Bible de Jérusalem – Jean 18
2. LA PASSION
L’arrestation de Jésus.
18 Ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin dans lequel il entra, ainsi que ses disciples.
2 Or Judas, qui le livrait, connaissait aussi ce lieu, parce que bien des fois Jésus et ses disciples s’y étaient réunis.
3 Judas donc, menant la cohortes et des gardes détachés par les grands prêtres et les Pharisiens, vient là avec des lanternes, des torches et des armes.
s Un détachement de la garnison romaine de Jérusalem.
4 Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui advenir, sortit et leur dit : « Qui cherchez-vous ? »
5 Ils lui répondirent : « Jésus le Nazôréen. » Il leur dit : « C’est moi. »t Or Judas, qui le livrait, se tenait là, lui aussi, avec eux. t Littéralement « Je suis ». Allusion au Nom divin que Jésus porte en lui, 8.24, et dont la majesté terrasse ses adversaires. Si Jésus est arrêté, c’est donc parce qu’il le veut bien, 10.17-18 ; cf. Mt 26.53.
6 Quand Jésus leur eut dit : « C’est moi », ils reculèrent et tombèrent à terre.
7 De nouveau il leur demanda : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent : « Jésus le Nazôréen. »
8 Jésus répondit : « Je vous ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s’en aller »,
9 afin que s’accomplît la parole qu’il avait dite :
« Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul. »
10 Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, le tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. Ce serviteur avait nom Malchus.
11 Jésus dit à Pierre : « Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? »
Jésus devant Anne et Caïphe. Reniements de Pierre.
12 Alors la cohorte, le tribun et les gardes des Juifs saisirent Jésus et le lièrent.
13 Ils le menèrent d’abord chez Anne ; c’était en effet le beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là.
14 Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : « Il y a intérêt à ce qu’un seul homme meure pour le peuple. »
15 Or Simon-Pierre suivait Jésus, ainsi qu’un autre disciple.u Ce disciple était connu du grand prêtre et entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre,
u n’en dit pas plus sur le procès juif, parce que ce procès remplit en fait tout son évangile, depuis l’interrogatoire de Jean, 1.19, jusqu’à la décision de tuer Jésus, 11.49-53.
16 tandis que Pierre se tenait près de la porte, dehors. L’autre disciple, celui qui était connu du grand prêtre, sortit donc et dit un mot à la portière et il fit entrer Pierre.
17 La servante, celle qui gardait la porte, dit alors à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? » Lui dit : « Je n’en suis pas. »
18 Les serviteurs et les gardes, qui avaient fait un feu de braise, parce que le temps était froid, se tenaient là et se chauffaient. Pierre aussi se tenait là avec eux et se chauffait.
19 Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine.
20 Jésus lui répondit : « C’est au grand jour que j’ai parlé au monde, j’ai toujours enseigné en synagogue et dans le Temple où tous les Juifs s’assemblent et je n’ai rien dit en secret.
21 Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui ont entendu ce que je leur ai enseigné ; eux, ils savent ce que j’ai dit. »
22 À ces mots, l’un des gardes, qui se tenait là, donna une gifle à Jésus en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ? »
23 Jésus lui répondit :
« Si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »
24 Anne l’envoya alors, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe.v v Sur le silence de concernant le procès de Jésus devant le Sanhédrin, cf. 10.22.
25 Or Simon-Pierre se tenait là et se chauffait. Ils lui dirent : « N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? » Lui le nia et dit : « Je n’en suis pas. »
26 Un des serviteurs du grand prêtre, un parent de celui à qui Pierre avait tranché l’oreille, dit : « Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ? »
27 De nouveau Pierre nia, et aussitôt un coq chanta.
Jésus devant Pilate.
28 Alors ils mènent Jésus de chez Caïphe au prétoire.w C’était le matin. Eux-mêmes n’entrèrent pas dans le prétoire, pour ne pas se souiller,x mais pour pouvoir manger la Pâque.
w Tribunal du procurateur romain.
x Pénétrer dans la maison d’un païen constituait une impureté légale, cf. Ac 11.2s. — Selon Jn, la Pâque des Juifs n’est pas encore arrivée ; Jésus sera mis à mort au moment où l’on immolait les agneaux dans le Temple, la veille de la Pâque, 19.14 ; cf. 19.31, 42 il est le véritable Agneau pascal, 19.36 ; 1 Co 5.7. Les Synoptiques supposent une chronologie différente : Jésus aurait été mis à mort le jour de la Pâque, cf. Mt 26.17s.
29 Pilate sortit donc au-dehors, vers eux, et il dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »
30 Ils lui répondirent : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. »
31 Pilate leur dit : « Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre Loi. » Les Juifs lui dirent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort »,y y Les Romains avaient retiré au Sanhédrin le droit de vie et de mort. De la main des Juifs, Jésus aurait été lapidé, cf. 8.59 ; 10.31, et non pas crucifié (« élevé »).
32 afin que s’accomplît la parole qu’avait dite Jésus, signifiant de quelle mort il devait mourir.
33 Alors Pilate entra de nouveau dans le prétoire ; il appela Jésus et dit : « Tu es le roi des Juifs ? »
34 Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? »
35 Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi. Qu’as-tu fait ? »
36 Jésus répondit :
« Mon royaume n’est pas de ce monde.
Si mon royaume était de ce monde,
mes gens auraient combattu
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
Mais mon royaume n’est pas d’ici. »
37 Pilate lui dit : « Donc tu es roi ? » Jésus répondit : « Tu le dis : je suis roi.
Je ne suis né,
et je ne suis venu dans le monde,
que pour rendre témoignage à la vérité.
Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
38 Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Et, sur ce mot, il sortit de nouveau et alla vers les Juifs. Et il leur dit : « Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation.z
z Om. « en lui ». Var. « contre lui ».
39 Mais c’est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu’un à la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
40 Alors ils vociférèrent de nouveau, disant : « Pas lui, mais Barabbas ! » Or Barabbas était un brigand.