelons-nous avant tout que les docteurs de la Parole de Dieu ne doivent pas se battre comme des gladiateurs, et défendre toutes leurs opinions mordicust ; il faut plutôt qu’imitant saint Augustin dans ses Rétractations, ils sachent céder quelque chose les uns aux autres — sans porter atteinte à la vérité. »

t – « Nec geramus alterutri gladiatorios animos nostra mordicus defendendi. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 765.)

La Sorbonne.. — « Ouvrez les yeux, Sire, les Germains veulent, contre votre catholique intention, que nous leur cédions, en retranchant des cérémonies et ordonnances que l’église a jusqu’ici observées. Ils veulent nous tirer à eux, plutôt qu’eux se convertir à nousu.… »

uFacultatis Theol. Paris. Responsum ad regem. (Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV. Pièces justificatives, p. 75.)

Les Ministres du roi. — « Vous vous trompez ; d’importantes concessions ont été obtenues. Il faut (les Allemands l’accordent) que des évêques acceptent la première place parmi les ministres des Églises, et qu’un pontife, à Rome, accepte la première place parmi les évêques. Mais aussi il faut que la puissance pontificale ait égard aux consciences, consulte leurs besoins et soit prête à leur accorder quelque relâchev. »

v – « Ut consulat conscientiis, aliquando concedere relaxationem. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 766.)

La Sorbonne. — « Il faut surtout ne pas oublier que la hiérarchie ecclésiastique est instituée de droit divin et doit durer jusqu’à la fin des siècles ; que l’homme ne peut ni l’instituer, ni l’abolir et que tout fidèle doit s’y soumettrew. »

w – « Jure divino institutum, quæ usque ad consummationem sæculi perduratura est. » (Gerdesius, Hist. Evang. repov., IV. Pièces justificatives, p. 78.)

Les Ministres du roi. — « Ayant établi la catholicité de l’Église, voyons les réformes qu’il faut opérer pour la maintenir. Il est d’abord des choses indifférentes, comme les aliments, les fêtes, les vêtements ecclésiastiques et autres cérémonies sur lesquelles on doit s’entendre facilement. Que l’on se garde de contraindre les hommes au jeûne par des commandements que personne n’observe, et qu’observent le moins de tous… ceux qui les fontx ! »

x – « Quæ tamen nemo observat, atque hi minime omnium qui præcipiunt. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 767.)

La Sorbonne. — « Il n’y a que des hommes corrompus par des affections dépravées qui s’y refusenty. »

y – D’Argentré, De novis erroribus, p. 397. — Gerdesius, Hist. Evang. renov., IV. Pièces justificatives, p. 79.

Les Ministres du roi. « Des docteurs de l’Église, se livrant à de pieuses prosopopées, ont introduit dans leurs discours les saints, dont ils faisaient l’éloge, et leur ont demandé leur intercession, comme s’ils eussent été vivants devant euxz ; mais ils voulaient ainsi exciter l’admiration pour ces saints personnages, plutôt qu’obtenir quelque chose de leur intercession… Qu’on exhorte donc le peuple à ne pas transporter aux saints la confiance due à Jésus-Christ. Christ veut qu’on l’invoque et il veut exaucera. »

z – « Pia mortuorum facta prosopopeia… quasi præsentes a præsentibus orasse. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 768.)

a – « Qui et velit invocari et velit exaudire. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 768.)

Ici, l’esprit gaulois se laissait aller à une légère malice qui ne fût pas venue à l’esprit allemand, et les conseillers de François Ier, décidés à frapper fort, s’écrient :

« Oh ! que d’abus, que de désordres engendre ce culte des hommes ! Quels discours, quels chants, quels actes que ceux du peuple, lors des fêtes des saints, près de leurs sépulcres, ou près de leurs images ! Voyez l’empressement avec lequel une multitude oisive court alors à des festins, à des jeux, à des danses, à des rixes… Observez les pratiques de tous ces petits prêtres, ignorants et avares, qui ne songent qu’à mettre un peu d’argent dans leur bourse, et puis… dites-nous si, dans tout cela, nous ne ressemblons pas à des païens et ne renouvelons pas leurs honteuses superstitionsb ?… »

b – « Videbimus nos minime abesse a superstitione Ethnicorum. » (Ibid.)

