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Bible de Jérusalem – Romains 11

3. DIEU N’A PAS REJETÉ SON PEUPLE ET LE SAUVERA

Le reste d’Israël en est déjà une preuve.

11 Je demande donc :n Dieu aurait-il rejeté son peuple ? Certes non ! Ne suis-je pas moi-même Israélite, de la race d’Abraham, de la tribu de Benjamin ?

n La même formule qui accusait Israël, 10.18, 19, annonce maintenant son salut (de même au v. 11). Le peuple infidèle, 10.21, n’est pas rejeté, 11.2. Le « reste », Isa 4.3, qui le représente temporairement, est le gage de la restauration future.

2 Dieu n’a pas rejeté le peuple que d’avance il a discerné. Ou bien ignorez-vous ce que dit l’Écriture à propos d’Élie, quand il s’entretient avec Dieu pour accuser Israël : 3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, rasé tes autels, et moi je suis resté seul et ils en veulent à ma vie ! 4 Eh bien, que lui répond l’oracle divin ? Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal. 5 Ainsi pareillement aujourd’hui il subsiste un reste, élu par grâce. 6 Mais si c’est par grâce, ce n’est plus en raison des œuvres ; autrement la grâce n’est plus grâce.

7 Que conclure ? Ce que recherche Israël, il ne l’a pas atteint ; mais ceux-là l’ont atteint qui ont été élus. Les autres, ils ont été endurcis, 8 selon le mot de l’Écriture : Dieu leur a donné un esprit de torpeur : ils n’ont pas d’yeux pour voir, d’oreilles pour entendre jusqu’à ce jour. 9 David dit aussi : Que leur tableo soit un piège, un lacet, une cause de chute, et leur serve de salaire !

o Paul semble faire allusion à l’autel des sacrifices du Temple de Jérusalem.

10 Que leurs yeux s’enténèbrent pour ne point voir et fais-leur sans arrêt courber le dos !

11 Je demande donc : serait-ce pour une vraie chute qu’ils ont bronché ?p Certes non ! mais leur faux pas a procuré le salut aux païens,q afin que leur propre jalousie en fût excitée.

p Littéralement « serait-ce qu’ils ont trébuché de manière à tomber (sans espoir de relèvement) ? »

q L’incrédulité actuelle des Juifs n’est qu’un « faux pas » permis pour la conversion des païens, 9.22 ; 11.12, 19, 25, 30, et finalement pour leur propre conversion : c’est pour leur salut que Dieu les rendra « jaloux », 10.19, des païens.

12 Et si leur faux pas a fait la richesse du monde et leur diminution la richesse des païens, que ne fera pas leur totalité !r

r Le mot grec héttéma connote à la fois la diminution (aspect quantitatif) et l’infériorité, l’échec (aspect qualitatif) ; même chose pour plérôma (totalité et plénitude). Le contexte proche montre que Paul joue sur l’une et l’autre connotation.

13 Or je vous le dis à vous, les nations,s je suis bien l’apôtre des nations et j’honore mon ministère,

s C’est-à-dire les chrétiens venus des « nations », les païens convertis. Ainsi, même comme apôtre des païens, Paul travaille au salut de ses frères par le sang (« ceux de mon sang », litt. « ma chair »).

14 mais c’est avec l’espoir d’exciter la jalousie de ceux de mon sang et d’en sauver quelques-uns. 15 Car si leur mise à l’écartt fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d’entre les morts ?u

t Le terme grec apobolé a plusieurs nuances : rejet, mise à l’écart, défection, perte. Le premier sens ne convient pas, puisque le premier verset du chap. dit que Dieu n’a pas rejeté son peuple. Certains interprètent l’expression comme si Israël en était le sujet (leur rejet de l’Évangile), mais le contexte ne favorise pas cette solution. Les autres nuances conviennent toutes, dans la mesure où elles ne sont pas en contradiction avec 11.1-2. L’important est de bien voir que Paul n’insiste pas sur la mise à l’écart comme telle : elle est en effet provisoire et elle sert paradoxalement le dessein salvifique de Dieu pour l’humanité entière, Israël et les Nations.

u Formule diversement interprétée. Si la conversion des païens est comparée à la première phase de l’œuvre rédemptrice, la réconciliation du monde, celle d’Israël constituera un tel bienfait qu’elle ne peut être comparée qu’avec la seconde, la résurrection finale que Paul aurait donc ici en vue. Toutefois il ne dit pas que la conversion d’Israël doive précéder immédiatement la résurrection générale. — D’autres traduisent : « une vie sortant d’entre les morts ». Faire revenir de la mort à la vie est une œuvre particulièrement merveilleuse, réservée à la puissance de Dieu, cf. 4.17 ; 2 Co 1.9.

