3 Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel.
r L’homme ne dispose pour agir que du moment présent et il ne peut faire qu’une seule chose en son temps. La moitié des occupations de l’homme est sinistre, la moitié de ses gestes, des gestes de deuil. La mort a déjà mis son empreinte sur la vie. Celle-ci est une suite d’actes décousus, vv. 1-8, sans but, vv. 9-13. Et Dieu réédite ce qui a déjà eu lieu (vv. 14-15) rien de nouveau (cf. Qo 1.9).
2 Un temps pour enfanter,
et un temps pour mourir ;
un temps pour planter,
et un temps pour arracher le plant.
3 Un temps pour tuer,
et un temps pour guérir ;
un temps pour détruire,
et un temps pour bâtir.
4 Un temps pour pleurer,
et un temps pour rire ;
un temps pour gémir,
et un temps pour danser.
5 Un temps pour lancer des pierres,
et un temps pour en ramasser ;
un temps pour embrasser,
et un temps pour s’abstenir d’embrassements.
6 Un temps pour chercher,
et un temps pour perdre ;
un temps pour garder,
et un temps pour jeter.
7 Un temps pour déchirer,
et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire,
et un temps pour parler.
8 Un temps pour aimer,
et un temps pour haïr ;
un temps pour la guerre,
et un temps pour la paix.
9 Quel profit celui qui travaille trouve-t-il à la peine qu’il prend ?
s Ou « Dieu a mis dans leur cœur l’éternité », mais cette phrase n’a pas le sens qu’elle prendrait dans le vocabulaire chrétien. Elle veut dire seulement Dieu a donné au cœur (à la pensée) de l’homme l’ensemble de la durée, il lui a permis de réfléchir sur la suite des faits et de dominer le moment présent. Mais l’auteur ajoute que cet aperçu est décevant il ne révèle pas le sens de la vie. Cf. Dt 29.28.
12 Et je sais qu’il n’y a pas de bonheur pour l’homme,t sinon dans le plaisir et le bien-être durant sa vie.
t « pour lui », litt. « pour eux » bâm. On propose « pour l’homme » bâ’adâm cf. Qo 2.24.
14 Je sais que tout ce que Dieu fait sera pour toujours.
À cela il n’y a rien à ajouter,
de cela il n’y a rien à retrancher,
et Dieu fait en sorte qu’on le craigne.
15 Ce qui est fut déjà ; ce qui sera est déjà, et Dieu recherche ce qui a disparu.u
u Littéralement « ce qui est chassé, ce qui a fui », c’est-à-dire le passé (cf. Si 5.3 hébreu). Le midrash Qohélet Rabba a compris « ce qui est poursuivi, persécuté ».
16 Je regarde encore sous le soleil :
à la place du droit, là se trouve le crime,
à la place de la justice, làv se trouve le crime.
v « là » shâmmâh (adverbe avec mouvement) peut se traduire « là-bas », et indiquer le Shéol, ce lieu unique où tout homme s’en va (v. 20).
17 Et je m’étais dit en moi-même : « Le juste et le criminel, Dieu les jugera, car il y a un temps pour toutes choses et pour toute action ici. »w
w Peut-être une addition du second éditeur (cf. 12.14), comme 11.9. La fin du v. 17 répète Qo 3.1.
18 Je me dis en moi-même, en ce qui concerne les enfants des hommes : c’est pour que Dieu les éprouve, et que l’on voie qu’en eux-mêmes, ils sont des bêtes.x
x Allitération dans l’hébr. eux-mêmes (hêmmâ), bêtes (behêmâ).
20 Tout s’en va vers un même lieu :
tout vient de la poussière,
tout s’en retourne à la poussière.
21 Qui connaît le souffle des fils d’Adam, qui monte, lui, vers le haut, et le souffle de la bête qui descend, lui, vers le bas, vers la terre ?y
y Les versions ont ici une double interrogation « Qui sait si le souffle des fils d’Adam monte vers le haut et si le souffle de la bête descend, lui, vers le bas, vers la terre ? » Ce doute suffit à donner toute son épouvante à la mort. Le souffle ne désigne pas l’âme immortelle, mais seulement le souffle vital. La vocalisation de l’hébreu a été retouchée ; le texte reçu est à rapprocher de Qo 12.7 « le souffle retourne à Dieu qui l’a donné », stique que certains considèrent comme une addition évoquant la vie future, ignorée par l’Ecclésiaste.
22 Je vois qu’il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à se réjouir de ses œuvres, car c’est là sa part.