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Bible de Jérusalem – Éphésiens 1

ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS

Introduction aux épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens

Adresse.

1 Paul, apôtre du Christ Jésus, par la volonté de Dieu, aux saintsa et fidèles dans le Christ Jésus.

a Add. « qui sont à Éphèse ». Les mots « à Éphèse » manquaient sans doute dans le texte primitif. Les mots « qui sont » peuvent appartenir eux-mêmes à une addition très ancienne ; certains critiques les tiennent pour authentiques ; ils auraient été suivis d’un blanc destiné à recevoir le nom de telle ou telle Église à laquelle serait remise la lettre.

2 À vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ.

I. Le mystère du salut et de l’Église

Le plan divin du salut.

3 Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ,
qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ.b

b Paul s’élève dès le principe au plan céleste sur lequel va se maintenir toute l’épître, 1.20 ; 2.6 ; 3.10 ; 6.12. C’est de là que sont parties, de toute éternité, et là que se réalisent, à la fin des temps, les « bénédictions spirituelles » que vont détailler les vv. suivants.

4 C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde,
pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour,c

c Première bénédiction l’appel des élus à la vie béatifique, d’ailleurs déjà commencée de façon mystique par l’union des fidèles au Christ glorieux. L’« amour » désigne d’abord l’amour de Dieu pour nous, qui inspire son « élection » et son appel à la « sainteté », cf. Col 3.12 ; 1 Th 1.4 ; 2 Th 2.13 ; Rm 11.28, mais on ne saurait en exclure notre amour pour Dieu, qui en dérive et lui répond, cf. Rm 5.5.

5 déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ.d
Tel fut le bon plaisir de sa volonté,

d Deuxième bénédiction le mode choisi pour cette sainteté, à savoir celui d’une filiation divine, dont Jésus Christ, le Fils unique, est la source et le modèle, cf. Rm 8.29.

6 à la louange de gloire de sa grâce,e
dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé.f

e Le terme grec charis désigne ici la faveur divine dans sa gratuité, notion qui inclut, mais dépasse, la « grâce » en son sens de don sanctifiant et intrinsèque à l’homme. Elle manifeste la « gloire » même de Dieu, cf. Ex 24.16. On a ici les deux refrains qui scandent tout l’exposé des bénédictions divines elles n’ont d’autre source que la libéralité de Dieu, et d’autre fin que l’exaltation de sa Gloire par les créatures. Tout vient de Lui et doit se ramener à Lui.

f Var. (Vulg.) « son Fils bien-aimé ».

7 En lui nous trouvons la rédemption, par son sang,
la rémission des fautes,g
selon la richesse de sa grâce,

g Troisième bénédiction l’œuvre historique de la rédemption par la croix du Christ.

8 qu’Ilh nous a prodiguée,
en toute sagesse et intelligence :

h C’est-à-dire Dieu le Père.

9 Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté,i
ce dessein bienveillant
qu’Il avait formé en lui par avance,

i Quatrième bénédiction la révélation du « Mystère », Rm 16.25.

10 pour le réaliser quand les temps seraient accomplis :j
ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres.k

j Littéralement « pour la dispensation de la plénitude des temps », cf. Ga 4.4.

k L’épître tout entière développera cette idée du Christ régénérant et regroupant sous son autorité, pour le ramener à Dieu, le monde créé que le péché avait corrompu et dissocié le monde des hommes, où Juifs et païens sont rassemblés dans un même salut, et même le monde des Anges, cf. 4.10.

11 C’est en luil encore que nous avons été mis à part,m désignés d’avance,
selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses
au gré de sa volonté,

l Dans le Christ.

m Cinquième bénédiction l’élection d’Israël, « part » de Dieu, comme témoin dans le monde de l’attente messianique. Paul est de ce peuple ; c’est pourquoi il dit « nous ».

12 pour être,
à la louange de sa gloire,
ceux qui ont par avance espéré dans le Christ.
13 C’est en lui que vous aussi,n
après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut,
et y avoir cru,
vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse,
cet Esprit Sainto

n Sixième bénédiction l’appel des païens à partager le salut jadis réservé à Israël. Ils en ont la certitude en recevant l’Esprit promis.

o Le don de l’Esprit couronne l’exécution du plan divin et son exposé de forme trinitaire. Commencé dès maintenant de façon mystérieuse tandis que le monde ancien dure encore, il sera plénier quand le Règne de Dieu s’établira de façon glorieuse et définitive, à la Parousie du Christ. Cf. Lc 24.49 ; Jn 1.33 ; 14.26.

14 qui constitue les arrhes de notre héritage,
et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis,p
pour la louange de sa gloire.

p Littéralement « du Peuple de la possession », que Dieu s’est assurée au prix du sang de son Fils le Peuple des Élus. Paul reprend ici, après les termes de « bénédiction », « saints », « élection », « adoption », « rédemption », « part », « promesse », une autre notion de l’Ancien Testament, qu’il élargit et parfait en l’appliquant à l’Israël nouveau, communauté des sauvés, l’Église.

Triomphe et suprématie du Christ.

15 C’est pourquoi moi-même, ayant appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre charitéq à l’égard de tous les saints,

q Om. « votre charité ».

16 je ne cesse de rendre grâces à votre sujet et de faire mémoire de vous dans mes prières. 17 Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la gloire, vous donner un espritr de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître !

r Cet « esprit » désigne ce que nous entendons aujourd’hui par « grâce » (actuelle).

18 Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœurs pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints,

s Les acceptions morales et spirituelles du « cœur » dans l’AT, Gn 8.21, restent vivantes dans le NT. Dieu connaît le cœur, Lc 16.15 ; Ac 1.24 ; Rm 8.27. L’homme aimera Dieu de tout son cœur, Mc 12.29-30. Dieu a déposé dans le cœur de l’homme le don de son Esprit, Rm 5.5 ; 2 Co 1.22 ; Ga 4.6. Le Christ, lui aussi, y demeure, 3.17. Les cœurs simples, Ac 2.46 ; 2 Co 11.3 ; 6.5 ; Col 3.22, droits, Ac 8.21, purs, Mt 5.8 ; Jc 4.8, sont ouverts sans réticence à la présence et à l’action de Dieu. Et les croyants n’ont qu’un cœur et qu’une âme, Ac 4.32.

19 et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, 20 qu’il a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux, 21 bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie,t et de tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle à venir.

t Noms de puissances cosmiques, attestés dans la littérature juive apocryphe. Sans discuter l’existence de ces créatures célestes, Paul tient à les ranger sous la domination du Christ, Col 1.16 ; 2.10. En les associant aux anges de la tradition biblique et au don de la Loi, Ga 3.19, il les intègre à l’histoire du salut, avec une qualification morale de plus en plus péjorative, Ga 4.3 ; Col 2.15, qui aboutit à en faire des puissances démoniaques, 2.2 ; 6.12 ; cf. 1 Co 15.24.

22 Il a tout mis sous ses pieds, et l’a constitué, au sommet de tout, Tête pour l’Église, 23 laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout.u

u L’Église, Corps du Christ, 1 Co 12.12, peut être dite la Plénitude, cf. encore 3.19 ; 4.13, dans la mesure où elle embrasse tout le monde nouveau qui participe, comme cadre de l’humanité, à la régénération universelle sous l’autorité du Christ Seigneur et Chef, cf. Col 1.15-20. L’expression adverbiale « tout en tout » vise à suggérer une ampleur sans limites, cf. 1 Co 12.6 ; 15.28 ; Col 3.11.

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