12 Job prit la parole et dit :
2 Vraiment, vous êtes la voix du peuple,x
avec vous mourra la Sagesse.
x Texte obscur ; litt. « en vérité, c’est vous le peuple ».
3 Moi aussi, j’ai de l’intelligence, tout comme vous,
je ne vous cède en rien,
et qui donc ne sait tout cela ?
4 Mais un homme devienty la risée de son ami,
quand il crie vers Dieu pour avoir une réponse.
On se moque du juste intègre.
y « devient », litt. « il est », grec, syr. ; « je suis » hébr.
5 « À l’infortune, le mépris ! opinent les gens heureux,
un coup de plus à qui chancelle ! »
6 Cependant, les tentes des pillards sont en paix :
pleine sécurité pour ceux qui provoquent Dieu
et pour celui qui met Dieu dans son poing !
7 Interroge pourtant le bétail pour t’instruire,
les oiseaux du ciel pour t’informer.
8 Parle à la terre, elle te donnera des leçons,
ils te renseigneront, les poissons des mers.
9 Car lequel ignore, parmi eux tous,
que la main de Dieuz a fait tout cela !
z « Dieu » 7 mss hébr. ; « Yahvé » TM, mais le poète évite partout ce nom divin parce qu’il fait parler des étrangers.
10 Il tient en son pouvoir l’âme de tout vivant
et le souffle de toute chair d’homme.a
a Si Dieu, au témoignage de tous les êtres, est la cause universelle, vv. 7-10, c’est donc à lui qu’il faut faire remonter la responsabilité du règne de l’injustice, vv. 4-6.
11 L’oreille n’apprécie-t-elle pas les discours,
comme le palais goûte les mets ?
12 La sagesse est l’affaire des vieillards,
le discernement le fait du grand âge.
13 Mais en Lui résident sagesse et puissance,
à lui le conseil et le discernement.b
b La sagesse humaine patentée, avec ses maximes rassurantes, n’est rien devant la sagesse de Dieu, qui se manifeste par des œuvres de puissance, vv. 14-16, et qui confond les autorités humaines, vv. 16-25.
14 S’il détruit, nul ne peut rebâtir,
s’il emprisonne quelqu’un, nul n’ouvrira.
15 S’il retient les eaux, c’est la sécheresse ;
s’il les relâche, elles bouleversent la terre.
16 En lui vigueur et sagacité,
à lui appartiennent l’égaré et celui qui l’égare.
17 Il rend stupides les conseillers du paysc
et frappe les juges de démence.
c Au début du v., on supprime « il fait marcher », cf. v. 19. — « Il rend stupides » yesakkel conj. ; « nu-pieds » sôlel hébr. — « du pays » grec ; omis par hébr.
18 Il délie la ceinture des rois
et passe une corde à leurs reins.d
d Texte difficile ; on lit môser « corde » au lieu de mûsar « discipline » (avec Targ. et Vulg.) et on intervertit ce mot avec ’ezor « ceinture ». — L’expression semble évoquer le traitement infligé aux captifs à qui on retirait leurs vêtements.
19 Il fait marcher nu-pieds les prêtres
et renverse les puissances établies.
20 Il ôte la parole aux plus assurés,
ravit le discernement aux vieillards.
21 Il déverse le mépris sur les nobles,
dénoue le ceinturon des forts.
22 Il dévoile les profondeurs des ténèbres,
amène à la lumière l’ombre épaisse.
23 Il agrandit des nations, puis les ruine :
il fait s’étendre des peuples, puis les supprime.e
e « supprime » wayyimhem conj. ; « conduit » wayyanhem hébr.
24 Il ôte l’esprit aux chefs du peuple du pays,
les fait errer dans un désert sans routes,
25 tâtonner dans les ténèbres, sans lumière,
et tituber comme sous l’ivresse.