Histoire de la Réformation au temps de Calvin

Avant-propos du tome VI

L’auteur de l’Histoire de la déformation au seizième siècle est mort à Genève le 21 octobre 1872, alors qu’il ne lui restait plus à écrire que quelques chapitres pour avoir achevé son grand ouvrage. Sentant, comme il aimait à le dire, que le temps était court pour lui désormais (il allait avoir quatre-vingts ans), aiguillonné par la perspective si proche du but vers lequel il n’avait cessé de tendre pendant cinquante ans, il travaillait avec une ardeur redoublée. « Je compte les minutes, » disait-il, et il ne s’accordait aucun repos. Malheureusement, les dernières minutes lui ont été refusées, et l’ouvrage n’a pas été terminé. Mais il y manque peu de chose, et les manuscrits dont nous continuons la publication mèneront le récit tout près de son terme.

Dix volumes ont paru. L’auteur pensait renfermer le reste de son histoire en deux volumes nouveaux. Il en avait lui-même tracé le programme sur une feuille ainsi conçue :

Dieu Aidant,
Ordre des matières, sauf diminution ou augmentation selon l’étendue du sujet.
XIe Volume, jusqu’à la mort de Luther.

XIIe Volume jusqu’à la mort de Calvin.

Les nombreux manuscrits laissés par M. Merle d’Aubigné comprennent tous les articles portés dans son programme comme devant composer le XIe volume (VIe de la seconde série) et trois des articles destinés au XIIe (les deux premiers et le cinquième).

Sans aucun doute, l’ouvrage présentera de graves lacunes. Cependant la grande période, la période des origines, aura été racontée à peu près entière. Il est pourtant un chapitre dont on ne peut assez regretter qu’il n’ait pas été écrit. C’est le dernier, relatif à l’œuvre et à l’influence de Calvin dans la chrétienté. L’homme qui pendant cinquante ans avait vécu dans l’intimité de Calvin, avait fait de ses écrits, de ses œuvres, de sa personne l’objet d’une constante étude, et s’était imprégné de son esprit plus que personne peut-être, en notre siècle, l’homme qui le premier avait tenu entre ses mains, lu sans relâche, analysé presque toutes les innombrables pièces sorties de la plume du Réformateur, eût pu nous retracer avec une autorité sans égale la grande figure de son héros et raconter l’action immense qu’il exerça au seizième siècle, au loin aussi bien qu’autour de lui. L’absence de cette conclusion que l’auteur avait conçue, qu’il méditait depuis longtemps, mais qu’il retardait toujours d’écrire, demeure une perte irréparable.

Les éditeurs se sont bornés à vérifier les nombreuses citations éparses dans le texte, à contrôler l’exactitude des renvois indiqués dans les notes, et à retrancher ici et là quelques développements que l’auteur eût assurément fait disparaître s’il avait édité lui-même son œuvre. Les matières portées pour former le XIe volume, devant en former deux et même déborder dans un troisième, il a fallu changer l’ordre indiqué.

La division du récit en chapitres et les titres de ces chapitres sont, pour le plus grand nombre, l’œuvre des éditeurs.

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