Explication du Psaume 51

§ 60. Le péché originel n’est pas aboli par le baptême.

Voici donc que nous avons dans ce verset, la raison pour laquelle nous devons tous confesser que nous sommes pécheurs et que toutes nos œuvres devant Dieu sont damnables, mais que Dieu est seul juste. Cette doctrine est très nécessaire dans l’église ; ni le Pape ni le Turc ne la reçoivent. Car je puis attester par ma propre expérience, que j’ai été longtemps Docteur en théologie, sans savoir cette grande vérité ; on discutait, il est vrai, sur le péché originel, mais on disait qu’il avait été aboli dans le baptême, et que même hors du baptême, il y a encore dans la nature une lumière de reste, qui si, on la suit, fera obtenir sans doute, grâce ; ils osaient bien aussi assurer que même dans les démons, les facultés naturelles étaient demeurées dans leur entier, et qu’ils n’avaient rien perdu que la grâce ; or n’y a-t-il pas une contradiction manifeste, à dire que les facultés naturelles sont demeurées dans leur entier, et établir que la nature a été corrompue par le péché ? Il est vrai, que la volonté est une faculté naturelle, mais ils ne considèrent pas seulement cette faculté comme simple volonté, mais comme voulant le bien, et ils disent que cela est naturel, c’est en quoi consiste l’erreur. La volonté demeure dans les démons, elle demeure dans les méchants, voilà qui est naturel : mais cette volonté n’est pas bonne, et l’entendement n’est pas droit et éclairé. De sorte que si nous voulons droitement parler de notre volonté et de nos facultés naturelles d’après ce psaume, et selon le Saint-Esprit, nous devons dire que notre nature est proprement, d’être dans le péché et dans la mort, et que par cette nature, nous ne voulons, nous ne comprenons et nous n’appelons jamais que le mal.

En voilà assez sur la connaissance et la confession du péché originel, qui naît avec nous, qui est pourtant si inconnu au monde, parce qu’il ne se découvre pas par les forces de la nature, par les beaux raisonnements et par les spéculations, puisqu’au contraire, ce sont là toutes des choses qui le cachent, qui l’atténuent et qui l’excusent ; de sorte qu’il est besoin de la révélation céleste, pour connaître cette grande corruption de notre nature. Croyons-en donc à la parole de Dieu, et confessons que la chose est ainsi, quoique toute notre nature et toutes nos lumières s’y opposeraient et y contrediraient. Voilà la principale doctrine de ce psaume, et même de toute la parole de Dieu, et de toute la théologie, sans laquelle il est impossible d’entendre l’Écriture Sainte, comme le témoignent assez les songes creux de nos théologiens modernes.

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