Bible de Jérusalem – Actes 26
26 Agrippa dit à Paul : « Tu es autorisé à plaider ta cause. » Alors, étendant la main, Paul présenta sa défense :
Discours de Paul devant le roi Agrippa.b
2 « De tout ce dont me chargent les Juifs, je m’estime heureux, roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me disculper devant toi,
b Après un exorde flatteur, vv. 2-3, cf. 24.2-3, 10, Paul proclame la parfaite conformité de sa foi chrétienne avec la croyance pharisienne en la résurrection, vv. 4-8, cf. 23.6 ; il raconte ensuite les circonstances de sa conversion, vv. 9-18, cf. 9.1-18 ; 22.3-16 ; il termine par un résumé de sa prédication, qui n’annonce le christianisme que comme l’accomplissement des Écritures, vv. 19-23, cf. 13.15-47. Derrière le différend actuel, on voit apparaître ici toute la question des rapports entre judaïsme et christianisme, cf. 24.14.
3 d’autant plusc que tu es au courant de toutes les coutumes et controverses des Juifs. Aussi, je te prie de m’écouter avec patience.c Autre traduction « plus que personne ».
4 « Ce qu’a été ma vie depuis ma jeunesse, comment depuis le début j’ai vécu au sein de ma nation, à Jérusalem même, tous les Juifs le savent.
5 Ils me connaissent de longue date et peuvent, s’ils le veulent, témoigner que j’ai vécu suivant le parti le plus strict de notre religion, en Pharisien.
6 Maintenant encore, si je suis mis en jugement, c’est à cause de mon espérance en la promesse faite par Dieu à nos pères
7 et dont nos douze tribus, dans le culte qu’elles rendent à Dieu avec ardeur, nuit et jour, espèrent atteindre l’accomplissement.d C’est pour cette espérance, ô roi, que je suis mis en accusation par les Juifs.
d L’espérance messianique se concrétise dans la croyance en la résurrection des justes, destinés à prendre part au Royaume de la fin des temps, cf. Dn 12.1-3 ; 2 M 7.9. Cette espérance a reçu un commencement de réalisation dans la résurrection du Christ, qui devient ainsi le fondement de l’espérance chrétienne, 1 Co 15.15-22 ; Col 1.18.
8 Pourquoi juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts ?e e Var. vv. 7-8 « cette promesse pour laquelle nos douze tribus rendent à Dieu, nuit et jour, un culte persévérant, dans l’espoir d’en atteindre l’accomplissement ; c’est pour elle que je suis mis maintenant en accusation par les Juifs à savoir que Dieu ressuscite les morts. »
9 « Pour moi donc, j’avais estimé devoir employer tous les moyens pour combattre le nom de Jésus le Nazôréen.
10 Et c’est ce que j’ai fait à Jérusalem ; j’ai moi-même jeté en prison un grand nombre de saints, ayant reçu ce pouvoir des grands prêtres, et quand on les mettait à mort, j’apportais mon suffrage.
11 Souvent aussi, parcourant toutes les synagogues, je voulais, par mes sévices, les forcer à blasphémer et, dans l’excès de ma fureur contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères.
12 « C’est ainsi que je me rendis à Damas avec pleins pouvoirs et mission des grands prêtres.
13 En chemin, vers midi, je vis, ô roi, venant du ciel et plus éclatante que le soleil, une lumière qui resplendit autour de moi et de ceux qui m’accompagnaient.
14 Tous nous tombâmes à terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? Il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon. »f
f Expression proverbiale chez les Grecs pour caractériser une résistance inutile comme celle du bœuf qui, en donnant de la patte contre l’aiguillon, ne réussit qu’à se blesser.
15 Je répondis : « Qui es-tu, Seigneur ? » Le Seigneur dit : « Je suis Jésus, que tu persécutes.
16 Mais relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi.
17 C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t’envoie, moi,
18 pour leur ouvrir les yeux, afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumièreg et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchésh et une part d’héritage avec les sanctifiés. »g La mission de Paul est ici décrite à l’aide de traits bibliques relatifs aux grandes missions prophétiques Jérémie et le Serviteur de Yahvé.
h En 9.17-18, c’est Paul qui passe des ténèbres à la lumière en recouvrant la vue. En 22.16 (cf. 9.18), c’est Paul qui doit se purifier de ses péchés en recevant le baptême. Ainsi ce qu’il a éprouvé lui-même devient un symbole de sa mission à l’égard des autres.
19 « Dès lors, roi Agrippa, je n’ai pas été rebelle à la vision céleste.
20 Bien au contraire, aux habitants de Damas d’abord, à Jérusalem et dans tout le pays de Judée, puis aux païens, j’ai prêché qu’il fallait se repentir et revenir à Dieu en faisant des œuvres qui conviennent au repentir.
21 Voilà pourquoi les Juifs, s’étant saisis de moi dans le Temple, essayaient de me tuer.
22 Soutenu par la protection de Dieu, j’ai continué jusqu’à ce jour à rendre mon témoignage devant petits et grands, sans jamais rien dire en dehors de ce que les Prophètes et Moïse avaient déclaré devoir arriver :
23 que le Christ souffrirait et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations païennes. »
Réactions de l’auditoire.
24 Il en était là de sa défense, quand Festus dit à haute voix : « Tu es fou, Paul ; ton grand savoir te fait perdre la tête. »i
i Festus est abasourdi par l’érudition biblique de Paul et aussi, sans doute, par la manière juive d’argumenter. Agrippa, lui, se tait, visiblement ébranlé voir sa réponse évasive au v. 28.
25 Sur quoi Paul de dire : « Je ne suis pas fou, très excellent Festus, mais je parle un langage de vérité et de bon sens.
26 Car il est instruit de ces choses, le roi, auquel je m’adresse en toute assurance, persuadé que rien ne lui en est étranger. Car ce n’est pas dans un coin que cela s’est passé !j
j Il s’agit des faits par lesquels s’accomplissent les Écritures (v. 23) la passion et la résurrection de Jésus, l’extension de la prédication apostolique. Tout cela est de notoriété publique.
27 Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que tu y crois. »
28 Et le roi Agrippa de répondre à Paul : « Encore un peu et, par tes raisons, tu vas faire de moi un chrétien ! »k k Le mot a encore sa valeur de sobriquet, cf. 11.26. — Var. « Encore un peu, et tu me persuades de devenir chrétien ! » ou « Encore un peu, et tu te persuades m’avoir fait chrétien ! »
29 Et Paul : « Qu’il s’en faille de peu ou de beaucoup,l puisse Dieu faire que non seulement toi, mais tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis moi-même, à l’exception des chaînes que voici. »l Jeu de mots sur le « encore un peu » d’Agrippa.
30 Là-dessus le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Bérénice et ceux qui étaient assis avec eux.
31 En se retirant, ils parlaient entre eux : « Cet homme, disaient-ils, n’a rien fait qui mérite la mort ni les chaînes. »
32 Agrippa, lui, dit à Festus : « On aurait pu relâcher cet homme s’il n’en avait appelé à César. »