Histoire de la Réformation du seizième siècle

16.8

Changement imprévu – Lavater et Zwingle – Avantage des Zurichois – Toute l’armée s’avance – Terrible mêlée – La grande bannière – Mort du banneret Kammli et de Naeff – La bannière en danger – La bannière sauvée – Massacre – Gérold de Knonau – Mort des ministres – Zwingle blessé – Dernières paroles de Zwingle – L’armée fait halte – Fanatisme des vainqueurs – La fournaise de l’épreuve – Mort de Zwingle – Compassion – Le bivac – Le cadavre de Zwingle – Hommage et outrage

Dans ce moment les Zurichois faisaient une manœuvre qui, destinée à les sauver, les perdit. « Un grand danger nous menace, avait dit l’un d’eux. L’ennemi, occupant maintenant la hauteur entre Ebertschwyl et Cappel, peut passer dans le bois du Kalchoffen, du côté de l’Albis, traverser les prairies d’Im-Loch, se jeter sur nos derrières, s’emparer de Husen, et, nous coupant la route de Zurich, arrêter les renforts qui a doivent nous arriver de la ville. A six cents pas d’ici, s’élève près de la route un mamelon, le Munchbul, qui a l’Im-Loch à ses pieds, et qui commande tout le revers du bois de hêtres. Plaçons-y en hâte des canons et des arquebusiers pour arrêter les Waldstettes, et faisons dire à ceux qui viennent de Zurich de s’y rallier. »

Ce conseil était sage ; mais une faute que l’on commit en le suivant devait hâter la perte des Réformés. On aurait dû laisser à leur poste les artilleurs et les arquebusiers qui faisaient face au bois du côté de l’ennemi, afin qu’ils pussent faire feu en cas d’attaque. C’était sur les derrières de l’armée qu’il fallait prendre le détachement chargé d’occuper le mamelon ; malheureusement on prit le corps placé en avant, et l’on dégarnit ainsi cette position importante. La troupe se mit en marche pour le Munchbul, en se rapprochant un peu du bois.

Au moment même où les arquebusiers de Jauch, cachés sous les hêtres, cherchaient leur point de mire, ce détachement passait à portée des arbres et des Waldstettes, qui s’y tenaient en embuscade. Le plus complet silence règne dans cette solitude ; rien n’y fait prévoir le moindre péril, alors même que chacun choisit l’homme qu’il veut abattre. Jauch, saisissant l’occasion favorable, s’écrie : « Au nom de la sainte Trinité, de Dieu le Père, le Fils, le Saint-Esprit, de la sainte mère de Dieu et de toute l’armée céleste… feu ! » A l’instant la balle mortelle part de tous ces arbres, et cette foudroyante décharge porte la mort dans les rangs zurichois. La bataille, qui avait commencé à une heure, et avait eu diverses phases, sans pouvoir se décider, subit alors un changement imprévu. L’épée ne doit plus être remise dans le fourreau qu’après s’être baignée dans des torrents de sang. Ceux d’entre les Zurichois que ce premier coup n’avait pas atteints se couchent d’abord à plat ventre, de manière à ce que les balles passent au-dessus de leurs têtes ; mais bientôt ils se relèvent en disant : « Voulons-nous nous laisser égorger ? Non, attaquons plutôt l’ennemi ! »

Lavater comprend que le moment fatal est arrivé. Il saisit une lance, et, se jetant au premier rang : « Soldats, s’écrie-t-il, soutenez l’honneur de Dieu et de messeigneurs, et comportez-vous en braves ! » Zwingle, une hallebarde à la main, silencieux et recueilli comme la nature au moment où la tempête va éclater, était aussi là. « Maître Ulrich, lui dit Bernard Spungli, parlez au peuple et l’encouragez. — Braves, s’écria Zwingle, ne craignez rien ; si même nous devons être maintenant frappés, notre cause n’en est pas moins bonne. Recommandez-vous à Dieu, qui seul peut prendre soin de nous et des nôtres. Dieu soit avec vous ! » Zwingle ne doutait plus de la funeste issue de cette bataille ; c’était la dernière parole qu’il devait adresser à son peuple.

Les Zurichois ne perdent pas courage. Ils tournent en hâte l’artillerie qu’ils conduisent, et la dirigent du côté du bois ; mais, dans le désordre où ils se trouvaient, ils pointent mal, et leurs boulets, au lieu de frapper l’ennemi, atteignent le haut des arbres, et font seulement tomber quelques branches sur les tirailleurs de Jauchn.

n – Denn das die æst auf sie fielent. (Tschoudi, p. 182.)

Le landamman de Schwitz, Rychmuth, arrivait en hâte pour sommer les volontaires de retourner au camp. Mais voyant la bataille engagée, Rychmuth se joint aux assaillants, et ordonne à toute l’armée d’avancer. Aussitôt les cinq bannières s’ébranlent.

