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Bible de Jérusalem

Actes 19

Des disciples de Jésus à Éphèse.j

19 Tandis qu’Apollos était à Corinthe,k Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Éphèse.l Il y trouva quelques disciples

j Il s’agit de « disciples » de Jésus qui n’avaient reçu que le baptême de Jean — sans doute des mains de Jésus cf. Jn 3.22 ; 4.1-2.

k Soudure rédactionnelle entre les deux notices intercalées dans le récit de voyage. — Le texte occ. porte « Alors qu’en exécution de ses projets, Paul voulait partir pour Jérusalem, l’Esprit lui dit de revenir en Asie. Après avoir donc traversé... »

l Éphèse passait pour être alors, avec Alexandrie, une des plus belles villes de l’empire centre religieux, politique et commercial, de population mélangée.

2 et leur dit : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint quand vous êtes devenus croyants ? » Ils lui répondirent : « Mais nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint. »m

m Ils ignorent non pas son existence — s’ils ont la moindre connaissance de l’Ancien Testament —, mais son effusion, réalisation des promesses messianiques, cf. 2.17-18, 33.

3 Et lui : « Quel baptême avez-vous donc reçu ? » — « Le baptême de Jean », répondirent-ils. 4 Paul dit alors : « Jean a baptisé d’un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c’est-à-dire en Jésus. » 5 À ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus ;

6 et quand Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser. 7 Ces hommes étaient en tout une douzaine.

Fondation de l’Église d’Éphèse.n

8 Paul se rendit à la synagogue et, pendant trois mois, y parla avec assurance. Il discourait et cherchait à persuader ses auditeurs au sujet du Royaume de Dieu.

n Le récit, interrompu par les notices sur Apollos et sur les disciples que Paul trouve à Éphèse reprend 19.8 fait suite à 18.23.19.1.

9 Certains cependant, endurcis et incrédules, décriaient la Voie devant l’assistance. Il rompit alors avec eux et prit à part les disciples. Chaque jour, il les entretenait dans l’école de Tyrannos.o

o Le texte occ. précise qu’il y enseignait entre 11 heures et 16 heures.

10 Il en fut ainsi deux années durant,p en sorte que tous les habitants de l’Asie,q Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur.

p 20.31 dit trois ans. C’est durant ce séjour que Paul écrivit la première lettre aux Corintiens, la lettre aux Galates et, avec quelque probabilité, la lettre aux Philippiens.

q Non pas toute l’Asie proconsulaire (partie occidentale de l’Asie Mineure), mais la région dont Éphèse est le centre avec les sept villes de Ap 1.11. Paul avait confié à Epaphras, un Colossien, le soin d’évangéliser Colosses ; Épaphras avait étendu son apostolat à Laodicée et à Hiérapolis, Col 1.7 ; 4.12-13. Paul était encore secondé par Timothée et Éraste. 19.22, Gaius et Aristarque, 19.29, Tite, dont les Actes ne parlent jamais, et d’autres, cf. 2 Co 12.18. Luc attribue à Paul le travail de toute l’équipe qu’il dirigeait ; cf. Col 4.10.

Les exorcistes juifs.

11 Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, 12 à tel point qu’il suffisait d’appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps : alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s’en allaient.

13 Or quelques exorcistes juifsr ambulants s’essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais. Ils disaient : « Je vous adjure par ce Jésus que Paul proclame. »

r Sur la pratique des exorcismes chez les Juifs, cf. Mt 12.27. Jésus lui-même, et les apôtres après lui, cf. 5.16 ; 16.18, ont fréquemment délivré des démoniaques, cf. Mt 8.29.

14 Il y avait sept fils de Scéva, un grand prêtre juif, qui agissaient de la sorte. 15 Mais l’esprit mauvais leur répliqua : « Jésus, je le connais, et Paul, je sais qui c’est. Mais vous autres, qui êtes-vous ? » 16 Et se jetant sur eux, l’homme possédé de l’esprit mauvais les maîtrisa les uns et les autress et les malmena si bien que c’est nus et couverts de blessures qu’ils s’échappèrent de cette maison.

s Ou « tous ».

17 Tous les habitants d’Éphèse, Juifs et Grecs, surent la chose. La crainte alors s’empara de tous et le nom du Seigneur Jésus fut magnifié.

