2 l Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode,m voici que des mages venus d’Orientn arrivèrent à Jérusalem
l Après avoir présenté au chap. 1 la personne de Jésus, fils de David et fils de Dieu, caractérise au chap. 2 sa mission de salut offert aux païens, dont il attire les sages à sa lumière, vv. 1-12, et de souffrance dans son propre peuple, dont il revit les expériences douloureuses le premier exil en Égypte, 13-15, la deuxième captivité, 16-18, le retour humilié du petit « Reste », naçur , 19-23 (cf. v. 23). Ces récits de caractère haggadique enseignent à l’aide d’événements ce que Lc 2.30-34 enseigne par les paroles prophétiques de Syméon, cf. Lc 2.34.
m Vers l’an 5 ou 4 avant l’ère chrétienne, celle-ci commençant par erreur quelques années après la naissance du Christ, cf. Lc 2.2 ; 3.1. Hérode régna de 37 à 4 avant notre ère. Son royaume en vint à comprendre la Judée, l’Idumée, la Samarie, la Galilée, la Pérée, et d’autres régions du côté du Hauran.
n Un tel récit demande qu’on laisse à ce terme le vague d’une désignation très générale la région par excellence des sages astrologues que sont les « mages ». On peut penser à la Perse, à Babylone, ou à l’Arabie du Sud.
o Autre traduction (Vulg.) « à l’orient ». De même au v. 9.
p Appelés aussi « docteurs de la Loi », Lc 5, 17 ; Ac 5, 34, ou « légistes », Lc 7.30 ; 10.25, etc., les « scribes » avaient pour fonction d’interpréter les Écritures, et en particulier la Loi mosaïque, pour en tirer les règles de conduite de la vie juive cf. Esd 7.6, 11 ; Si 39.2. Ce rôle leur valait prestige et influence parmi le peuple. Ils se recrutaient surtout, mais non exclusivement, parmi les Pharisiens, 3.7. Ils étaient membres du Grand Sanhedrin, avec les grands prêtres et les anciens.
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es nullement le moindre des clans de Juda ;
car de toi sortira un chef
qui sera pasteur de mon peuple Israël. »
7 Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l’apparition de l’astre,
q L’évangéliste songe manifestement à un astre miraculeux, dont il est vain de chercher une explication naturelle.
r Richesses et parfums d’Arabie, Jr 6.20 ; Ez 27.22. Les Pères y ont vu symbolisées la Royauté (or), la Divinité (encens) et la Passion (myrrhe) du Christ. L’adoration des Mages accomplit les oracles messianiques sur l’hommage des nations au Dieu d’Israël, cf. Nb 24.17 ; Isa 49.23 ; 60.5s ; Ps 72.10-15.
13 Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
D’Égypte j’ai appelé mon filss
s Israël, le « fils » du texte prophétique, était donc une figure du Messie.
16 Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages,t fut pris d’une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d’après le temps qu’il s’était fait préciser par les mages.
t Ce récit a un parallèle, qui est un précédent, dans l’enfance de Moïse racontée par les traditions rabbiniques après que la naissance de l’enfant a été annoncée, soit par des visions, soit par des magiciens, le Pharaon fait massacrer des enfants nouveau-nés.
u Au sens premier de ce texte, ce sont les hommes d’Éphraïm, Manassé et Benjamin, massacrés ou déportés par les Assyriens, que pleure Rachel leur aïeule. L’application que fait Matthieu a pu lui être suggérée par une tradition qui plaçait le tombeau de Rachel dans le territoire de Bethléem, Gn 35.19s.
18 Une voix dans Rama s’est fait entendre,
pleur et longue plainte :
c’est Rachel pleurant ses enfants ;
et ne veut pas qu’on la console,
car ils ne sont plus.
19 Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte,
v Ce fils d’Hérode par Malthaké (de même que Hérode Antipas) fut ethnarque de Judée de 4 av. J.-C. à 6 ap. J.-C.
w Domaine d’Hérode Antipas, cf. Lc 3.1.
x « Nazôréen » (Nazôraios, forme adoptée par Mt, Jn et Ac) et son synonyme « Nazarénien » (Nazarenos, forme adoptée par Mc ; Lc a les deux formes) sont deux transcriptions courantes d’un adjectif araméen (nasraya), lui-même dérivé du nom de ville « Nazareth » (Nasrath). Appliqué à Jésus, dont il caractérisait l’origine, 26.69, 71 puis à ses sectateurs, Ac 24.5, ce terme s’est maintenu dans le monde sémitique pour désigner les disciples de Jésus, tandis que le nom de « chrétien », Ac 11.26, a prévalu dans le monde gréco-romain. — On ne voit pas clairement à quels oracles prophétiques fait ici allusion ; on peut songer au nazîr de Jg 13.5, 7, ou au neçer « rejeton » de Isa 11.1, ou mieux encore à naçar « garder » d’Isa 42.6 ; 49.8, d’où naçur = le Reste.