Mais déjà les tirailleurs de Jauch, sortant du milieu des arbres où ils se tenaient cachés, s’étaient jetés avec impétuosité sur les Zurichois, en leur présentant les fers longs, larges et pointus de leurs hallebardes. « Hérétiques ! sacrilèges ! s’écrient-ils, enfin nous vous trouvons ! — Vendeurs d’hommes, idolâtres, papistes, impies, répondaient les Zurichois, vous voilà donc enfin ! » Une grêle de pierres tomba d’abord des deux côtés, et en blessa plusieurs ; puis aussitôt après on en vint aux mains. La résistance des Zurichois fut opiniâtreo. Chacun frappait de l’épée et de la hallebarde ; enfin les hommes des cinq cantons sont enfoncés et reculent ; les Zurichois avancent ; mais, en le faisant, ils perdent l’avantage de leur position, et s’engagent dans un marais. Quelques historiens catholiques-romains prétendent même que cette fuite des leurs ne fut qu’une ruse pour attirer les Zurichois dans le piègep. A deux reprises les Zurichois repoussèrent les Waldstettes, en sorte que plusieurs crurent que la victoire leur demeurait.

o – Der angriff war hart und wahrt der Wiederstand ein gute Wyl. (Ibid. 192.)

p – Catholici autem, positis insidiis, retrocesserunt, fugam simulantes. (Cochlœus, Acta Luth. P. 214.)

Cette indécision ne devait pas durer. L’armée des cinq cantons, dont le bruit des canons zurichois hâtait la marche, accourait à travers le bois au secours de son avant-garde. Ces guerriers pleins de courage et de colère précipitaient leurs pas, et l’on entendait retentir du milieu des hêtres un bruit sauvage plein de confusion et de désordre, un retentissement affreux. Le sol tremblait, et l’on eût dit que la forêt poussait un horrible mugissement, ou que les sorciers y tenaient un sabbat nocturneq.

q – Der Boden erzittert ; und nit anders war, denn als ob der Wald lut bruelete. (Tschoudi, p. 123.)

Alors commença une terrible mêlée. Les combattants étaient tellement serrés, que quelques Zurichois disaient à ceux des leurs qui venaient derrière eux : « Ne nous pressez donc pas si fort, que nous puissions au moins nous mouvoirr » D’autres, ne pouvant plus se servir de leurs arquebuses, criaient : Les armes blanches, les armes blanchess ! » Mais tout était inutile. Jamais il n’y eut à la fois dans une armée tant de valeur et tant de désordre.

r – Truckend nitt so häfftig das wir uns geroden könnind. (Bullinger, III, p. 128.)

s – Kurzen gweren. (Ibid.)

En vain les plus courageux des Zurichois font-ils une intrépide résistance, les Waldstettes ont partout l’avantage. Les plus avancés des Réformés tombent sous leurs coups, et l’alarme se répand rapidement dans le reste de la petite armée. Sur les derrières, près du pont jeté sur le ruisseau du Muhle, se montre bientôt une horrible confusion. Quelques-uns des hommes qui allaient s’emparer du Munchbul, effrayés de la décharge de l’ennemi, avaient pris la fuite du côté de Husen, tandis que les Zurichois postés près du ruisseau, voyant qu’on en venait aux mains, s’étaient précipités vers l’ennemi. Ces deux courants opposés se rencontrant derrière le champ de bataille, il en résulta un choc affreux et un immense désordre. Les soldats qui fuyaient et ceux qui s’avançaient se heurtaient les uns les autres ; ils chancellent et tombent. Les Waldstettes, à cette vue, s’écrient avec enthousiasme : « Courage, vaillants confédérés ! les hérétiques prennent la fuite ! » Ces paroles parviennent jusqu’aux rangs les plus reculés de l’armée, et tous répètent : « Les hérétiques prennent la fuite ! » Les Zurichois, qui s’étaient portés en avant, étaient, au contraire, alors aux prises avec l’ennemi, et, ne sachant ce qui se passait derrière eux, ils répondent, en frappant de l’épée : « Vous mentez, scélérats ! »

En ce moment un nouveau danger vint fondre sur la petite troupe zurichoise. Un détachement des cinq cantons l’attaqua du côté du couvent, en passant près de la laiterie. Alors la déroute des Zurichois fut complète. « On nous enveloppe ! disent les uns ; les nôtres s’enfuient ! » s’écrient les autres. Un catholique du canton de Zug, mêlé aux Protestants, faisait semblant d’être des leurs, et augmentait le désordre en criant : « Fuyez, fuyez, braves Zurichois ! vous êtes trahis ! » Ainsi tout s’élève contre Zurich. La main même de Celui qui dispose des batailles se tourne contre ce peuple et le châtie, comme jadis il châtia Israël par la main des Assyriens. L’heure de son humiliation est arrivée. Une terreur panique s’empare des plus braves ; ils ont ouï un bruit d effroi, et l'épouvante de l'Éternel est sur eux.