Aucun trait de cette scène populaire sur les fêtes des saints ne se trouvait dans l’écrit de Mélanchthon ; tout cela vient de François Ier et de ses conseillers.

La Sorbonne. — Gardons-nous d’abandonner nos antiques coutumes. Adressons immédiatement nos prières aux saints, qui sont sous Jésus-Christ nos patrons et nos intercesseurs. Prétendre qu’ils n’ont pas la prérogative de guérir les maladies, n’est-ce pas s’élever contre l’expérience personnelle de Votre Majesté, contre le don qu’elle a reçu de Dieu de guérir des écrouelles ?… Rendons même un culte aux statues et aux images, puisque le septième concile œcuménique a commandé qu’on les adorec. »

c – « Statuas et imagines sanctorum quas adorandas, sept. œcum. Synodus decernit. » (Facultatis Theolog. Paris. Responsum.)

La Sorbonne invoquant, pour soutenir les prérogatives des saints, les pouvoirs miraculeux du roi, employait un argument auquel il était dangereux de répondre. Aussi ne trouvons-nous rien sur ce point dans le discours des adversaires de la Faculté. La discussion, s’éloignant de cet écueil, se porta sur l’acte qui est l’essence du dogme romain, et les prêtres furent de nouveau fustigés par la main royale, plus habile à cette œuvre qu’à guérir les écrouelles.

Les Ministres du roi. — Il faut que l’on voie dans l’Église une vivante communion des membres de Christd. Mais, hélas ! qu’y voit-on ? Une foule de prêtres ignorants et sordides, embarras de la société, fardeau de la terre, espèce paresseuse qui ne sait que dire des messes, et qui, en les disant, ne prononce pas même ces cinq paroles sensées, préférables pourtant, selon saint Paul, à dix mille inintelligibles… Il faut qu’on éloigne ces mercenaires, ces marchands de messes, qui ont fait tomber dans le mépris cette sainte cérémonie, et qu’on leur substitue des hommes pieux, savants, approuvése. Alors peut-être la Cène du Seigneur retrouvera l’honneur qu’elle a perdu. Alors, au lieu d’un vain babil, retentiront des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels. Alors on chantera au Sauveur, et toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu le Père… O fausse confiancef ! ô malheureuse illusion que celle qui porte tant d’âmes à croire qu’en assistant chaque jour à la messe, dût-on même négliger toute piété, on fait ainsi un acte utile à soi-même et aux siens, pour cette vie et pour celle qui est à venir !… »

d – « Viva membrorum Christi communione. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 769.)

e – « Semotis his missarum conducticiis nundinatoribus. » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 769.)

f – « Præpostera ejus operis fiducia quæ plerosque sic seduxit, » (Ibid.)

La Sorbonne soutint le mécanisme extérieur de l’acte sacramentel, auquel ses adversaires voulaient rendre un caractère spirituel et vivant, et défendit sans honte ni timidité les avantages matériels qui en résultent pour les clercs.

« La messe, s’écria-t-elle, est un sacrifice véritable, qui sert beaucoup aux vivants et aux morts, et dont l’excellence repose sur la passion de Jésus-Christ. On a donc raison de faire à ceux qui la célèbrent, — qu’ils soient bons ou mauvais, — des dons temporels, et les prêtres qui les reçoivent, ne doivent point être appelés, — quand même ils sont payés, — marchands de messesg… »

g – « Vocari non debent nundinatores. » (Facultatis Theolog. Paris. Responsum.)

Les ministres du roi abordèrent alors la doctrine si disputée de la présence de Christ dans la Cène.

