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Bible de Jérusalem – Abdias 1

ABDIAS

Introduction au livre d’Abdias

Titre.

1 Vision d’Abdias.

Ainsi parle le Seigneur Yahvé au sujet d’Édom.

Prologue.

1c Nous avons entendu un message de la part de Yahvé,
un héraut a été envoyé parmi les nations :a
« Debout ! Marchons contre lui ! Au combat ! »

a Description symbolique d’une ligue qui se forme contre Édom. Cf. Jr 4.5 ; 50.2.

La sentence contre Édom.b

2 Vois, je te rends petit parmi les peuples,
tu es au plus bas du mépris !

b Édom sera méprisé à son tour, 2, 10, pour s’être moqué d’Israël, 12 sa ruine châtie son arrogance. Sur cette doctrine, voir Pr 16.18 ; 29.23, et pour les peuples Isa 14 ; Jr 50-51 ; Ez 26-28 ; 29-32 ; Za 10.11.

3 L’arrogance de ton cœur t’a égaré,
toi qui habites les creux du rocher,c
toi qui fais des hauteurs ta demeure,
toi qui dis en ton cœur :
« Qui me fera descendre à terre ? »

c Peut-être le « rocher » (sela) où Édom se retranche veut-il évoquer le nom de la capitale édomite Ha-Sela, « La Roche », cf. 2 R 14.7, dont l’appellation grecque Pétra a gardé le sens.

4 Quand tu t’élèverais comme l’aigle,
quand ton nid serait placé parmi les étoiles,
je t’en précipiterais ! oracle de Yahvé.

L’anéantissement d’Édom.

5 Si des voleurs venaient chez toi
ou des pillards de nuit,
resterais-tu tranquille ?
Ne déroberaient-ils pas à leur gré ?
Si des vendangeurs venaient chez oi,
ne laisseraient-ils rien à grappiller ?
6 Comme Esaü est fouillé,
et ses trésors cachés, explorés !
7 Ils te chassent jusqu’à la frontière,
tous tes alliés ;
ils se jouent de toi, tes bons amis !
Ceux qui mangeaient ton paind
tendent sous tes pas des chausse-trapes :
« Il n’a plus sa raison. »e

d « ceux qui mangeaient ton pain » lohamêka versions ; « ton pain » lahmeka hébr.

e Réflexion ironique des faux amis d’Édom.

8 Est-ce qu’en ce jour-làf — oracle de Yahvé —
je ne supprimerai pas d’Édom les sages
et l’intelligence de la montagne d’Ésaü !g

f Le jour du jugement d’Édom, en corrélation avec le Jour de Yahvé, 15, cf. Am 5.18, où Dieu châtie Édom et les autres nations, 16-17, mais restaure et sauve Israël, 17-21.

g Ici et en 9, 19, 21, désignation du pays montagneux d’Édom (appelé aussi « mont Séïr »), cf. Gn 32.4 ; 33.14, 16 ; 36.8-9 ; Dt 2.4, 5, 12. C’est la Transjordanie méridionale. Sur la réputation de sagesse qu’avait Édom, cf. Jb 2.11.

9 Témân,h tes guerriers seront figés de terreur,
afin que soit retranché tout homme
de la montagne d’Ésaü.
Pour le carnage,

h District nord d’Édom, mais ici et ailleurs, ce nom désigne tout le pays.

10 pour la violence
exercée contre Jacob ton frère,i
la honte te couvrira
et tu disparaîtras à jamais !

i La conduite d’Édom lors de la chute de Jérusalem lui est reprochée dans la tradition biblique Ez 25.12-14 ; 35 ; Lm 4.21-22 ; Ps 137.7. D’après Ez 35.5-12 et Ez 36.2, 5, il semble qu’Édom ait alors occupé Juda, au moins en partie. Reproches analogues aux Ammonites, Ez 25.1-7, cf. 21.23-27, et aux Philistins, Ez 25.15-17.

La faute d’Édom.j

11 Quand tu te tenais à l’écart,
le jourk où des étrangers emmenaient ses richesses,
où des barbares franchissaient ses portes,
et jetaient le sort sur Jérusalem,
toi tu étais comme l’un d’eux !

j Sur la parenté et les discordes d’Édom et d’Israël, cf. Gn 25.22-28 ; 27.27-29 ; Gn 32.4—33.16 ; Dt 23.8 ; Nb 20.23. « Jacob » désigne ici le pays de Juda, cf. 18 ; Jl 4.19, par opposition à « Joseph ».

k Le « jour de Jérusalem », Ps 137.7 celui où les Chaldéens pénétrèrent dans la ville, 2 R 25.3-4 ; ou celui de l’incendie du Temple, 2 R 25.8-9, en 586.