Le vieux Schweizer avait élevé d’une main ferme la grande bannière, et toute l’élite de Zurich s’était rangée autour d’elle ; mais bientôt les rangs s’étaient éclaircis. Jean Kammli, commis à la garde de l’étendard, ayant vu le petit nombre de combattants qui se trouvaient sur le champ de bataille, dit au banneret : « Abaissons la bannière, monseigneur, et sauvons-la, car nos gens fuient honteusement. – O Braves, demeurez fermes ! » répondit le vieux banneret, qu’aucun danger n’avait jamais ébranlé. Le désordre augmentait, le nombre des fuyards s’accroissait à chaque instant ; le vieillard restait étonné, immobile comme un chêne antique battu par un affreux orage. Il recevait sans broncher les coups qui l’atteignaient, tenant courageusement son étendard et faisant seul face à ce terrible assaut. Kammli le saisit par le bras : « Monseigneur, dit-il encore baissez la bannière, ou nous allons la perdre ; il n’y a plus ici de gloire à recueillir ! » Le vieux banneret, déjà blessé à mort, s’écrie : « Hélas ! faut-il que la ville de Zurich soit ainsi frappée ! » Puis, entraîné par Kammli qui marche devant lui, il baisse la bannière, recule avec la foule, et arrive jusqu’au ruisseau. La pesanteur de l’âge et les blessures dont il était couvert ne lui permirent pas de le franchir. Schweizer tomba dans le Muhle, tenant toujours en main son étendard glorieux, dont les plis vinrent s’abattre sur l’autre bord.

Les ennemis accouraient à grands cris, attirés par les couleurs de Zurich, comme des taureaux par le drapeau des gladiateurs. Kammli, à cette vue, se jette sans hésiter au fond du fossé, et saisit la main roide et mourante de son chef, afin de sauver le signe précieux qu’elle serrait fortement ; mais c’est en vain : la main du vieux Schweizer ne veut pas lâcher l’étendard. « Seigneur banneret, lui crie le fidèle serviteur, il n’est plus en votre pouvoir de le défendre. » La main du banneret, déjà roide, s’y refuse encore. Alors Kammli arrache violemment l’étendard sacré, s’élance d’un saut sur l’autre bord, et se précipite avec son trésor loin des pas de l’ennemi, dans le marais de Hagen. Les derniers Zurichois arrivent en ce moment vers le torrent, tombent l’un après l’autre sur le vieillard expirant, et hâtent ainsi sa mort.

Cependant Kammli ayant reçu un coup de feu, sa marche en fut retardée ; et bientôt les Waldstettes l’entourèrent de leurs piques et de leurs glaives. Le Zurichois, tenant d’une main la bannière et de l’autre son épée, se défend courageusement. L’un des Waldstettes s’attaque au bois de l’étendard ; un autre saisit la bannière même, et la déchire. Kammli d’un coup d’épée renverse le premier, et, frappant tout autour de lui, il s’écrie : « Au secours, braves Zurichois ! venez sauver l’honneur et la bannière de messeigneurs ! » Les assaillants augmentent en nombre, et le brave allait succomber, quand Adam Naeff de Nollenwyd s’élance l’épée à la main, et fait rouler sur le champ de bataille la tête du Waldstette qui avait déchiré le drapeau, et dont le sang rejaillit sur les couleurs de Zurich. Le Conseil, pour témoigner sa reconnaissance, donna à Naeff le terrain des Granges ; ses descendants y habitent encore : ils sont comme les gardiens du champ de bataillet. Dumysen, membre du Petit-Conseil, le soutient de sa hallebarde, et tous deux portent à droite et à gauche de tels coups, qu’ils font tomber les assaillants, et parviennent à dégager l’enseigne. Celui-ci, quoique dangereusement blessé, s’élance tenant d’une main les plis ensanglantés de la bannière, qu’il emporte précipitamment, et dont la lance traîne après lui. L’air farouche, le regard enflammé, l’épée à la main, il passe ainsi au milieu de ses amis et de ses ennemis ; il traverse plaines, bois et marécages, laissant partout des traces de son sang qui s’échappe de nombreuses blessures, et remplissant d’étonnement ceux qui le rencontrent.

t – Le hameau des Granges s’appelle « les maisons des Næfff. » Dans l’une d’elles on m’a montré le glaive d’Adam Næff, qu’on y conserve religieusement.