« Laissons de côté, dirent-ils, toutes les altercations qui nous ont si longtemps divisésh. Confessons tous que, dans l’eucharistie, le Seigneur donne vraiment aux croyants son corps et son sang, à manger et à boire, pour nourrir les âmes en vie éternelle ; qu’ainsi Christ demeure en nous et nous en Christ. Qu’on appelle d’ailleurs ce sacrement Cène du Seigneur, pain et vin du Seigneur ; messe, eucharistie, agape, sacrifice ; peu importe. Le chrétien ne doit pas disputer sur les noms, pourvu qu’il possède la chose et, comme le dit un proverbe, quand on a l’ours, on n’en cherche pas les tracesi. La communion avec Christ s’obtient par la foi, et ne se démontre pas par des argumentations humaines. En traitant de la théologie, ne tombons pas dans la matéologiej. »

h – « Sublatis quæ inter nos diu viguerunt altercationibus. » (Scriptum a Gallis eelitum. Corp. Ref., II, p. 770.)

i – Præsente urso, quod dicitur, vestigia non quæramus. » (Ibid.)

j – « Theologiam sic tractemus ut non incidamus in matæologiam ». (Ibid.)

La Sorbonne ne pouvait laisser passer ce coup donné, comme en passant, au style scolastique.

« Il est fort utile, dit-elle, il est même souvent nécessaire pour l’extirpation des hérésies, de se servir de paroles qui ne se trouvent pas dans les Écritures, telles que transsubstantiation, etc.k Oui, le pain et le vin changent vraiment leur substance, n’en gardent plus que les accidents, et deviennent le corps et le sang de Christ. Il n’est pas vrai que la panéité ou corporéité du pain s’unisse avec la corporéité de Christ. La transsubstantiation s’opère in instanti et non successive, et il est certain que ni les laïques, ni les femmes, ne peuvent accomplir cet acte miraculeux, mais les prêtres seuls. »

k – « Utile et necessarium certa verborum forma uti, in sacra scriptura non expressa. » (Facultatis Theol. Pans. Responsum, p. 82.)

La controverse se porta ensuite sur la confession, sur la justification, la foi, les œuvres, le libre arbitre, puis on en vint à des questions pratiques.

Les Ministres du roi. — « Les gens de bien ne demandent pas qu’on détruise les monastères, mais qu’on y établisse des écolesl, et que la libéralité de nos frères serve ainsi à entretenir non des êtres paresseux, mais des hommes qui instruisent la jeunesse dans les bonnes lettres et les bonnes mœurs… »

l – « Non pelunt boni ut monasteria deleantur, sed ut sint scolæ… » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 773.)

La Sorbonne. — « Quoi ! le pape permettrait aux religieux de sortir de leurs monastères, toutes les fois qu’ils le voudraient. Ceci certes nous démontre que les Germains ne cherchent que l’éversion, le renversement de toute religionm. »

Les Ministres du Roi. — « Et qui empêche que l’on rétablisse le mariage des ministres de l’Église ? L’évêque Paphnucius ne professa-t-il pas au concile de Nicée, que ceux qui l’excluent convient à la dissolution ? Dans cette grande tourbe de prêtres et de moines, il est impossible que la pureté de la vie soit rétablie autrement que par la divine institution qui date du paradis terrestren. »

mFacultatis Theol. Paris. Responsum. (Gerdesius, Hist. Evang. renov., p. 76.)

n – « In tanta sacerdotium et monachorum turba restitui aliter vitæ puritas non poterit » (Scriptum a Gallis editum. Corp. Ref., II, p. 774)

La Sorbonne. — « Article tout autant périlleux que la sécularisation des moines. »

Les Ministres du Roi. — « En ce siècle où tout fermente, où tant de sectes lèvent en tant de lieux la têteo, l’intérêt de l’Église chrétienne demande qu’il y ait une assemblée composée non seulement de prêtres et de théologiens, mais aussi de laïques, de magistrats probes, sensés, courageux, qui aient à cœur la gloire du Seigneur, la moralité publique et l’utilité commune… Ah ! il sera facile de nous entendre, si nous ne songeons qu’à la gloire de Christ, plutôt qu’à la nôtrep ! »

o – « Hoc fermentato sæculo. » (Ibid.)

p – « Per facile autem coalescere possumus. » (Ibid., p. 775.)