18 Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient faire leurs aveux et dévoiler leurs pratiques.t

t Pratiques magiques, pour lesquelles Éphèse était réputée.

19 Bon nombre de ceux qui s’étaient adonnés à la magie apportaient leurs livres et les brûlaient en présence de tous. On en estima la valeur : cela faisait cinquante mille pièces d’argent.

20 Ainsi la parole du Seigneur croissait et s’affermissait puissamment.u

u Texte alex. « Ainsi, par la puissance du Seigneur, la parole croissait et s’affermissait. »

V. La fin des missions.
Le prisonnier du Christ

Les projets de Paul.

21 Après ces événements, Paul forma le projet de traverser la Macédoine et l’Achaïe pour gagner Jérusalem. « Après avoir été là, disait-il, il me faut voir également Rome. » 22 Il envoya alors en Macédoine deux de ses auxiliaires, Timothée et Éraste ; pour lui, il resta quelque temps encore en Asie.

À Éphèse. L’émeute des orfèvres.v

23 Vers ce temps-là, un tumulte assez grave se produisit à propos de la Voie.

v Cet épisode, qui provient d’une source particulière et qui tranche sur le style habituel de Luc, a été rattaché artificiellement par lui à son récit de l’évangélisation d’Éphèse.

24 Un certain Démétrius, qui était orfèvre et fabriquait des temples d’Artémis en argent, procurait ainsi aux artisans beaucoup de travail. 25 Il les réunit, ainsi que les ouvriers des métiers similaires, et leur dit : « Mes amis, c’est à cette industrie, vous le savez, que nous devons notre bien-être. 26 Or, vous le voyez et l’entendez dire, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul, par ses raisons, a entraîné à sa suite une foule considérable, en affirmant qu’ils ne sont pas dieux, ceux qui sont sortis de la main des hommes.

27 Cela risque non seulement de jeter le discrédit sur notre profession, mais encore de faire compter pour rien le sanctuaire même de la grande déesse Artémis, pour finir par dépouiller de son prestige celle que révèrent toute l’Asie et le monde entier. » 28 À ces mots, remplis de colère, ils se mirent à crier :w « Grande est l’Artémis des Éphésiens ! »

w Add. occ. « en se précipitant dans la rue ».

29 Le désordre gagna la ville entière. On se précipita en masse au théâtre, y entraînant les Macédoniens Gaïus et Aristarque,x compagnons de voyage de Paul.

x Aristarque, originaire de Thessalonique, 20.4, a été le compagnon de Paul durant sa captivité, 27.2 ; Col 4.10 ; Phm 24. Gaius est probablement celui de 20.4.

30 Paul, lui, voulait se présenter devant l’assemblée du peuple, mais les disciples l’en empêchèrent. 31 Quelques asiarques même, qui l’avaient en amitié, le firent instamment prier de ne pas s’exposer en allant au théâtre.

32 Les uns criaient une chose, les autres une autre. L’assemblée était en pleine confusion, et la plupart ne savaient même pas pourquoi on s’était réuni. 33 Des gens de la foule persuadèrenty Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Alexandre, ayant fait signe de la main, voulait s’expliquer devant le peuple.

y Autre traduction « Alors on fit sortir de la foule ».

34 Mais quand on eut reconnu que c’était un Juif, tous se mirent à crier d’une seule voix, pendant près de deux heures : « Grande est l’Artémis des Éphésiens ! » 35 Enfin le chancelier calma la foule et dit : « Éphésiens, quel homme au monde ignore que la ville d’Éphèse est la gardienne du temple de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel ? 36 Cela étant donc sans conteste, il faut vous tenir tranquilles et ne rien faire d’inconsidéré. 37 Vous avez amené ces hommes : ils ne sont coupables ni de sacrilège ni de blasphème envers notre déesse. 38 Que si Démétrius et les artisans qui sont avec lui ont des griefs contre quelqu’un, il y a des audiences, il y a des proconsuls : qu’ils portent plainte. 39 Et si vous avez quelque autre affaire à débattre, on la résoudra dans l’assemblée régulière. 40 Aussi bien risquons-nous d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, vu qu’il n’existe aucun motif qui nous permette de justifier cet attroupement. » Et sur ces mots, il congédia l’assemblée.