Deux des Waldstettes, l’un de Schwitz, l’autre de Zug, étaient surtout acharnés à sa poursuite. « Hérétique ! scélérat ! lui crièrent-ils, rends-toi et remets-nous ta bannière. — Avant que de l’avoir, vous aurez ma vie, » répondit le Zurichois. Alors les deux soldats ennemis, que la cuirasse embarrassait, s’arrêtèrent un moment pour la défaire. Kammli en profita pour prendre de l’avance. Le colonel général Dumysen, qui s’était battu comme un soldat pour sauver l’étendard de Zurich, arrive près de l’église de Husen, y tombe sans vie ; et deux de ses fils, à la fleur de l’âge, couvrent bientôt aussi le sol funeste qui a bu le sang de leur père. Kammli fait encore quelques pas ; mais bientôt il s’arrête épuisé, haletant, près d’une haie qu’il lui eût fallu franchir, et après laquelle il lui restait à gravir la partie la plus escarpée du mont Albis. Kammli découvre ses deux ennemis et d’autres Waldstettes, qui volent de tous côtés, comme des oiseaux de proie, vers l’étendard chancelant de Zurich. Les forces de Kammli diminuent rapidement ; sa vue se trouble ; bientôt des ténèbres l’entourent : une main de plomb le retient cloué sur le sol. Alors, ranimant son énergie expirante, il lance l’étendard de l’autre côté de la haie, et s’écrie : « Y a-t-il ici quelque brave Zurichois ? Qu’il sauve la bannière et la gloire de messeigneurs. Pour moi, je ne le puis plus ! » Et, jetant vers le ciel un dernier regard, il ajoute : « Dieu me soit en aide ! » Anéanti par ce dernier effort, il tombe. Däntzler, qui arrivait, jette loin de lui son épée, saute par-dessus la haie, saisit la bannière, et s’écrie : Avec l’aide de Dieu, je l’emporterai. » Puis il monte précipitamment l’Albis, et met enfin en sûreté l’antique étendard de Zurich. Dieu, en qui ces guerriers plaçaient leur espoir, avait exaucé leurs prières ; mais il en avait coûté à la république son sang le plus généreux. Sur tous les points l’ennemi était vainqueur. Il n’y a plus de bataille aux champs de Cappel, il n’y a qu’un massacre. Les soldats des cinq cantons, surtout ceux d’Underwald, longtemps endurcis dans les guerres du Milanais, se montraient plus cruels envers leurs confédérés qu’ils ne l’avaient été envers des étrangersu. Les citoyens les plus distingués de Zurich tombaient l’un après l’autre sous leurs coupsv. Rudi Gallmann avait trouvé cette glorieuse tombe qu’il avait désirée ; et ses deux frères, étendus à sa droite et à sa gauche, avaient laissé déserte la maison de leur père. Le capitaine des arquebusiers, Toning, était, comme il l’avait dit, mort pour la patrie. Toute l’élite de la population zurichoise, sept membres du Petit-Conseil, dix-neuf membres des Deux Cents, soixante-cinq citoyens de la ville, quatre cent dix-sept de la campagne, le père au milieu de ses fils, le frère au milieu de ses frères, se trouvaient couchés, pâles et sanglants, sur le champ de bataille.

u – Allerley Grusamkeit uptend. (Bulling., III, p. 134.)

v – Optimi et docti viri, quos necessitas traxerat in commune periculum patriæ et ecclesiæ veritatisque defensandæ, quam et suo sanguine redemerunt. (Pell. Vit. MS.)

Gerold Meyer de Knonau, le fils d’Anna, alors âgé de vingt-deux ans, déjà membre du Conseil des deux cents, époux et père, s’était élancé au premier rang avec tout le feu de la jeunesse. « Rendez-vous, et votre vie sera sauve, » lui avaient crié quelques braves des cinq cantons, qui désiraient le sauver. « Mieux me vaut mourir avec honneur, avait-il répondu, que de me rendre avec ignominie ! » Et le fils d’Anna, frappé aussitôt d’un coup mortel, était tombé, et avait rendu l’âme non loin du château de ses pères.

Les ministres qui, oubliant l’Évangile de paix, avaient appelé aux armes leurs compatriotes, furent ceux qui, eu égard à leur nombre, fournirent le plus de victimes dans cette sanglante journée. Le glaive, qui se promenait sur les hauteurs et dans les prairies de Cappel, s’acharnait sur eux ; vingt-cinq d’entre eux tombèrent sous ses coups. Les Waldstettes frémissaient de rage quand ils découvraient l’un de ces prêtres hérétiques, et ils les immolaient avec enthousiasme, comme des victimes de choix, à la Vierge et aux Saints. Il n’y a peut-être jamais eu de bataille où tant d’hommes de la Parole de Dieu aient mordu la poussière. Presque partout les pasteurs avaient marché à la tête de leurs troupeaux. On eût dit à Cappel une assemblée de communautés chrétiennes, plutôt qu’une armée de compagnies suisses. L’abbé Joner, blessé à mort près du ruisseau, expira en vue de son monastère ; et les gens de Zug, qui, en poursuivant l’ennemi, passaient près de son cadavre, poussaient un cri de douleur, se souvenant du bien qu’il leur avait faitw. Schmidt de Kussnach, placé au milieu de ses paroissiens, tomba entouré de quarante de leurs cadavresx. Geroldseck, Jean Haller, plusieurs autres pasteurs à la tête de leurs troupeaux, d’anciens Augustins, d’anciens Dominicains, rencontrèrent d’une manière terrible cette venue soudaine du Seigneur, qu’ils avaient plus d’une fois prêchée. La gloire de l’Eternel s’était éloignée de Zurich. Les chefs de l’État et les chefs de l’Église couvraient pêle-mêle le champ de bataille.