Les docteurs de la Sorbonne ne se souciaient nullement d’assemblées où ils se trouveraient avec des laïques, des profanes. Aussi s’écriaient-ils :

« Prenez garde…, il est à craindre que, sous ombre de se réunir à nous, les hérétiques ne machinent de séduire le peuple… N’a-t-on pas vu des assemblées, convoquées en Allemagne sous prétexte de concorde, ne produire que divisions, discordes, et perdition infinie des âmesq ? »

qFacultatis Theol. Paris. Responsum, p. 77.

Mais la Sorbonne avait beau avertir le roi, François Ier, abondait alors (par politique sans doute) dans l’opposition aux doctrines soutenues par les prêtres. Il désirait se débarrasser à l’intérieur de cette suprématie papale qui prétendait diriger de haut dans son royaume la politique et la religion. Et quant à l’extérieur, il comprenait qu’une ligue avec l’Allemagne et l’Angleterre pourrait seule détruire l’écrasante prépondérance de Charles-Quint. Aussi les assemblées de la Sorbonne étaient toujours plus agitées ; les docteurs se rapportaient les uns aux autres tous les bruits alarmants qu’ils avaient entendus ; il y avait des soupirs, il y avait des colères ; jamais, pensait-on, danger si grand n’a menacé en France le catholicisme romain. Ce ne sont plus seulement quelques sectes obscures ; ce n’est plus un Brueys, un Henri de Lausanne, un Valdo, des Albigeois, des Vaudois qui attaquent l’Église ; non, de puissants États, l’Allemagne, l’Angleterre, se séparent de la papauté, et le monarque absolu de la France se charge d’introduire dans son royaume des principes perturbateurs. L’Église, comme jadis son chef, est abandonnée, même de ses amis. Les grands qui plus tard devaient se liguer autour des Guises, gardaient alors le silence ; le rude, le puissant Montmorency lui-même semblait muet ; aussi l’agitation et l’effroi redoublaient-ils dans l’assemblée. Des ultramontains fanatiques voulaient demander au roi de réprimer l’hérésie par la force, de maintenir les dogmes romains par les flammes et par le fer. Quelques catholiques plus modérés, voyant avec douleur la catholicité qui leur était si chère, déchirée par le schisme, cherchaient des moyens plus rationnels de rétablir l’unité abolie par la Réformation. Tous comprenaient que l’ennemi était à la porte, et qu’il fallait se hâter de la fermer.

Hélas ! ce n’était plus seulement aux hérétiques qu’ils avaient à faire. Tous les esprits en Europe et surtout en France, étaient frappés de l’exemple que venait de donner le roi d’Angleterre, et les membres du parti romain croyaient que François commençait la même chose dans son royaume. Il y avait bien une différence entre les systèmes de ces deux princes. Henri voulait le dogme romain et non l’évêque de Rome ; François acceptait l’évêque de Rome, mais rejetait le dogme romain. Toutefois, les deux réformes, étant l’une et l’autre, un grand coup porté au système du moyen âge, on les regardait comme identiques. Le succès que le plan de Henri avait eu en Angleterre garantissait celui que le plan de François aurait en France. Les deux monarques qui régnaient des deux côtés de la Manche étaient aussi absolus l’un que l’autre.

Les docteurs romains voyant que leur controverse n’avait pas réussi, résolurent de s’y prendre d’une manière plus habile, et sans avoir l’air de repousser toute union avec l’Allemagne d’opposer aux hérétiques une fin de non-recevoir. « Sire, dirent-ils à François Ier, vos très humbles créatures et très obéissants sujets de la Faculté de théologie vous prient de demander aux Germains s’ils confessent que l’Église militante, qui a pour chef, sous Jésus-Christ, saint Pierre et ses successeurs, soit infaillible en la foi et bonnes mœurs ? s’ils entendent lui obéir comme ses sujets ? s’ils veulent admettre tous les livres contenus en la Bibler, ainsi que les décisions des conciles, des papes et des docteurss ? » Obéissance aux papes et à la tradition, sans discuter les dogmes, tel était le sommaire de leur controverse. Cela ne réussit pas.

r – Aussi les apocryphes.

sFacultatis Theolog. Paris. Responsum. Gerdesius, Hist. Evang renov., IV. Pièces justificatives, p. 77.