12 Ne te délecte pas à la vue du jour de ton frère,
au jour de son malheur !
Ne fais pas des enfants de Juda le sujet de ta joie
au jour de leur ruine !
Ne tiens pas des propos insolents
au jour de l’angoisse !
13 Ne franchis pas la porte de mon peuple
au jour de sa détresse !
Ne te délecte pas, toi aussi, de la vue de ses maux
au jour de sa détresse !
Ne porte pas la main sur ses richesses
au jour de sa détresse !

14 Ne te poste pas sur la brèche
pour exterminer ses fuyards !
Ne livre point ses survivants
au jour de l’angoisse !

15 Car il est proche, le jour de Yahvé,
contre tous les peuples !
Comme tu as fait, il te sera fait :
tes actes te retomberont sur la tête !l

l C’est la loi du talion, Ex 21.25, qui s’applique à Édom. Même peine appelée sur Babylone, Jr 50.15, 29, cf. Ap 18.6-7, sur les ennemis de Jérusalem, Lm 3.64, sur Tyr, Sidon et les Philistins, Jl 4.4, 7.

Au jour de Yahvé, revanche d’Israël sur Édom.m

16 Oui, comme vous avez bu sur ma montagne sainte,
tous les peuples boiront sans trêve ;n
ils boiront et se gorgeront,
et ils seront comme s’ils n’avaient jamais été !

m La perspective s’élargit au « Jour » de Yahvé qui juge toutes les nations, cf. Am 5.18, Sion opprimée devient le lieu du salut et le pouvoir passe entre ses mains. Ses ennemis sont défaits (les nations païennes) et parmi eux Édom est ruiné à jamais. — Le prophète s’adresse désormais aux Israélites.

n À la coupe de la colère divine, cf. Isa 51.17. — « se gorgeront » sens incertain ; cf. Isa 24.20 ; 29.9.

17 Mais sur le mont Sion il y aura des rescapéso
— ce sera un lieu saint —
et la maison de Jacob
spolie ceux qui l’ont spoliée.p

o Texte cité en Jl 3.5 comme parole de Dieu. Au « Reste » sauvé de Juda, cf. Isa 4.3, le Jour de Yahvé n’apporte plus de terreurs, mais la sécurité du salut sur le mont Sion, sanctuaire inviolable où « les étrangers ne passeront plus », Jl 4.17.

p « ceux qui l’ont spoliée » môrîshêhem, texte hébreu de Murabba’at et versions ; « leurs possessions » môrashêhem hébr.

18 La maison de Jacob sera du feu,
la maison de Joseph,q une flamme,
la maison d’Ésaü, du chaume !
Elles l’embraseront et la dévoreront,
et nul ne survivra de la maison d’Ésaü :
Yahvé a parlé !

q La « maison de Jacob », cf. 9, est Juda, la « maison de Joseph » le royaume du Nord, cf. Am 5.6 ; Za 10.6, associé à Juda lors du salut final, cf. Jr 3.18. Les deux royaumes reconquièrent, 19-20, les frontières idéales de l’empire de David, cf. 1 R 8.65 ; 2 R 14.25.

L’Israël nouveau.

19 Et ils posséderont le Négeb, la montagne d’Ésaü,
et le Bas-Pays, les Philistins ;
et ils posséderont les champs d’Éphraïm, les champs de Samarie,
et Benjamin possédera Galaad.

20 Et les exilés (c’était le commencement)r des enfants d’Israël
posséderonts les Cananéens jusqu’à Sarepta,
et les exilés de Jérusalem qui sont à Sépharad
posséderont les villes du Négeb.

r Le premier exil, celui des gens du royaume du Nord. — Sarepta (Saraphand) est entre Tyr et Sidon ; Sépharad est identifié à Sardes en Lydie, où la présence juive est attestée.

s « posséderont » yirshû corr. cf. la suite du v. ; « qui » ’asher hébr.

21 Les sauvést graviront la montagne de Sion
pour juger la montagne d’Ésaü,
et à Yahvé sera l’empire !u

t « sauvés », hébr. « sauveurs » (fausse vocalisation).

u Cri de triomphe de l’eschatologie israélite, Ps 22.29 ; 103.19 ; 145.11-13 ; cf. Ps 10.16 ; 47.9 ; 93.1 ; 97.1 ; 99.1. Le règne d’Israël, c’est le règne de Yahvé, consommation de l’histoire.

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