w – Es klagtend inn insonders die Zuger. (Bull. 3, p. 151.)

x – Uff der Walstett ward er funden, under und by sinen Kussnachern. (Ibid. 147.)

Mais une mort allait dépasser en amertume toutes ces morts. Zwingle était au milieu de ses paroissiens, affrontant le danger, le casque en tête, le glaive suspendu à ses côtés, la hache d’armes à la main, la parole de Dieu dans le cœury. Calme et recueilli, il se tenait prêt à porter les secours de son ministère partout où l’on en aurait besoin, quand un de ses amis, Balthasar Reller, gendre d’Anna, tomba non loin de lui, couvert de treize blessures. Zwingle accourt vers le blessé, et lui adresse des paroles de vie éternelle. Mais en ce moment même une pierre lancée par le bras vigoureux d’un Waldstette vient frapper le Réformateur à la tête, et fermer ces lèvres qui s’ouvraient pour prononcer le nom du Dieu qui console. Le coup fut si fort, que son casque, porté à Lucerne comme trophée, en a gardé la marque. Zwingle se relève néanmoins ; mais deux autres coups l’atteignent à la jambez, et le jettent de nouveau par terre. Deux fois il se remet debout ; frappé une quatrième, mais d’un coup de lance, il chancelle, et, fléchissant sous tant de blessures, il tombe sur ses genoux. Le voilà cet homme puissant, qui avait rêvé la délivrance de toute la chrétienté ; il se meurt. Des ténèbres l’entourent, et en annoncent peut-être d’autres bien plus terribles, qui vont couvrir l’Église. Zwingle se détourne de ces tristes pensées. Il sait que le Christ est sa vie ; il regarde d’un œil calme son sang qui ruisselle, et s’écrie avec foi : « Quel mal est cela ?… Ils peuvent bien tuer le corps, mais ils ne peuvent tuer l’âmea ! » Ce furent ses dernières paroles. A peine les avait-il prononcées, qu’il tomba à la renverse. C’est là, sous un arbre (le poirier de Zwingle), dans une prairie près de la route, qu’il demeura couché sur le dos, vivant encore, les mains jointes, et le regard tourné vers le cielb. ».

y – Les aumôniers des régiments suisses portent souvent l’épée. Zwingle ne fit point usage de ses armes. On les montre à l’arsenal de Lucerne.

z – Hatt auch in den schenklcn zween stiche. (Tschoudi, Helv., II, p. 194.)

a – In genua prolapsum dixisse : « Ecquid hoc infortunii ? Age ! corpus quidem occidere possunt, animam non possunt. » (Osw. Myconius, Vita Zwing.)

b – Was er noch lebend, lag an dem Ruggen und hat sine beide haend zamen gethan wi die bettenden, sach mit synen Angen obsich in Hymel. (Bull., III, p. 136.)

Les soldats débandés des deux partis passaient près du Réformateur avec des cris de détresse ou de vengeance. Goldli avait pris la fuite dès le commencement de la bataille ; bientôt après il quitta Zurich pour toujours. Le commandant en chef Lavater, après avoir vaillamment combattu, était tombé dans le fossé. Il en avait été retiré par un des siens, auquel il avait lui-même sauvé la vie huit ans auparavant, et s’était échappé. Le reste des Zurichois, après une résistance inutile, fuyait dans toutes les directions. Chacun faisait comme il pouvait, dit Bullinger. Les Waldstettes, acharnés à la poursuite de l’ennemi, foulaient aux pieds les corps qui jonchaient les prairies de Cappel. Leurs colonnes s’avançaient, étonnées de leur prompte victoire ; le bruit des armes et les cris des vaincus et des vainqueurs retentissaient aux oreilles du réformateur blessé ; et, au milieu de tout ce tumulte, Zwingle était seul avec Dieu.

Arrivée au delà de Husen, au pied du petit Albis, l’armée des cinq cantons s’arrêta. « Si la nuit ne fût pas venue, dit Tschoudi, presque tous les défenseurs de Zurich auraient mordu la poussière. » On n’apercevait plus que quelques Zurichois gravissant précipitamment la montagne, et disparaissant çà et là derrière les sapins. « Il est temps, dirent les chefs, de regagner nos drapeaux ; mais auparavant rendons grâce de notre victoire. » L’armée le fit ; puis, ivre de joie, poussant des cris d’allégresse et comme en triomphe, elle retourna aux Grangesc.

c – Mit grossen Frouden, træffichen Jubel und Triumph. (Bull., III, p. 135.)