Les docteurs de la Faculté, voyant bien que le roi leur faisait défaut, se rendirent vers le nonce du pape. Ils le trouvèrent tout tremblant lui-même. Ils se mirent à rechercher péniblement ensemble le moyen de retenir la France dans la communion avec le saint-siège. François Ier se montrant sourd aux arguments théologiques, la Sorbonne et le nonce tombèrent d’accord qu’il fallait en employer un autre. Le prélat se rendit donc au Louvre, y portant avec lui un épouvantail que la Sorbonne lui avait insinué. « Sire, dit-il, ne vous y trompez pas, les protestants porteront atteinte à l’ordre civil, comme à l’ordre religieux. — Le trône est en danger tout autant que l’autel. — L’introduction d’une religion nouvelle doit introduire nécessairement un gouvernement nouveaut. »

t – Du Bellay, Mémoires, édition Petitot. Ihtrod., p. 123. — Schmidt, Hist. Theol., p. 36 (1850).

C’était bien là en effet la meilleure façon de traiter l’affaire ; le nonce avait trouvé le joint : aussi le roi fut-il un moment ébranlé ; mais la conduite du pape le raffermit. Rome se mit alors à procéder contre Henri VIII, comme elle l’avait fait jadis contre les rois du moyen âge. Cette conduite outrageante pour la dignité royale rejeta François Ier du côté de la Réformation. S’il y a danger pour le pouvoir royal, pensa-t-il, c’est des deux parts qu’il se trouve. François Ier crut même que le péril était plus grand du côté de Rome que du côté de l’Allemagne, puisque les protestants de ces contrées montraient à leur prince la soumission la plus loyale, le respect le plus religieux et le plus profond. Il se dit que tandis que le pape voulait que le roi d’Angleterre fût privé de tous ses États, et que ses sujets cessassent de lui obéir, la réformation que ce prince avait accomplie n’avait porté aucune atteinte à ses droits ; que l’on parlait en effet d’insurrections contre Henri VIII, mais que c’était de Rome et par des agents romains qu’elles étaient suscitées. Des hommes éclairés insinuaient à François Ier que tandis que la papauté imposait aux peuples l’esclavage, et aux rois les émeutes et les révoltes, la Réformation procurait aux rois l’ordre, l’obéissance, et aux peuples la liberté. Il semble avoir été convaincu, pour le moment du moins. L’Angleterre et moi, dit-il, nous avons coutume de tenir ensemble, de traiter nos affaires d’un commun accord, et nous y persisteronsu. »

u – « England und Ich pflegen zusammen zu halten und sæmmtlich unsere Sachen vornehmen. » (Rex Galliæ ad principes protest. Corp. Ref., II, p. 830.)

Ce nouveau mouvement de François Ier donna du courage aux évangéliques. Ils espérèrent qu’il irait jusqu’au bout, et ne laisserait pas au pape la petite place même qu’il entendait lui réserver. Si un prince tel que Louis IX avait au treizième siècle maintenu les droits de l’Église gallicane ; si un roi tel que Charles VII avait au quinzième rétabli les libertés ecclésiastiques, ne verrait-on pas au seizième, dans ce renouvellement universel, un monarque tel que François Ier, émanciper la France du joug romain ? Il venait, avec de grands sacrifices, de faire beaucoup pour le Wurtemberg, et il ne ferait rien pour son royaume ! Les amis de la Réformation s’excitaient l’un l’autre à concevoir les plus belles espérances. Oh ! que la position est bonne, » disaient-ilsv. Ils ne se rencontraient plus à l’Université, à la campagne, dans les rues même, sans se féliciterw. Selon eux, les choses vieilles étaient passées.

v – « Quam pulchre staremus. » (Sturm à Melanchthon. Msc.)

wIbid.

