3 L’âme désolée, je soupirai, je pleurai, et je commençai cette prière de lamentation :
2 Tu es juste, Seigneur,
et toutes tes œuvres sont justes.
Toutes tes voies sont grâce et vérité,
et tu es le Juge du monde.
3 Et maintenant, toi, Seigneur,
souviens-toi de moi, regarde-moi.
Ne me punis pas pour mes péchés,
ni pour mes ignorances,
ni pour celles de mes pères.
Car nous avons péché devant toi
4 et violé tes commandements ;
et tu nous as livrés au pillage,
à la captivité et à la mort,
à la fable, à la risée et au blâme
de tous les peuples où tu nous as dispersés.
5 Et maintenant, tous tes décrets sont vrais,
quand tu me traites selon mes fautes
et celles de mes pères.n
Car nous n’avons pas obéi à tes ordres,
ni marché en vérité devant toi.
n « et celles de mes pères » ajouté avec B, Vet. Lat., syr.
6 Et maintenant, traite-moi comme il te plaira,
daigne me retirer la vie :
je veux être délivré de la terre
et redevenir terre.
Car la mort vaut mieux pour moi que la vie.
J’ai subi des outrages sans raison,
et j’ai une immense douleur !
Seigneur, j’attends que ta décision
me délivre de cette épreuve.
Laisse-moi partir au séjour éternel,
ne détourne pas ta face de moi, Seigneur.
Car mieux vaut mourir que passer ma vie
en face d’un mal inexorable,
et je ne veux plus m’entendre outrager.
7 Le même jour, il advint que Sarra, fille de Ragouël, habitant d’Ecbatane en Médie, entendit aussi les insultes d’une servante de son père.
o Le nom d’Asmodée signifierait « celui qui fait périr », cf. l’ange destructeur de 2 S 24.16 ; Sg 18.25 ; Ap 9.11. On retrouve Asmodée dans le Testament de Salomon (où il est comme ici l’ennemi de l’union conjugale) et dans le judaïsme postbiblique. On l’a rapproché d’Aeshma, l’un des démons du parsisme.
p « tu n’as pas eu de chance » A, B, Vet. Lat., syr. ; « tu n’as pas été nommée » S. — Sarra est affligée d’un maléfice qui entraîne la mort de ses fiancés.
q L’un des refrains de l’histoire de Joseph.
Tu es béni, Dieu de miséricorde !
Que ton Nom soit béni dans les
siècles,
et que toutes tes œuvres
te bénissent dans l’éternité !
12 Et maintenant, je lève mon visage
et je tourne les yeux vers toi.
13 Que ta parole me délivre de la terre,
je ne veux plus m’entendre outrager !
14 Tu le sais, toi, Seigneur,
je suis restée pure,
aucun homme ne m’a touchée,
15 je n’ai pas déshonoré mon nom,
ni celui de mon père,
sur ma terre d’exil.
Je suis la fille unique de mon père,
il n’a pas d’autre enfant pour héritier,
il n’a pas de frère auprès de lui,
il ne lui reste aucun parent,
à qui je doive me réserver.
J’ai perdu déjà sept maris,
pourquoi devrais-je vivre encore ?
S’il te déplaît de me faire mourir,
regarde-moi avec pitié,
je ne veux plus m’entendre outrager !r
r « je ne veux plus m’entendre outrager » B, Vet. Lat., syr. ; « entends mon outrage » S. — La fin de la prière est assez différente dans la Vulg. « 18 Si j’ai consenti à prendre mari, ce ne fut pas par passion, mais dans ta crainte. 19 En ce cas, ou bien moi je n’ai pas été digne d’eux, ou bien eux peut-être n’ont-ils pas été dignes de moi. Ou alors, serait-ce que tu m’aurais réservée à un autre mari ? 20 Ton conseil n’est pas à la mesure de l’homme, 21 mais quiconque te révère sait que, s’il a été dans l’épreuve, il sera couronné ; s’il a été dans la tribulation, il sera délivré ; s’il a passé par la correction, il sera admis à ta miséricorde. 22 Car tu ne prends pas plaisir à notre perte, mais, après la tempête, tu amènes le calme et, après les pleurs et les larmes, tu répands l’allégresse... »
16 Cette fois-ci, leur prière, à l’un et à l’autre, fut agréée devant la Gloire de Dieu,
s Raphaël, l’ange protecteur envoyé à Tobit et à Sarra, a d’abord été devant Dieu, 12.12, 15, l’intercesseur de leur prière. Cf. 5.4.