Pendant que les plus braves avaient donné la chasse aux soldats de Zurich, les traînards des cinq cantons s’étaient abattus comme des corbeaux avides sur le champ de bataille. Des flambeaux à la main, ces malheureux s’avançaient au milieu des ténèbres et des cadavres, jetant tout autour d’eux des regards irrités, et éclairant leurs victimes expirantes de la lueur blafarde de ces torches funèbres. Ils tournaient et retournaient les morts et les blessés, les tourmentaient et les dépouillaientd. Parmi leurs victimes se trouva Balthasar Keller. Les Waldstettes le crurent mort, et le laissèrent nu ; mais pendant la nuit Keller revint à lui, se traîna avec des efforts inouïs jusqu’à l’Albis, passa le Schnabel, et arriva non loin du lac de Zurich, au moulin de Gättikon, où on le pansa. Il fut plus tard bailli à Gruningen, conseiller à Zurich ; et c’est par lui que nous savons que la dernière œuvre de Zwingle sur la terre fut de se baisser avec compassion, comme le bon Samaritain, vers un homme à demi-mort.

d – Ein gross plunderen, ein ersuchen und usgiessen der todten und der wunden. (Bull. 3, p. 135.)

Ce n’était pas ce que faisaient les Waldstettes. S’ils trouvaient des Zurichois en état de les entendre : « Invoquez les saints, leur disaient-ils, et confessez-vous à nos prêtres. » Quelques-uns, par crainte de la mort, leur obéirent ; mais quand des Réformés fidèles à leur foi s’y refusaient, ces hommes les perçaient de leurs épées ou les assommaient de leurs arquebuses. L’historien catholique-romain Salat, de Lucerne, en triomphe : « On les laissait mourir, dit-il, comme des chiens d’infidèles, ou on leur donnait de la pique ou de l’épée le coup de la mort, afin qu’ils s’en allassent d’autant plus vite au Diable, avec le secours duquel ils s’étaient battus comme quatree. »

e – Damit sie desto eher zum Teufel, damit sie mit allen vieren fechtend, gefuhrt wurdend. (Salat.)

Aux haines religieuses se joignirent les animosités privées. Des hommes des cinq cantons reconnaissaient-ils des Zurichois auxquels ils gardassent rancune, ils s’approchaient, l’œil sec, la bouche dédaigneuse, ou les traits altérés par la colère, de ces malheureux qui luttaient contre la mort, et ils leur disaient : « Eh bien ! votre foi hérétique vous a-t-elle sauvés ? Ah ! l’on a bien vu dans cette journée quels sont ceux qui ont la foi véritable… Aujourd’hui nous avons jeté dans la boue votre Évangile, et vous voilà vous-mêmes tout couverts de votre propre sang. Dieu, la Vierge et les Saints vous ont punis. » Et à peine avaient-ils tenu de tels discours, qu’ils plongeaient le fer dans le sein de leurs ennemis. La messe ou la mort ! O tel était leur mot d’ordre. Quelques-uns des gens de la campagne furent épargnés, mais on fut sans miséricorde pour tous ceux de la villef.

f – Was uss der Stadt was, müsst one gnad lyden. (Bull., III, p. 136.)

Ainsi triomphaient les Waldstettes ; mais les Zurichois fidèles, qui rendaient l’âme sur le champ de bataille, se rappelaient qu’ils avaient pour Dieu celui dont il est dit : « Si vous souffrez le châtiment, Dieu vous traite comme ses enfants. Quand même il me tuerait, je ne cesserais d’espérer en lui. » C’est dans la fournaise de l’épreuve que le Dieu de l’Évangile cache l’or pur de ses plus précieuses bénédictions. Ce châtiment était nécessaire pour détourner l’Église de Zurich des voies larges du monde, et la ramener dans les sentiers étroits de l’esprit et de la vie. S’il s’agit d’une histoire du siècle, une défaite comme celle de Cappel se nomme un grand malheur ; mais dans une histoire de l’Église de Jésus-Christ, un tel coup porté par la main d’un père doit plutôt être appelé une grande bénédiction.

Pendant ce temps, Zwingle, le regard toujours tourné vers le ciel, était étendu sous le poirier. Les soupirs des mourants, ces pâles lueurs qui se transportaient d’un cadavre à un autre, Zurich humiliée, la Réforme perdue, tout lui criait que Dieu punit ses serviteurs, lorsqu’ils ont recours au bras de l’homme. Sans doute si le réformateur saxon avait pu s’approcher de Zwingle en cette heure solennelle, et lui avait dit ces paroles qu’il a tant de fois répétées : « Les chrétiens doivent combattre, non avec le glaive ou avec l’arquebuse, mais avec la souffrance et avec la croixg », Zwingle lui eût tendu sa main mourante, et eût répondu : « Amen ! »

g – Christen sind nicht die für sich selbst mit dem Schwerdt oder Büchsen streiten, sondern mit dem Kreuz und Leyden. (Luth. Opp.)