Mais il y avait d’autres évangéliques, des hommes plus décidés, plus scripturaires, qui regardaient d’un œil défiant ces pourparlers mystérieux entre François Ier et les protestants de l’Allemagne. Ces beaux discours de Du Bellay, cette étonnante conférence de Bar-le-Duc, tout cela était à leurs yeux de la politique, de la diplomatie, mais nullement de la foi. Ils s’inquiétaient, ils s’alarmaient, et réunis pour prier dans d’obscurs conventicules, ces humbles chrétiens se disaient l’un à l’autre avec effroi : « Satan jette ses filets pour attraper ceux qui ne se tiennent point sur leurs gardes. Examinons les couleurs qui le déguisent. » Étonnés, et même dans la détresse, ils demandaient s’il n’était pas étrange de prétendre, comme Mélanchthon, « qu’aucun homme de bien ne saurait protester contre la monarchie de l’évêque romainx, et que moyennant certaines réformes, il faut se hâter de la reconnaître !… » Non, l’épiscopat romain ne se réformera pas, pensaient-ils. Remaniez-le tant bien que mal, et toujours de nouveau il manifestera son esprit dominateur, reprendra ses anciennes allures, et les fera prévaloir, même par le feu. Il faut prendre garde… C’est d’un oui et d’un non qu’il s’agit entre Rome et la Réformation. Le pape ou Jésus-Christ ! Ne pouvant vaincre l’Église nouvelle en champ clos, on prétend l’étouffer en l’embrassant. Dalila veut endormir sur ses genoux le prophète, que les hommes forts n’ont pu dompter avec des courroies et avec des cordes. Sous prétexte de garantir la Réforme des mauvaises influences, on veut la mettre, comme la plante des champs, dans quelque endroit sans lumière et sans air, où, décolorée, étiolée et sans vie… elle périra. Grâce à la protection de la reine de Navarre, le noble et fier coursier, qui aimait à bondir dans les prairies, va être conduit dans les écuries du roi ; et on l’y couvrira d’un magnifique harnais mais sa bouche sera déformée par le mors, ses flancs entamés par l’éperon, et les tresses même de ses crins attesteront son déshonneur.

x – « Neque bonus ullus erit, qui reclamet in pontificis monarchiam. » (Corp. Ref., II, p. 762)

Cet avenir n’était pas réservé à la Réforme. Tandis que la douce et prudente voix de Mélanchthon et de Bucer l’endormait, innocemment sans doute, une autre voix plus libre, plus hardie, celle des Farel et des Calvin, s’apprêtait à la réveiller. Tandis que les papiers des théologiens conciliateurs étaient étalés sur le tapis de velours de la table royale, un autre papier, dont les lignes de feu semblaient écrites par la foudre, allait être affiché dans tout le royaume, attaché même à la porte de la chambre du roi par une main trop hardie, et causer à ce prince l’une des plus terribles colères dont l’histoire ait gardé le souvenir. Un grand coup de tonnerre se ferait entendre, et à la pesante atmosphère qui étouffait les esprits, succéderait un air vivifiant et pur. Il y aurait de furieuses tempêtes ; mais les chrétiens de la Réformation scripturaire, pratique, radicale, se disaient qu’il valait mieux vivre au milieu des ouragans qui réveillent, que des vapeurs méphitiques, qui plongent les hommes dans le sommeil de la mort.

Nous raconterons plus tard l’événement qui eut une influence si notable sur les destinées de la Réformation en France. Ce furent des Français qui le provoquèrent ; ce fut un Français qui en fut le principal auteur ; mais c’est de la Suisse, nous le verrons, que ce coup redoutable devait partir, et c’est là qu’il nous faut maintenant retourner.

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