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Bible de Jérusalem – Sagesse 6

Que les rois recherchent donc la Sagesse.

6 f Écoutez donc, rois, et comprenez !g
Instruisez-vous, juges des confins de la terre !

f Lat. commence le chap. par une addition qui est sans doute un titre « La sagesse est meilleure que la force et l’homme prudent que le fort ». Cette addition est le v. 1 de la Vulgate.

g À la différence de 1.1, l’attention se fixe sur la condition des souverains et sur leurs responsabilités. L’horizon est nettement universaliste.

2 Prêtez l’oreille, vous qui dominez sur la multitude,
qui vous enorgueillissez de foules de nations !
3 Car c’est le Seigneur qui vous a donné la domination
et le Très-Haut le pouvoir,h
c’est lui qui examinera vos œuvres et scrutera vos desseins.

h Cette doctrine de l’origine divine du pouvoir était affirmée déjà sous différentes formes par l’Écriture, en particulier par Pr 8.15-16 ; Dn 2.37 ; 5.18 ; 1 Ch 29.12 ; Si 10.4. L’auteur lui donne plus grande rigueur (cf. aussi Rm 13.1 ; Jn 19.11) et la prolonge en faisant de tous les princes sans exception des « serviteurs » de la royauté de Dieu (v. 4).

4 Si donc, étant serviteurs de son royaume,i vous n’avez pas jugé droitement,
ni observé la loi,j
ni suivi la volonté de Dieu,

i Ou « de sa royauté ».

j D’abord la loi naturelle, dont la conscience est l’interprète, cf. Rm 2.14, mais sans doute aussi les différentes législations positives qui la précisent et que les rois païens doivent observer pour se différencier des tyrans.

5 il fondra sur vous d’une manière terrifiante et rapide.
Un jugement inexorable s’exerce en effet sur les gens haut placés ;
6 au petit, par pitié, on pardonne,
mais les puissants seront examinés puissamment.
7 Car le Maître de tous ne recule devant personne,
la grandeur ne lui en impose pas ;
petits et grands, c’est lui qui les a faits
et de tous il prend un soin pareil,
8 mais une enquête sévère attend les forts.
9 C’est donc à vous, souverains, que s’adressent mes paroles,
pour que vous appreniez la sagesse et évitiez les fautes ;
10 car ceux qui observent saintement les choses saintes seront reconnus saints,k
et ceux qui s’en laissent instruire trouveront de quoi se justifier.

k C’est-à-dire :ceux qui observent religieusement la volonté divine et qui seront reconnus « saints » lors du jugement (2.20).

11 Désirez donc mes paroles,
aspirez à elles et vous serez instruits.

La Sagesse se laisse trouver.l

12 La Sagesse est brillante, elle ne se flétrit pas.
Elle se laisse facilement contempler par ceux qui l’aiment,
elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.

l Le mot « sagesse » désigne maintenant, non seulement une doctrine (v. 9), mais la vérité divine qui brille à travers celle-ci et sollicite l’homme intérieurement, v. 13, cf. Jn 6.44 ; Ph 2.13 ; 1 Jn 4.19.

13 Elle prévient ceux qui la désirent en se faisant connaître la première.
14 Qui se lève tôt pour la chercher n’aura pas à peiner :
il la trouvera assise à sa porte.
15 La prendre à cœur est en effet la perfection de l’intelligence,
et qui veille à cause d’elle sera vite exempt de soucis.
16 Car ceux qui sont dignes d’elle, elle-même va partout les chercher
et sur les sentiers elle leur apparaît avec bienveillance,
à chaque penséem elle va au-devant d’eux.

m Ou « par toutes sortes d’inventions ».

17 n Car son commencement, c’est le désir très vrai de l’instruction,o
le souci de l’instruction, c’est l’amour,

n Les vv. 17-20 imitent librement le raisonnement grec appelé « sorite », où l’attribut de chaque proposition devient le sujet de la suivante et où la conclusion (v. 20) relie le sujet initial (ici « le désir de la Sagesse ») à l’avant-dernier attribut (ici « être près de Dieu », repris par « royauté »).

o Ou « son commencement très vrai, c’est le désir de l’instruction ».

18 l’amour, c’est l’observation de ses lois,p
l’attention aux lois, c’est la garantieq de l’incorruptibilité,

p L’amour implique l’obéissance, Ex 20.6 ; Dt 5.10 ; 11.1 ; Si 2.15 ; Jn 14.15, etc. Les « lois » de la Sagesse s’identifient avec les grandes obligations religieuses et morales contenues dans la Révélation ; peut-être encore avec des lois non écrites, dictées par la conscience et mises en lumière par la Sagesse divine.

q Le mot est employé ici au sens juridique. L’application à observer les lois de la Sagesse ne suffit pas à rendre incorruptible, mais elle crée un titre réel et incontestable à obtenir de Dieu l’incorruptibilité bienheureuse ou l’immortalité, cf. 2.23 ; 3.4.

19 et l’incorruptibilité fait qu’on est près de Dieu ;
20 ainsi le désir de la Sagesse élève à la royauté.
21 Si donc trônes et sceptres vous plaisent, souverains des peuples,
honorez la Sagesse, afin de régner à jamais.r

r Un bon nombre de mss latins ajoutent ici « aimez la lumière de la sagesse, vous tous qui êtes à la tête des peuples ». Ce v. supplémentaire dans la Vulg. (23) est, soit une glose marginale, soit un doublet.

Salomon va décrire la Sagesse.

22 Ce qu’est la Sagesse et comment elle est née, je vais l’exposer ;
je ne vous cacherai pas les mystères,
mais je suivrai ses traces depuis le début de son origine,
je mettrai sa connaissance en pleine lumière,s
sans m’écarter de la vérité.

s Allusion au secret gardé jalousement dans les religions à mystères et dans les doctrines ésotériques :la révélation était communiquée aux seuls initiés.

23 Oh ! je ne ferai pas route avec l’envie desséchante :
elle n’a rien de commun avec la Sagesse.
24 Une multitude de sages, au contraire, est le salut du monde,
un roi sensé fait la stabilité du peuple.
25 Laissez-vous donc instruire par mes paroles : vous y trouverez profit.

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