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Bible de Jérusalem – 1 Corinthiens 4

4 Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. 2 Or, ce qu’en fin de compte on demande à des intendants, c’est que chacun soit trouvé fidèle. 3 Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunals humain. Bien plus, je ne me juge pas moi-même.

s Littéralement « jour », Paul ironise. Il s’agit du Jour du Seigneur, 1.8, que les hommes imiteraient indûment en prononçant un jugement qui relève de Dieu seul au Jugement dernier.

4 Ma conscience,t il est vrai, ne me reproche rien, mais je n’en suis pas justifié pour autant ; mon juge, c’est le Seigneur.

t Le mot syneidèsis, cf. 1 S 25.31 ; Sg 17.10, prend chez Paul des valeurs proprement chrétiennes. Quelles que soient les normes extérieures, la conduite de l’homme ne relève que de son propre jugement, Ac 23.1 ; 24.16 ; Rm 2.14-15 ; 9.1 ; 13.5 ; 2 Co 1.12, mais ce jugement est soumis à celui de Dieu, ici ; 8.7-12 ; 10.25-29 ; 2 Co 4.2, cf. 1 P 2.19. La conscience est bonne et pure si elle est inspirée par la foi et l’amour : 1 Tm 1.5, 19, etc. ; 1 P 3.16, 21, purifiée par le sang du Christ, He 9.14 ; 10.22.

5 Ainsi donc, ne portez pas de jugement prématuré. Laissez venir le Seigneur ; c’est lui qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les desseins des cœurs. Et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient.

6 En tout cela, frères, je me suis pris comme exemple avec Apollos à cause de vous, pour que vous appreniez, en nos personnes, à ne pas (le « ne pas » est écrit au-dessus du texte)u vous enfler d’orgueil en prenant le parti de l’un contre l’autre.

u Texte difficile. La phrase entre parenthèses a été ajoutée par un copiste scrupuleux qui signale que la négation a été ajoutée sur son exemplaire.

7 Qui donc en effet te distingue ? Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu ? 8 Déjà, vous êtes rassasiés ! déjà vous vous êtes enrichis ! sans nous, vous êtes devenus rois !v Ah ! que ne l’êtes-vous donc, rois, pour que nous partagions, nous aussi, votre royauté !

v Sans nous, vous êtes déjà installés dans le Royaume des cieux et jouissez, jusqu’au rassasiement, de toutes ses richesses !

9 Car Dieu, ce me semble, nous a, nous les apôtres, exhibés au dernier rang, comme des condamnés à mort ; oui, nous avons été livrés en spectaclew au monde, aux anges et aux hommes.

w Comme les condamnés à mort livrés aux bêtes devant la foule des spectateurs.

10 Nous sommes fous, nous, à cause du Christ, mais vous, vous êtes prudents dans le Christ ; nous sommes faibles, mais vous, vous êtes forts ; vous êtes à l’honneur, mais nous dans le mépris.x

x En conclusion de ce passage, vv. 6-10, Paul reprend sur un ton ironique ses thèmes de 1.2 Vous êtes ou vous vous prétendez prudents, forts, honorés ; ce n’est pas selon Dieu mais selon le monde, ce monde qui nous considère comme fous, faibles et méprisables et qui en conséquence nous persécute (vv. 11-13) ; la réalité aux yeux de Dieu est exactement l’inverse.

11 Jusqu’à l’heure présente, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, maltraités et errants ; 12 nous nous épuisons à travailler de nos mains. On nous insulte et nous bénissons ; on nous persécute et nous l’endurons ;

13 on nous calomnie et nous consolons. Nous sommes devenus comme l’ordure du monde, jusqu’à présent l’universel rebut.y

y Les mots traduits par ordure et rebut désignent également les misérables qui servaient de victimes expiatoires dans les calamités publiques. — Souvent Paul revient sur les peines et les persécutions qu’il rencontre dans son apostolat et la façon dont Dieu lui donne de les surmonter : 2 Co 4.7-12 ; 6.4-10 ; 11.23-33 ; 1 Th 3.4 ; 2 Tm 3.10-11. Selon lui, la faiblesse de l’apôtre démontre la puissance de celui qui l’envoie, 2 Co 12.9-10 ; Ph 4.13, parce que la grandeur de l’ouvre accomplie ne peut être attribuée à la seule action de l’envoyé, 2 Co 4.7.

Admonestations.

14 Ce n’est pas pour vous confondre que j’écris cela ; c’est pour vous avertir comme mes enfants bien-aimés. 15 Auriez-vous en effet des milliers de pédagoguesz dans le Christ, que vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui, par l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus.a

z Le pédagogue était un esclave qui avait pour rôle de conduire à ses maîtres l’enfant, puis le jeune homme, de le surveiller, de réprimer ses écarts. La nuance est péjorative.

a Cette paternité spirituelle correspond à ce que Paul dit en 3.6 « Moi j’ai planté » J’ai semé en vous la vie nouvelle de l’Esprit qui vous configure au Christ. Cf. v. 17 ; Ga 4.19 ; Phm 10. Ailleurs, c’est sa tendresse pour ses chrétiens que Paul compare à celle d’un père ou d’une mère, 1 Th 2.7, 11, cf. 2 Co 12.15.

16 Je vous en prie donc, montrez-vous mes imitateurs. 17 C’est pour cela même que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera mes règles de conduiteb dans le Christ Jésus, telles que je les enseigne partout dans toutes les Églises.

b Littéralement « voies », cf. Ps 119.1 ; Jn 14.6 ; Ac 9.2.

18 Dans la pensée que je ne viendrais pas chez vous, certains se sont gonflés d’orgueil. 19 Mais je viendrai bientôt chez vous, s’il plaît au Seigneur, et je jugerai alors non des paroles de ces gonflés d’orgueil, mais de leur puissance ;c

c Il s’agit des réalisations dues à la puissance de l’Esprit (cf. 2.4 ; 1 Th 1.5), et avant tout la conversion et la vie selon l’Esprit.

20 car le Royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance.

21 Que préférez-vous ? Que je vienne chez vous avec des verges, ou bien avec charité et en esprit de douceur ?

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