L’olivier sauvage et l’olivier franc.

16 Or si les prémices sont saintes, toute la pâte aussi ;v et si la racine est sainte, les branches aussi.

v La conversion future d’Israël clairement affirmée, vv. 11-15, en attendant les déclarations encore plus explicites des vv. 25-26, prouve que la portion fidèle réalise pleinement la notion de « reste », signe indubitable de restauration pour toute la nation ; mais il en résulte aussi que la partie infidèle elle-même reste solidaire de la partie fidèle et participe en quelque façon à sa sainteté, comme une pâte que consacre tout entière l’offrande des prémices, Nb 15.19-21.

17 Mais si quelques-unes des branches ont été coupées tandis que toi, sauvageon d’olivierw tu as été greffé parmi ellesx pour bénéficier avec ellesy de la sève de l’olivier,

w Le païen devenu chrétien.

x Ou : « à leur place ».

y Add. : « de la racine et ».

18 ne va pas te glorifier aux dépens des branches. Ou si tu veux te glorifier, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. 19 Tu diras : On a coupé des branches, pour que, moi, je fusse greffé. 20 Fort bien. Elles ont été coupées pour leur incrédulité, et c’est la foi qui te fait tenir. Ne t’enorgueillis pas ; crains plutôt. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargnez pas davantage.

z « prends garde qu’il ne t’épargne pas »; var : « il ne t’épargnera pas ».

22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et envers toi bonté, pourvu que tu demeures en cette bonté ; autrement tu seras retranché toi aussi. 23 Et eux, s’ils ne demeurent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés : Dieu est bien assez puissant pour les greffer à nouveau. 24 En effet, si toi tu as été retranché de l’olivier sauvage auquel tu appartenais par nature, et greffé, contre nature, sur un olivier franc, combien plus eux, les branches naturelles, seront-ils greffés sur leur propre olivier !

Salut de tout Israël.

25 Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d’Israël s’est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la totalité des nations,a

a Paul vise toujours des collectivités : le bloc du monde juif et l’ensemble du monde païen.

26 et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit :b De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob.

b L’AT annonçait la purification complète d’Israël comme une conséquence de la venue du Messie. Paul enseigne comme un « mystère », v. 25, que cette prophétie, accomplie déjà partiellement dans la conversion des païens, implique aussi la conversion du peuple juif.

27 Et voici quelle sera mon alliance avec eux lorsque j’enlèverai leurs péchés.

28 Ennemis, il est vrai, selon l’Évangile, à cause de vous, ils sont, selon l’Élection,c chéris à cause de leurs pères.

c « Évangile » et « Élection » désignent les deux grandes étapes de l’histoire du salut : après et avant le Christ. Après le Christ, qu’ils ont refusé, les Juifs sont devenus ennemis de Dieu, et cela Dieu l’a permis pour favoriser la conversion des païens, cf. 9.22 ; 11.11 ; mais ils restent l’objet de la dilection spéciale que Dieu a manifestée à leurs pères, avant le Christ, au temps où leur peuple était le seul dépositaire de l’élection.

29 Car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance.

30 En effet, de même que jadis vous avez désobéi à Dieu et qu’au temps présent vous avez obtenu miséricorde grâce à leur désobéissance, 31 eux de même au temps présent ont désobéi grâce à la miséricorde exercée envers vous, afin qu’eux aussi ils obtiennent au temps présent miséricorde. 32 Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde.

Conclusion hymnique.

33 Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ! 34 Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en fut jamais le conseiller ? 35 Ou bien qui l’a prévenu de ses dons pour devoir être payé de retour ? 36 Car tout est de lui et par lui et pour lui. À lui soit la gloire éternellement ! Amen.

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