Deux des soldats qui rôdaient au milieu des cadavres étant arrivés près du réformateur, et s’apercevant, sans le reconnaître, qu’il était près d’expirer : « Veux-tu que nous t’amenions un prêtre pour te confesser ? » lui dirent-ils. Zwingle, sans parler (il n’en avait plus la force), fit signe de la tête que non, et resta le regard fixé sur le cielh. « Si tu ne peux plus parler, reprirent les soldats, pense au moins dans ton cœur à la mère de Dieu, et invoque les saints, afin qu’ils intercèdent pour toi, et t’obtiennent grâce devant Dieu. » Zwingle branla de nouveau la tête, et demeura les regards attachés au ciel. Alors les soldats se mirent à le maudire. « Sans doute, dirent-ils, tu es un de ces hérétiques de la ville ? » Puis l’un d’eux, curieux de savoir qui il était, se baissa, et tourna la tête de Zwingle du côté d’un feu qui était près de lài. Aussitôt le soldat le laissant retomber par terre : « Je crois, dit-il étonné et saisi, je crois que c’est Zwingle ! » En ce moment le capitaine Fockinger d’Underwald, ancien soldat et pensionnaire, s’approchait. Il avait entendu le dernier mot du soldat, « Zwingle ! s’écria-t-il, Zwingle, ce vil hérétique, ce scélérat, ce traître ! » Puis aussitôt, levant son épée si longtemps vendue à l’étranger, il en frappa à la gorge le chrétien mourant : « Meurs, hérétique obstiné ! » lui cria-t-il. Succombant sous ce dernier coup, le réformateur rendit l’esprit. Ainsi, dit le chroniqueur, Ulrich Zwingle, fidèle pasteur de l’Église de Zurich, fut frappé au milieu des brebis de son troupeau, avec lesquelles il resta jusqu’à la mort, et périt de la main d’un pensionnaire, pour la confession de la vraie foi en Christ, seul sauveur, médiateur et intercesseur des fidèlesj. » Les trois Waldstettes considéraient le cadavre inanimé de leur ennemi. « En ce moment, dit Salat, l’Enfer tressaillit ; et si Dieu n’avait pas fait à Zwingle la grâce de mourir en la compagnie des braves, il y aurait eu plus de diables autour de son corps que de morts sur le champ de bataille. » Mais ce n’est pas ainsi que la Bible parle :Toute sorte de mort des bien-aimés de l'Éternel, dit-elle, est précieuse devant ses yeuxk.

h – Und sach uber sich in Hymel. (Bull. 3, p. 136.)

i – Beyn Fuwr besach. (Tschoudi, Helv. 2, p. 194.)

j – Bullinger, III, p. 136.

kPsaumes 116.15.

Les soldats coururent bientôt à d’autres victimes. Tous ne montrèrent pas la même barbarie. La nuit était froide ; une forte gelée blanche couvrait les prairies, et s’attachait au corps des mourants. L’historien protestant Bullinger nous apprend que quelques Waldstettes prirent avec bonté les blessés dans leurs bras, bandèrent leurs plaies, et les conduisirent vers les feux, pour leur rendre l’usage de leurs sens. « Ah ! s’écriaient-ils. pourquoi des Suisses se sont-ils ainsi entr’égorgés ! »

Il était tard quand les tambours battirent le rappel ; les chefs ordonnèrent de cesser le carnage. Une partie de l’armée, traînant les prisonniers après elle, se retira dans le monastère, et l’église, les cellules, les corridors, les cours, se remplirent de Waldstettes et de Zurichois pêle-mêle pressés.

Le gros de l’armée resta près des drapeaux. Les soldats entouraient de leurs cercles animés les flammes qui s’élevaient çà et là, et s’entretenaient de leurs exploits. Les canons muets penchaient leurs bouches vers la terre ; les chevaux du train avançaient de temps en temps la tête vers ces groupes babillards ; de tous côtés des vaches, des bœufs, des brebis, des chèvres, ramassés dans les prairies environnantes, étaient traînés sur le champ de bataille, et remplissaient les airs de leurs cris prolongés ; on les abattait, et on faisait tourner leurs membres dépecés devant les feux du bivacl. « Quel dommage, disaient en se chauffant quelques soldats, que tant de braves gens, dont la Suisse se glorifiait, aient misérablement périm ! — Au contraire, disaient d’autres, c’est un grand bonheur. » Mais tout à coup ces discours du bivac étaient interrompus par les lamentations et les sourds gémissements des blessés. Les mots qu’ils proféraient suffisaient pour les faire reconnaître. « O Dieu ! disaient les Zurichois, aie pitié de nous, par notre Seigneur Jésus-Christ ! — O bienheureuse mère de Dieu ! ô saint Jacques, prince du ciel ! ô vous tous les saintsn ! » s’écriaient les Waldstettes. On transportait ces pauvres blessés, Waldstettes et Zurichois, au couvent de Cappel ; et quand leurs exclamations s’étaient éloignées, les soldats, tisonnant les feux, reprenaient leurs entretiens. « Cette victoire nous perdra, disaient quelques-uns ; car les Zurichois et leurs alliés sont puissants. — Ne craignez pas, répondaient d’autres ; les plus turbulents sont étendus sans vie autour de nous. — La fortune est sur une roueo, répliquaient les premiers en branlant la tête. — O nuit tragique et lamentable ! » s’écrie le chroniqueurp.

