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Bible de Jérusalem – Matthieu 20

Parabole des ouvriers envoyés à la vigne.h

20 « Car il en va du Royaume des Cieux comme d’un propriétaire qui sortit au point du jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.

h En embauchant jusqu’au soir des ouvriers sans travail et en leur donnant à tous plein salaire, le maître de la vigne fait preuve d’une bonté qui va plus loin que la justice, sans d’ailleurs léser celle-ci. Tel est Dieu, qui introduit dans son Royaume des tard-venus comme les pécheurs et les païens. Les appelés de la première heure (les Juifs bénéficaires de l’Alliance depuis Abraham) ne doivent pas s’en scandaliser.

2 Il convint avec les ouvriers d’un denier pour la journée et les envoya à sa vigne. 3 Sorti vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient, désœuvrés, sur la place, 4 et à ceux-là il dit : « Allez, vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai un salaire équitable. » 5 Et ils y allèrent. Sorti de nouveau vers la sixième heure, puis vers la neuvième heure, il fit de même. 6 Vers la onzième heure, il sortit encore, en trouva d’autres qui se tenaient là et leur dit : « Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans travailler ? » — 7 « C’est que, lui disent-ils, personne ne nous a embauchés. » Il leur dit : « Allez, vous aussi, à la vigne. » 8 Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Appelle les ouvriers et remets à chacun son salaire, en remontant des derniers aux premiers. » 9 Ceux de la onzième heure vinrent donc et touchèrent un denier chacun. 10 Les premiers, venant à leur tour, pensèrent qu’ils allaient toucher davantage ; mais c’est un denier chacun qu’ils touchèrent, eux aussi. 11 Tout en le recevant, ils murmuraient contre le propriétaire : 12 « Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les as traités comme nous, qui avons porté le fardeau de la journée, avec sa chaleur. » 13 Alors il répliqua en disant à l’un d’eux : « Mon ami, je ne te lèse en rien : n’est-ce pas d’un denier que nous sommes convenus ? 14 Prends ce qui te revient et va-t’en. Il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu’à toi : 15 n’ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît ? Ou faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ? » 16 Voilà comment les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »i

i Add. « Car beaucoup sont appelés, mais peu élus », sans doute par emprunt à 22.14.

Troisième annonce de la Passion.

17 Devant monter à Jérusalem, Jésus prit avec lui les Douze en particulier et leur dit pendant la route : 18 « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort 19 et le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix ; et le troisième jour, il ressuscitera. »

Demande de la mère des fils de Zébédée.

20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui, avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose. 21 « Que veux-tu ? » lui dit-il. Elle lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »j

j Les apôtres attendent pour le Royaume du Christ une manifestation immédiate et glorieuse qui sera en fait reportée à son second avènement, cf. 4.17 ; Ac 1.6.

22 Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupek que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » —

k Métaphore biblique, cf. Isa 51.17, qui désigne ici la Passion prochaine.

23 « Soit, leur dit-il, vous boirez ma coupe ;l quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, mais c’est pour ceux à qui mon Père l’a destiné. »m

l Jacques, fils de Zébédée, fut mis à mort par Hérode Agrippa, vers 44, Ac 12.2. S’il n’a pas lui-même subi le martyre, Jean son frère n’en fut pas moins étroitement associé aux souffrances du Maître.

m La mission du Christ sur terre n’est pas de distribuer aux hommes des récompenses, mais de souffrir pour les sauver, cf. Jn 3.17 ; 12.47.

Les chefs doivent servir.

24 Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères.

25 Les ayant appelés près de lui, Jésus dit : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. 26 Il n’en doit pas être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, 27 et celui qui voudra être le premier d’entre vous, sera votre esclave. 28 C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançonn pour une multitude. »o

n Les péchés des hommes entraînent une dette à l’égard de la Justice divine, la peine de mort exigée par la Loi, 1 Co 15.56 ; 2 Co 3.7, 9 ; Ga 3.13 ; Rm 8.3-4 (et les notes). Pour les affranchir de cet esclavage du péché et de la mort, Rm 3.24, Jésus paiera la rançon et acquittera la dette en versant le prix de son sang, 1 Co 6.20 ; 7.23 ; Ga 3.13 ; 4.5 (et les notes), c’est-à-dire en mourant à la place des coupables, ainsi qu’il était annoncé du « Serviteur de Yahvé », Isa 53. Le terme sémitique que traduit « une multitude », Isa 53.11s, oppose le grand nombre des rachetés à l’unique Rédempteur, sans impliquer que ce nombre soit limité, Rm 5.6-21. Cf. 26.28.

o Des témoins ajoutent ici un passage qui provient sans doute de quelque évangile apocryphe « Mais vous, vous cherchez de petits à devenir grands, et de grands vous vous rendez petits. Lorsque vous venez à un banquet auquel on vous a invités, ne prenez pas les places d’honneur, de peur que survienne un plus digne que toi et que le maître du banquet vienne te dire « Recule vers le bas », et tu seras couvert de confusion. Mais si tu prends la place inférieure, et que survienne un moins digne que toi, le maître du banquet te dira « Avance vers le haut », et cela te sera avantageux ». Cf. Lc 14.8-10.

Les deux aveugles de Jéricho.

29 Comme ils sortaient de Jéricho, une foule nombreuse le suivit. 30 Et voici que deux aveugles étaient assis au bord du chemin ; quand ils apprirent que Jésus passait, ils s’écrièrent : « Seigneur ! aie pitié de nous, fils de David ! » 31 La foule les rabroua pour leur imposer silence ; mais ils redoublèrent leurs cris : « Seigneur ! aie pitié de nous, fils de David ! » 32 Jésus, s’arrêtant, les appela et dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui disent : 33 « Seigneur, que nos yeux s’ouvrent ! » 34 Pris de pitié, Jésus leur toucha les yeux et aussitôt ils recouvrèrent la vue. Et ils se mirent à sa suite.

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