15 Samuel dit à Saül : « C’est moi que Yahvé a envoyé pour t’oindre comme roi sur son peuple Israël. Et maintenant écoute les paroles que prononce Yahvé :
n Le chap. 15 ignore le premier rejet de Saül, 13.8-15, et il condamne seulement Saül, non pas l’institution royale. Mais il souligne l’opposition, inhérente à la monarchie israélite, entre la politique profane et les exigences de Yahvé, opposition qui se traduit par la lutte entre le Roi et le Prophète, ici Saül et Samuel, plus tard Achab et Élie, Ézéchias et Isaïe, Sédécias et Jérémie.
4 Saül convoqua le peuple et le passa en revue à Télaïm : fantassins et dix mille hommes de Juda.
7 Saül frappa Amaleq depuis Havila jusqu’à l’entrée de Shur, qui est face à l’Égypte.
o L’anathème est l’offrande faite à Dieu de tout le butin acquis par la victoire. Or Saül et le peuple ont manqué à l’anathème qui doit frapper tous les êtres vivants. Offrir le meilleur du butin en sacrifice (v. 15) ne répond pas à la prescription. Saül a agi sans prendre au sérieux l’ordre de Dieu, et c’est là le drame sa faute est d’avoir choisi, pour complaire au peuple, une autre manière d’honorer Dieu. Entre Yahvé qui l’a élu et le peuple qui l’a acclamé et reconnu, Saül a cherché un compromis, il ne s’est pas décidé exclusivement pour Yahvé.
10 La parole de Yahvé fut adressée à Samuel en ces termes :
12 De bon matin, Samuel se leva pour aller à la rencontre de Saül. On lui donna cette information : « Saül est allé à Karmelp pour s’y dresser un monument, puis il est reparti plus loin et il est descendu à Gilgal. »
p Ville au sud d’Hébron, cf. 25.2s. Le site se trouve sur la route de Saül, du Négeb vers Gilgal.
16 Mais Samuel dit à Saül : « Cesse donc, je vais t’annoncer ce que Yahvé m’a déclaré cette nuit. » Il lui dit : « Parle. »
21 Dans le butin, le peuple a pris petit et gros bétail, prémices de l’anathème, pour le sacrifier à Yahvé ton Dieu à Gilgal. »
« Yahvé se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices
comme à l’obéissance à la parole de Yahvé ?
Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice,
la docilité, plus que la graisse des béliers.
q Samuel ne condamne pas le culte sacrificiel en général. Mais c’est l’obéissance intérieure qui plaît à Dieu, non le seul rite extérieur. Accomplir celui-ci contre le gré de Dieu, c’est apporter son hommage à un autre que Dieu, c’est tomber dans l’idolâtrie, ici évoquée par la sorcellerie et les téraphim, ces idoles auxquelles on confiait la garde des maisons et des biens, Gn 31.19, 30s ; 19.13.
23 Car c’est une rébellion le péché de divination,
le méfait des téraphim,r c’est de la présomption !
Parce que tu as rejeté la parole de Yahvé, il t’a rejeté ; tu n’es plus roi ! »
r La condamnation des téraphim comme moyen de sorcellerie n’apparaît qu’à une époque tardive.
24 Saül dit à Samuel : « J’ai péché en transgressant l’ordre de Yahvé et de tes paroles, parce que j’ai eu peur du peuple et je lui ai obéi.
s Incise théologique reprenant Nb 23.19.
t Le rejet de Saül par Dieu ne sera pas immédiatement effectif et Saül continue à exercer la charge royale. Samuel accepte de confirmer l’autorité de Saül en paraissant avec lui au sanctuaire.
32 Puis Samuel dit : « Amenez-moi Agag, le roi d’Amaleq. » Agag vint à lui l’air satisfait et dit : « Vraiment, l’amertume de la mort s’est écartée ! »u
u Puisque l’anathème ne lui a pas été appliqué, Agag croit avoir échappé à la mort.
« Comme ton épée a privé des femmes de leurs enfants,
de même, parmi les femmes, que ta mère soit privée de son enfant ! »
Et Samuel exécuta Agagv devant Yahvé à Gilgal.
v Samuel accomplit ce qui avait dû être fait par Saül.
34 Samuel partit pour Rama et Saül remonta chez lui à Gibéa de Saül.
w Cf. pourtant 19.22-24, d’une autre tradition.