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Bible de Jérusalem – Romains 14

Charité envers les « faibles ».

14 À celui qui est faible dans la foi,v soyez accueillants sans vouloir discuter des opinions.

v Il s’agit de chrétiens auxquels une foi insuffisamment éclairée ne donne pas des convictions assez fermes pour agir avec une conscience sûre, vv. 2, 5, 22. Ils se croyaient obligés à certains jours, v. 5, peut-être de façon permanente, v. 21, de s’abstenir de viande ou de vin, vv. 2, 21 : pratiques ascétiques connues du monde païen (Pythagoriciens) et du monde juif (Esséniens, Jean-Baptiste). Paul donne la même règle générale de conduite que dans le cas analogue de 1 Co 8 ; 10.14-33 : chacun doit agir « pour le Seigneur » selon sa conscience, vv. 5-6, pourvu qu’elle ne soit pas douteuse, v. 23 ; mais surtout, que la charité règle la conduite des « forts », vv. 1, 15, 19-21 et 15.1-13.

2 Tel croit pouvoir manger de tout, tandis que le faible ne mange que des légumes : 3 que celui qui mange ne méprise pas l’abstinent et que l’abstinent ne juge pas celui qui mange ; Dieu l’a bien accueilli.

4 Toi, qui es-tu pour juger un serviteur d’autrui ? Qu’il reste debout ou qu’il tombe, cela ne concerne que son maître ; d’ailleurs il restera debout, car le Seigneur a la force de le soutenir. 5 Celui-ci préfère un jour à un autre ; celui-là les estime tous pareils : que chacun s’en tienne à son jugement. 6 Celui qui tient compte des jours le fait pour le Seigneur ; et celui qui mange le fait pour le Seigneur, puisqu’il rend grâce à Dieu. Et celui qui s’abstient le fait pour le Seigneur, et il rend grâce à Dieu. 7 En effet, nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; 8 si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. 9 Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants.

10 Mais toi, pourquoi juger ton frère ? et toi, pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu,w

w Qui seul connaît le secret des cœurs, cf. 2.16 ; 1 Co 4.3s.

11 car il est écrit : Par ma vie, dit le Seigneur, tout genou devant moi fléchira, et toute langue rendra gloire à Dieu. 12 C’est donc que chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.

13 Finissons-en donc avec ces jugements les uns sur les autres : jugez plutôt qu’il ne faut rien mettre devant votre frère qui le fasse buter ou tomber. — 14 Je le sais, j’en suis certain dans le Seigneur Jésus, rien n’est impur en soi, mais seulement pour celui qui estime un aliment impur ; en ce cas il l’est pour lui. —

15 En effet,x si pour un aliment ton frère est contristé,y tu ne te conduis plus selon la charité. Ne va pas avec ton aliment faire périr celui-là pour qui le Christ est mort !

x « En effet »; var. : « Mais » ou « Or ».

y En succombant au scandale, ou simplement en voyant son frère commettre une action qu’il réprouve.

16 N’exposez donc pas votre privilègez à l’outrage.

z L’expression désigne probablement la liberté chrétienne, 6.15, dont s’autorisent les forts, mais qu’on interprétait tendancieusement, cf. 3.8.

17 Car le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. 18 Celui en effet qui sert le Christ de la sorte est agréable à Dieu et approuvé des hommes. 19 Poursuivons donc ce qui favorise la paix et l’édification mutuelle. 20 Ne va pas pour un aliment détruire l’œuvre de Dieu.a Tout est pur assurément, mais devient un mal pour l’homme qui mange en donnant du scandale.b

a La personne même du faible, v. 15, ou bien la communauté chrétienne, cf. 1 Co 3.9.

b Littéralement « avec scandale », c’est-à-dire, d’après le contexte (v. 21 qui traite des devoirs du « fort »), en le provoquant. — D’autres entendent : « en le subissant », cf. v. 14.

21 Ce qui est bien, c’est de s’abstenir de viande et de vin et de tout ce qui fait buter ou tomber ou faiblir ton frère.

22 Cette foi que tu as, garde-lac pour toi devant Dieu.d Heureux qui ne se juge pas coupable au moment même où il se décide.

c Var. : « Tu as une conviction ? Garde-la. »

d Cette « foi » correspond à la vérité ; elle vaut devant Dieu. Mais la charité est un principe supérieur.

23 Mais celui qui mange malgré ses doutes est condamné, parce qu’il agit sans bonne foie et que tout ce qui ne procède pas de la bonne foi est péché.

e « Bonne foi », litt. « foi », mais ici au sens de rectitude de conscience, cf. 14.1. — Autres traductions : « parce qu’il n’agit pas par conviction », ou : « parce que son action ne s’inspire pas d’une conviction de foi ».

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