Bible de Jérusalem – Exode 18
Rencontre de Jéthro et de Moïse.o
18 Jéthro, prêtre de Madiân, beau-père de Moïse, entendit raconter tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et pour Israël son peuple : comment Yahvé avait fait sortir Israël d’Égypte.
o Récit probablement de tradition élohiste qui se rattache à celui du séjour de Moïse en Madiân, 2.11—4.31. — On a voulu donner au yahvisme une origine madianite c’est en Madiân que Moïse a reçu la révélation du nom de Yahvé, 3.1s ; Jéthro est « prêtre de Madiân », 18.1, il invoque le nom de Yahvé, v. 10, lui offre des sacrifices et préside le repas qui suit, v. 12. En fait, Jéthro reconnaît la grandeur et la puissance de Yahvé, ce qui ne signifie pas que Yahvé était son Dieu, ni même qu’il se convertit à Yahvé (cf., par exemple, les professions de foi du Pharaon, 9.27, et de Rahab, Jos 2.9-10), bien que la tradition ait pu l’interpréter ainsi, v. 12. La « montagne de Dieu », v. 5, n’est pas un sanctuaire madianite desservi par Jéthro il y vient pour rencontrer Moïse et en repart pour son pays, v. 27. L’origine madianite du nom de Yahvé demeure, elle aussi, une pure hypothèse, cf. 3.13. De toute manière, emprunté ou non, le nom de Yahvé exprimera une réalité religieuse toute nouvelle.
2 Jéthro, le beau-père de Moïse, prit Çippora, la femme de Moïse, après qu’il l’eut renvoyée,p p Seule mention d’un renvoi de la femme de Moïse. Tradition indépendante de celle d’4.19-20, 24-26.
3 ainsi que ses deux fils. L’un s’appelait Gershom car, avait-il dit, « Je suis un immigré en terre étrangère »,
4 l’autre s’appelait Éliézerq car, « le Dieu de mon père est mon secours et m’a délivré de l’épée de Pharaon ». q Gershom cf. 2.22, Eliézer ’Éli , mon Dieu (est) `ezer , secours.
5 Jéthro, le beau-père de Moïse, vint trouver Moïse avec ses fils et sa femme au désert où il campait, à la montagne de Dieu.
6 Il dit à Moïse : « Je suisr ton beau-père Jéthro qui suis venu à toi, avec ta femme et ses deux fils. » r On traduit hébr. qui ne semble pas logique au v. suivant Moïse sort à la rencontre de son beau-père ; grec et syr. lisent « On dit à Moïse « Voici que ton beau-père vient à toi... » On peut supposer dans hébr. « il fit dire » au lieu de « Il dit ».
7 Moïse sortit à la rencontre de son beau-père, se prosterna devant lui, l’embrassa et, s’étant mutuellement interrogés sur leur santé, ils se rendirent à la tente.
8 Moïse raconta à son beau-père tout ce que Yahvé avait fait à Pharaon et aux Égyptiens à cause d’Israël, ainsi que toutes les tribulations qu’ils avaient rencontrées en chemin, et dont Yahvé les avait délivrés.
9 Jéthro se réjouit de tout le bien que Yahvé avait fait à Israël, de ce qu’il l’avait délivré de la main des Égyptiens.
10 Jéthro dit alors : « Béni soit Yahvé qui vous a délivrés de la main des Égyptiens et de la main de Pharaon, qui a délivré le peuple de la sujétion égyptienne.
11 Maintenant je sais que Yahvé est plus grand que tous les dieux... »s
s La fin du v. « car dans l’affaire où ils agissaient orgueilleusement contre eux » est probablement incomplète ou corrompue.
12 Jéthro, le beau-père de Moïse, offrit à Dieu un holocauste et des sacrifices. Aaron et tous les anciens d’Israël vinrent manger avec le beau-père de Moïse en présence de Dieu.t
t « offrit » versions ; « prit » hébr. — Ce verset semble interpréter la déclaration de Jéthro comme une conversion (il offre des sacrifices) ; il pourrait être une addition.
Institution des Juges.u
13 Le lendemain, Moïse s’assit pour rendre la justice au peuple, tandis que le peuple demeurait debout auprès de lui du matin au soir.
u Mesure qui suppose un peuple déjà nombreux et sédentarisé, cf. v. 23, et attribue à Moïse une décentralisation du pouvoir judiciaire qui est sûrement très postérieure. Cependant le fait qu’une telle mesure soit attribuée à l’intervention de Jéthro peut témoigner d’une influence madianite sur la première organisation du peuple.
14 Le beau-père de Moïse, voyant tout ce qu’il faisait pour le peuple, lui dit : « Comment t’y prends-tu pour traiter seul les affaires du peuple ? Pourquoi sièges-tu seul alors que tout le peuple se tient auprès de toi du matin au soir ? »
15 Moïse dit à son beau-père : « C’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu.
16 Lorsqu’ils ont une affaire, ils viennent à moi. Je juge entre l’un et l’autre et je leur fais connaître les décrets de Dieu et ses lois. »
17 Le beau-père de Moïse lui dit : « Tu t’y prends mal !
18 À coup sûr tu t’épuiseras, toi et le peuple qui est avec toi, car la tâche est trop lourde pour toi ; tu ne pourras pas l’accomplir seul.
19 Maintenant écoute le conseil que je vais te donner pour que Dieu soit avec toi. Tiens-toi à la place du peuple devant Dieu, et introduis toi-même leurs causes auprès de Dieu.
20 Instruis-les des décrets et des lois, fais-leur connaître la voie à suivre et la conduite à tenir.
21 Mais choisis-toi parmi tout le peuple des hommes capables, craignant Dieu, sûrs, incorruptibles, et établis-les sur eux comme chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines.
22 Ils jugeront le peuple en tout temps. Toute affaire importante, ils te la déféreront et toute affaire mineure, ils la jugeront eux-mêmes. Allège ainsi ta charge et qu’ils la portent avec toi.
23 Si tu fais cela et que Dieu te l’ordonne tu pourras tenir et tout ce peuple, de son côté, pourra rentrer en paix chez lui. »
24 Moïse suivit le conseil de son beau-père et fit tout ce qu’il lui avait dit.
25 Moïse choisit dans tout Israël des hommes capables, et il les mit chefs du peuple : chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines.
26 Et ils jugeaient le peuple en tout temps. Toute affaire importante, ils la déféraient à Moïse, et toute affaire mineure, ils la jugeaient eux-mêmes.
27 Puis Moïse laissa repartir son beau-père qui reprit le chemin de son pays.