l – Alles väeh klein und gross nieder geschlagen. (Bull., III, p. 138.)

m – So vil redlicher hüpscher lüten. (P. 139.)

n – Die wirdigen muter Gots, den himelfursten, S. Jacob und die lieben Gottes heiligen. (Bull., III, p. 139.)

o – Das gluck sye sinnwel. (Ibid.)

p – Ellende iamerliche klägliche Nacht. (Ibid.)

Pendant ce temps, les chefs réunis dans le couvent écrivaient des lettres destinées à répandre partout la nouvelle de leur éclatant triomphe. Au point du jour, des messagers les portèrent aux cantons confédérés, et aux puissances catholiques-romaines de l’Allemagne.

Enfin la lumière parut. Les Waldstettes se répandirent sur le théâtre de leur victoire, allant çà et là, s’arrêtant, examinant, frappés souvent de surprise en voyant leurs ennemis les plus redoutés étendus sans vie, mais aussi versant quelquefois des larmes à la vue des cadavres qui leur rappelaient de vieilles amitiés. Une foule immense se rassembla vers le poirier sous lequel Zwingle était mort. Il a l’air, dit Barthélemy Stocker de Zug, qui l’avait aimé, il a l’air non d’un mort, mais d’un vivantq. Tel il était quand il embrasait le peuple par le feu de son éloquence. » Jean Schönbrunner, ancien chanoine de Zurich, qui s’était retiré à Zug à l’époque de la Réformation, ne put retenir ses larmes. « Quelle qu’ait été ta croyance, dit-il, je sais, ô Zwingle, que tu as été un loyal confédéré ! Que Dieu ait ton âme ! »

q – Nich einem Todten, sondern einem Lebenden gleich. (Zwingli fur das Volk, von J. J. Hottinger.)

Mais les pensionnaires de l’étranger avaient d’autres préoccupations. « Que le corps de l’hérétique, coupé en cinq parts, soit envoyé à chacun des cinq cantons, disaient-ils. — Paix aux morts ! et qu’à Dieu seul leur jugement demeure ! » s’écrièrent l’avoyer Golder et le landamman Dooss de Zug. On leur répondit par des cris de fureur, qui les obligèrent à s’éloigner. Aussitôt la caisse battit aux champs. On jugea le cadavre, et l’on arrêta qu’il serait écartelé pour trahison envers la Confédération, puis brûlé pour hérésie. Le bourreau de Lucerne accomplit ce jugement. Les flammes consumèrent les membres disjoints de Zwingle ; on y mêla des cendres de porc, et une multitude effrénée, se précipitant sur cette poussière, la jeta aux quatre ventsr.

r – Tschoudi Helvet. 2, p. 195. — Cadaver Zwinglii… in quatuor partes secatur, in ignem conjicitur, in cinerem resolvitur. (Myc. De Vit. Zw.)

Zwingle était mort ; une grande lumière s’était éteinte dans l’Église de Dieu. Puissant par la parole, comme les autres Réformateurs, il l’avait été plus qu’eux par l’action ; mais cette puissance même avait fait sa faiblesse, et il avait succombé sous l’excès de sa force. Zwingle n’avait pas quarante-huit ans. Si la force de Dieu marchait toujours avec la force de l’homme, que n’eût-il pas fait pour la régénération de la Suisse et même de l’Empire ? Mais il avait saisi une arme que Dieu a interdite ; il avait abandonné sa vocation divine pour en prendre une charnelle ; le casque avait couvert son front, et sa main avait saisi la hallebarde ; le patriote avait égaré le réformateur. Ses amis les plus dévoués s’écriaient eux-mêmes ? étonnés, interdits : « Nous ne savons que penser ! un évêque sous les armess !… » La foudre avait frappé, et le corps du Réformateur n’était plus qu’une poignée de cendres dans la main d’un soldat ennemi.

s – Ego nihil certe apud me possum statuere, maxime de Episcopo in armis. (Zuickius Œcolampadio, 8 nov, 1531, Msc. de Zurich.)

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