34 Approchez, nations, pour écouter,
peuples, soyez attentifs,
que la terre écoute, et ce qui l’emplit,
le monde et tout son peuplement.
v On donne parfois aux chap. 34-35 d’Isaïe le nom de Petite Apocalypse ; ils contiennent en effet une description des derniers et terribles combats que Yahvé doit mener contre les nations en général, et contre Édom en particulier, chap. 34, suivie de l’annonce du dernier jugement qui rétablira Jérusalem dans toute sa gloire. L’intention et le style de cet ensemble, qui dépend du Second Isaïe, sont comparables à ceux des chap. 24-27 (l’« Apocalypse d’Isaïe ») et appartiennent, comme ceux-ci, à la dernière étape de composition du livre.
2 Car c’est une colère de Yahvé contre toutes les nations,
une fureur contre toute leur armée.
Il les a vouées à l’anathème,
livrées au carnage.
3 Leurs victimes sont jetées dehors,
la puanteur de leurs cadavres se répand,
les montagnes ruissellent de sang,
4 toute l’armée des cieux se disloque.
Les cieux s’enroulent comme un livre,
toute leur armée se flétrit,
comme se flétrissent les feuilles qui tombent de la vigne,
comme se flétrissent celles qui tombent du figuier.
5 Car mon épée s’est abreuvée dans les cieux :
Voici qu’elle s’abat sur Édom,w
sur le peuple voué à l’anathème, pour le punir.
w Lors de la chute de Jérusalem en 587, les Édomites se montrèrent particulièrement hostiles au royaume de Juda et profitèrent de ses malheurs. Aussi les prophètes et les écrivains postérieurs sont-ils généralement sévères contre Édom, cf. Ps 137.7 ; Lm 4.21-22 ; Ez 25.12 ; 35.15 ; Ab 10-16 ; 63.1. Ici, la ruine d’Édom illustre le jugement général de Yahvé contre les nations. Comparer la « cité du néant » (ville de Moab) dans l’apocalypse des chap. 24-27, cf. 24.10.
6 L’épée de Yahvé est pleine de sang,
gluante de graisse,
du sang des agneaux et des boucs,
de la graisse des rognons de béliers ;
car il y a pour Yahvé un sacrifice à Boçra,
un grand carnage au pays d’Édom.
7 Les buffles tombent avec eux,
les veaux avec les bœufs gras,
leur terre est abreuvée de sang,
leur poussière engluée de graisse.
8 Car c’est un jour de vengeance pour Yahvé,
l’année de la rétribution, dans le procès de Sion.
9 Ses torrents se changent en poix,
sa poussière en soufre,
son pays devient de la poix brûlante.
10 Nuit et jour il ne s’éteint pas,
éternellement s’élève sa fumée,
d’âge en âge il sera desséché,
toujours et à jamais, personne n’y passera.
11 Ce sera le domaine du pélican et du hérisson,
la chouette et le corbeau l’habiteront ;
Yahvé y tendra le cordeau du chaos
et le niveau du vide.
12 De nobles, il n’y en a plus
pour proclamer la royauté,
c’en est fini de tous ses princes.
13 Dans ses bastions croîtront les ronces,
dans ses forteresses, l’ortie et l’épine ;
ce sera une tanière de chacals,
un enclos pour les autruches.
14 Les chats sauvages rencontreront les hyènes,
le satyre appellera le satyre,
là encore se tapira Lilith,x
elle trouvera le repos.
x « satyres » ou « boucs sauvages », cf. 13.21, mais le parallèle fait préférer ici des êtres mythologiques, cf. Lv 17.7. Lilith est un démon femelle qui hante les ruines.
15 Là nichera le serpent, il pondra,
fera éclore ses œufs, groupera ses petits à l’ombre.
Là encore se rassembleront les vautours,
les uns vers les autres.
16 Cherchez dans le livre de Yahvéy et lisez :
il n’en manque pas un,
pas un n’est privé de son compagnon.
C’est ainsi que sa bouchez l’a ordonné,
son esprit, lui, les rassemble.
y On y a reconnu le livre authentique d’Isaïe, ou un recueil de prophéties qu’on lui attribuait ; il est effectivement question des mêmes animaux sauvages en 13.20-22. Mais on peut aussi y voir le livre des décrets de Yahvé concernant sa création, vv. 16-17, cf. Ps 139.16.
z « sa bouche » 1QIsa ; « ma bouche » TM.
17 Et c’est lui qui pour eux a jeté le sort,
sa main a fixé leur part au cordeau,
pour toujours ils la posséderont,
d’âge en âge ils y habiteront.a
a Il s’agit toujours des bêtes sauvages des vv. 11s. Le territoire dévasté d’Édom, cf. v. 11, leur est réparti en héritage, comme la Terre Promise l’a été aux Israélites.