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Bible de Jérusalem – Galates 4

Filiation divine.

4 Or je dis :z aussi longtemps qu’il est un enfant, l’héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d’un esclave.

z Nouvelle comparaison, empruntée encore aux usages juridiques. En dépit de son élection, le Juif, héritier présomptif, n’était sous le régime de la Loi qu’un esclave, v. 3, et pour un chrétien, vouloir en assumer le joug, c’est retourner à l’état d’enfance, cf. v. 9.

2 Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu’à la date fixée par son père. 3 Nous aussi, durant notre enfance, nous étions asservis aux éléments du monde.a

a Le sens de cette phrase est discuté, v. 9 ; Col 2.8, 20, mais puisque ces « éléments » semblent être considérés comme des êtres personnels, vv. 2, 8, il est probable qu’il s’agit des Esprits célestes qui prétendaient, par le moyen de la Loi, 3.19 ; Col 2.15, maintenir le monde sous leur tutelle, Col 2.18.

4 Mais quand vint la plénitude du temps,b Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi,

b Cette expression désigne l’arrivée des temps messianiques, ou eschatologiques, qui accomplissent la longue attente des siècles comme une mesure enfin pleine. Cf. Mc 1.15 ; Ac 1.7 ; Rm 13.11 ; 1 Co 10.11 ; 2 Co 6.2 ; Ep 1.10 ; He 1.2 ; 9.26 ; 1 P 1.20.

5 afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale.c

c Les deux aspects, négatif et positif, de la rédemption en devenant fils, l’esclave acquiert la liberté. L’esclave libéré est adopté comme fils, non seulement par l’accession légale à l’héritage, v. 7 (cf. 3.29), mais par le don réel de l’Esprit.

6 Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! 7 Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu.

8 Jadis, dans votre ignorance de Dieu, vous fûtes asservis à des dieux qui au vrai n’en sont pas ; 9 mais maintenant que vous avez connu Dieu ou plutôt qu’il vous a connus,d comment retourner encore à ces éléments sans force ni valeur, auxquels à nouveau, comme jadis, vous voulez vous asservir ?

d La conversion des Galates fut l’œuvre de Dieu, qui les a « connus » le premier ; cf. 1 Co 8.2-3 ; 13.12.

10 Observer des jours, des mois, des saisons, des années ! 11 Vous me faites craindre de m’être inutilement fatigué pour vous.

Pourquoi les Galates ont-ils changé ?e

12 Devenez semblables à moi, puisque je me suis fait semblable à vous,f frères, je vous en supplie. Vous ne m’avez nullement offensé.

e Ayant montré que l’on devient fils d’Abraham et de Dieu par la foi seule, Paul rappelle aux croyants de Galatie qu’ils ont autrefois accueilli avec ardeur l’Apôtre et l’Évangile. Leur changement subit reste une énigme.

f Sans doute ici en renonçant aux observances légales, 1 Co 9.21, mais le principe est applicable de façon beaucoup plus large, 1 Co 4.16s ; 11.1 ; Ph 3.17 ; 4.9.

13 Mais vous le savez, ce fut une maladieg qui me donna l’occasion de vous évangéliser la première fois,h

g Qui obligea vraisemblablement l’Apôtre à prolonger son séjour en Galatie ; il en profita pour y annoncer l’Évangile.

h Paul a été en Galatie quand il faisait route vers Corinthe, Ac 16.6, puis de nouveau, en route vers Éphèse, Ac 19, lorsqu’il prêcha la collecte pour les pauvres de Jérusalem, 1 Co 16.1.

14 et, malgré l’épreuve que vous était ce corps infirme, vous n’avez marqué ni mépris ni dégoût ; mais vous m’avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. 15 Que sont donc devenues les félicitations que vous vous adressiez ? Car je vous rends ce témoignage : s’il avait été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. 16 Alors, suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? 17 Leur attachement pour vous n’est pas bon ; ils veulent vous séparer de moi, pour vous attacher à eux. 18 Il est bien de s’attacher les autres pour le bien,i pour toujours, et non pas seulement quand je suis près de vous,

i Var. « Attachez-vous au bien ».

19 mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. 20 Que ne suis-je près de vous en cet instant pour adapter mon langage, car je ne sais comment m’y prendre avec vous.

Les deux alliances : Agar et Sara.j

21 Dites-moi, vous qui voulez vous soumettre à la Loi, n’entendez-vous pas la Loi ?k

j Brusquement, l’Apôtre reprend la question de la filiation, en une argumentation scripturaire allégorique, pour signifier encore que la Loi n’octroie pas la liberté qui est celle des fils.

k Témoignage de l’Écriture, cf. Rm 3.19 ; pour hériter de la promesse il ne suffit pas d’être fils d’Abraham, cf. Mt 3.9 il faut encore l’être, non comme Ismaël, mais comme Isaac, c’est-à-dire en vertu de la promesse, v. 23, d’une descendance qui tient plus de l’esprit que de la chair, v. 29, et par là préfigure celle des chrétiens, v. 28 ; cf. Rm 9.6s. Cet argument fondamental est illustré par d’autres correspondances plus artificielles.

22 Il est écrit en effet qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre ; 23 mais celui de la servante est né selon la chair,l celui de la femme libre en vertu de la promesse.

l Selon les lois ordinaires de la nature, cf. Rm 7.5, sans une intervention spéciale de Dieu pour réaliser sa promesse.

24 Il y a là une allégorie : ces femmes représentent deux alliances ; la première se rattache au Sinaï et enfante pour la servitude : c’est Agar 25 (car le Sinaï est en Arabiem) et elle correspond à la Jérusalem actuelle,n qui de fait est esclave avec ses enfants.

m « car le Sinaï est en Arabie »; var. « Agar représente le Sinaï en Arabie » (ou « en langue arabe »).

n Celle du temps présent, asservie à la Loi, par opposition à la Jérusalem messianique, cf. Isa 2.2, féconde après une longue stérilité, v. 27 ; cf. Isa 54.1-6 ; Ap 21.1.

26 Mais la Jérusalem d’en haut est libre, et elle est notre mère ; 27 car il est écrit : Réjouis-toi, stérile qui n’enfantais pas, éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs ; car nombreux sont les enfants de l’abandonnée, plus que les fils de l’épouse. 28 Or vous, mes frères, à la manière d’Isaac, vous êtes enfants de la promesse. 29 Mais, comme alors l’enfant de la chair persécutait l’enfant de l’esprit, il en est encore ainsi maintenant.o

o Une fois établi le parallélisme entre Ismaël et les Juifs d’un côté, Isaac et les chrétiens de l’autre, Paul en tire deux applications nouvelles. Selon certaines traditions juives, Ismaël « persécutait » Isaac. En tout cas, selon la Bible, Sara, voyant en Ismaël un rival pour son fils, exige l’expulsion d’Agar, Gn 21.9.

30 Eh bien, que dit l’Écriture : Chasse la servante et son fils, car il ne faut pas que le fils de la servante hérite avec le fils de la femme libre. 31 Aussi, mes frères, ne sommes-nous pas enfants d’une servante mais de la femme libre.

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