Synonymes du Nouveau Testament

52.
Ἀσύνθετος, ἄσπονδος
Déloyal, intraitable

Ἀσύνθετος ne se présente qu’une fois dans le N. T., à savoir dans Romains 1.31 ; cf. Jérémie 3.8-11, où il se retrouve plusieurs fois, mais nulle part ailleurs dans les Septante. Il en est de même de ἄσπονδος (2 Timothée 3.3), car c’est pour de bonnes raisons qu’on lui conteste une place, Romains 1.31, et les meilleures éditions critiques y omettent ce mot. Nulle part on ne le trouve dans les Septante.

La distinction entre ces deux termes, en tant qu’ils sont employés dans l’Ecriture, n’est pas difficile à faire ; je dis en tant qu’ils sont employés dans l’Ecriture, car on pourrait demander, si ἀσύνθετος possède quelque autre part exactement la signification que lui donne l’Ecriture. Ailleurs, uni souvent à ἁπλοῦς, à ἄκρατος (Plutarch., De Comm. Not. 48), il a le sens passif d’une chose dont les parties ne sont pas jointes ou qui se compose de différentes parties. Mais les ἀσύνθετοι de St. Paul, qui emploie le mot au sens actif, sont ceux qui, étant unis par alliance et par traité avec d’autres personnes, refusent d’observer ces alliances et ces traités : μὴ ἐμμένοντες ταῖς συνθήκαις (Hesychius) ; pactorum haudquaquam tenaces (Erasmus) ; « bundbrüchig » (non « unverträglich » comme le prétend Tittmann) ; en anglais, « covenant-breakers ». Le mot se trouve associé à ἀστάθμητος, Demosth., De Fals. Leg. 383.

Les ἄσπονδοι (le mot est joint à ἀσύμβατος et à ἀκοινώνητος, Philo, De Merc. Mer. 4), plus mauvais que les δυσδιάλυτοι (Aristot., Ethic. Nic. 4.5, 10) qui sont seulement des êtres difficiles à réconcilier, sont les absolument irréconciliables (ἄσπονδοι καὶ ἀκατάλλακτοι, Philo, Quis Rer. Div. Hœr., 50) ; ceux qui ne veulent pas être réconciliésc, qui, étant en guerre, refusent de déposer leur inimitié ou d’entendre parler de réconciliation ; « implacabiles, qui semel offensi reconciliationem non admittunt » (Estius) ; « unversöhnlich », implacables. La phrase, ἄσπονδος καὶ ἀκήρυκτος πόλεμος se rencontre souvent en grec, c’est même une expression proverbiale (Demosth., De Coron., 79 ; Philo, De Prœm. et Pœn. 15 ; Lucian., Pisc. 36) ; dans ce rapprochement, ἀκήρυκτος πόλεμος ne veut pas dire une guerre qui n’a pas été dûment proclamée par l’officier fécial, mais ces épithètes la désignent comme étant une guerre dans laquelle ni héraut, ni drapeau blanc (comme nous dirions aujourd’hui), ne peuvent être placés entre les parties, guerre dans laquelle on ne veut entendre parler d’aucune réconciliation ; par exemple, comme celle que les Carthaginois firent contre leurs esclaves révoltés. Nous avons ailleurs, dans le même sens, ἄσπονδος μάχη καὶ ἀδιάλλακτος ἔρις (Aristænetus, 2, 14) ; cf. ἄσπειστος κότος (Nicander, Ther. 367, cité par Blomfield, Agamemnon, p. 285) ; ἄσπονδος ἔχθρα (Plutar., Pericles, 30) ; ἄσπονδος Θεός (Eurip., Alcest. 431).

c – L’auteur dit : Atoned vient de at one. Trad.

Ἀσύνθετος suppose donc une paix que les ἀσύνθετοι refusent de continuer, qu’ils rompent injustement, tandis qu’ἄσπονδος suppose un état de guerre que les ἄσπονδοι refusent de conduire à une fin équitable. Il suit de là que Calvin, qui rend ἄσπονδοι par « fœdifragi », et ἀσύνθετοι par « insociabiles », a tout simplement manqué la force des deux termes. Théodoret également, quand il écrit sur Romains 1.31 : ἀσυνθέτους, τοὺς ἀκοινώνητον καὶ πονηρὸν βίον ἀσπαζομένους. ἀσπόνδους τοὺς ἀδεῶς τὰ συγκείμενα παραβαίνοντας. Ce n’est qu’en donnant à chaque mot le sens que Calvin et Théodoret ont donné à l’autre qu’on en obtiendra les vrais équivalents.

Conformément à ce qui vient d’être dit, et par voie de confirmation, indiquons encore la distinction qu’Ammonius établit entre συνθήκη et σπονδή. Συνθήκη qui suppose la paix, et une réconciliation plus avancée, peut devenir un traité d’alliance entre ceux qui vivent déjà sur un certain pied d’amitié. C’est ainsi qu’il y avait une συνθήκη entre les divers États groupés autour de Sparte dans la guerre du Péloponèse, portant que sur quelque territoire qu’on engageât la guerre, sur ce même territoire on la terminerait (Thucyd. v, 31). Mais σπονδή, plus souvent au pluriel, suppose une guerre dont elle est la cessation, (fut-ce une cessation temporaire) ou une armistice (Hom., Il. 2.341). – Il est vrai qu’une συνθήκη peut être attachée à une σπονδή ; des termes d’alliance peuvent suivre des termes de paix ; ainsi σπονδή et συνθήκη se rencontrent ensemble dans Thucydide, 4.18 : mais ce sont des choses différentes. Dans la σπονδή, il y a cessation de l’état de guerre, il y a paix ou, en tous cas, trêve ; dans la συνθήκη, il y a en outre arrangement ultérieur ou alliance. — Εὐσύνθετος, qui serait justement l’opposé de ἀσύνθετος, ne se rencontre point en grec ; mais εὐσυνθεσία, Philo, De Merc. Mer. 3.

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