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Bible de Jérusalem – 1 Maccabées 7

Démétrius Ier devient roi. Il envoie Bacchidès et Alkime en Judée.

7 L’année cent cinquante et un, Démétrius, fils de Séleucus, quitta Rome, et aborda avec un petit nombre d’hommes dans une ville maritime où il inaugura son règne.a

a Démétrius Ier, qui avait remplacé Antiochus Épiphane comme otage à Rome en 176, s’en échappa en 161, avec la complicité de Polybe qui nous raconte le fait. Démétrius gagne d’abord Tripoli, d’où il rejoindra Antioche (v. 2). Il sera reconnu par Rome en 160.

2 Il arriva, comme il gagnait la résidence royale de ses pères, que l’armée se saisit d’Antiochus et de Lysias pour les lui amener. 3 Lorsqu’il eut connaissance de la chose, il dit : « Ne me faites point voir leur visage. » 4 L’armée les tua et Démétrius s’assit sur son trône. 5 Alors tous les hommes d’Israël sans loi ni piété vinrent le trouver, conduits par Alkime, qui voulait exercer la charge de grand prêtre. 6 Ils accusèrent le peuple devant le roi en disant : « Judas et ses frères ont fait périr tous tes amis et il nous a expulsés de notre pays. 7 Envoie donc maintenant un homme en qui tu aies confiance : qu’il aille voir tous les ravages que Judas a exercés parmi nous et dans les domaines du roi, pour qu’il punisse ces gens-là et tous ceux qui leur viennent en aide. »

8 Le souverain choisit Bacchidès, un des amis du roi, gouverneur de la Transeuphratène,b grand du royaume et fidèle au roi.

b C’est la moitié ouest de l’empire séleucide, de l’Euphrate à l’Égypte, qui avait été confiée à Lysias par Antiochus Épiphane, 3.22. Bacchidès est chargé de pacifier la région pendant que le roi ira réprimer une révolte en Médie.

9 Il l’envoya avec l’impie Alkime, à qui il confirma le sacerdoce, et lui enjoignit de tirer vengeance des Israélites.c

c Alkime (« le vaillant », nom grec choisi pour sa ressemblance avec le nom juif Yaqîm), est traité d’impie parce qu’il frayait avec les Grecs et créait un obstacle aux prétentions des Asmonéens, mais sa qualité d’Aaronide légitimait sa nomination et lui attirait les Assidéens, cf. v. 12s.

10 S’étant mis en route, ils vinrent avec une nombreuse armée au pays de Juda. Ils envoyèrent à Judas et à ses frères des messagers porteurs de propositions pacifiques mais trompeuses. 11 Mais eux n’accordèrent aucun crédit à leurs discours, voyant qu’ils étaient venus avec une forte armée. 12 Cependant une commission de scribesd se réunit chez Alkime et Bacchidès pour chercher une solution équitable.

d Ce sont les Lévites ou des prêtres versés dans la loi, Esd 7.6s ; 2 Ch 34.13.

13 Les Assidéens étaient les premiers d’entre les Israélites à leur demander la paix ;e

e Les « Pieux », qui s’étaient d’abord ralliés à Judas, 2.42, prennent leurs distances. Ils estimaient sans doute la liberté religieuse suffisamment assurée par les concessions du roi, 6.59. Sceptique, Judas ne participe pas directement aux négociations, bien que le roi ne l’ait pas encore révoqué, cf. 2 M 14.12.

14 ils disaient : « C’est un prêtre de la race d’Aaron qui est venu avec les troupes : il ne nous fera pas de mal. » 15 Il leur tint des discours pacifiques et leur assura sous serment : « Nous ne chercherons à vous faire aucun mal, pas plus qu’à vos amis. » 16 Ils le crurent, et cependant il fit arrêter soixante d’entre eux, qu’il exécuta le même jour, suivant la parole de l’Écriture :f

f Littéralement « selon la parole qu’il a écrite », c’est-à-dire David (ms 56), Asaph (Eusèbe), ou le Prophète (grec luc.).

17 Ils ont dispersé la chair de tes saints et répandu leur sang autour de Jérusalem, et il n’y avait personne qui les ensevelît. 18 Alors la crainte et la terreur s’emparèrent de tout le peuple : « Il n’y a chez eux, disait-on, ni vérité ni justice, car ils ont violé leur engagement et le serment qu’ils avaient fait. »

19 Bacchidès partit de Jérusalem et vint camper à Bethzeth, d’où il envoya arrêter nombre de personnages qui avaient passé de son côté avec quelques-uns du peuple ; il les égorgea et les jeta dans le grand puits.g

g « Bethzeth » (« l’oliveraie ») est la leçon la mieux attestée, mais la tradition manuscrite est hésitante. Le nom s’est conservé au village de Bet-Zeita, à 6 km au nord de Bethsour, où l’on a retrouvé un puits à escalier tournant. — Bacchidès n’hésite pas à supprimer tous ceux qu’il estime trop compromis dans la révolte, même s’ils se sont ralliés à lui.

20 Il remit ensuite la province à Alkime, laissant avec lui une armée pour le soutenir. Bacchidès s’en revint chez le roi. 21 Alkime soutint la lutte pour la dignité de grand prêtre. 22 Tous ceux qui troublaient le peuple se groupèrent autour de lui, se rendirent maîtres du pays de Juda et firent beaucoup de mal en Israël. 23 Voyant que toute la malfaisance d’Alkime et de ses partisans contre les Israélites surpassait celle des nations, 24 Judas parcourut à la ronde tout le territoire de la Judée pour tirer vengeance des transfuges et les empêcher de circuler à travers la contrée.

Nikanor en Judée. Combat de Chapharsalama.

25 Lorsqu’il vit que Judas et ses partisans étaient devenus plus forts et qu’il se reconnut impuissant à leur résister, Alkime retourna chez le roi et les accusa des pires méfaits. 26 Le roi envoya Nikanor, un de ses généraux du rang des illustres, haineux et hostile à l’égard d’Israël, avec mission d’exterminer le peuple.

27 Arrivé à Jérusalem avec une armée nombreuse, Nikanor fit adresser à Judas et à ses frères des propositions pacifiques insidieuses ainsi conçues : 28 « Qu’il n’y ait pas de guerre entre vous et moi ; je viendrai avec une faible escorte pour vous rencontrer en paix. » 29 Il arriva chez Judas et ils se saluèrent l’un l’autre pacifiquement, mais les ennemis étaient prêts à enlever Judas. 30 S’apercevant qu’il était venu chez lui avec des intentions perfides, Judas eut peur de lui et ne voulut plus le voir. 31 Nikanor reconnut alors que son dessein était découvert, et marcha contre Judas pour le combattre près de Chapharsalama.h

h Le « village de la paix », peut-être l’actuel Khirbet Selma, près de Gabaôn et à 4 km d’Adasa (7.40), cf. 2 M 14.16.

32 Du côté de Nikanor, cinq cents hommes environ succombèrent et les autres s’enfuirent dans la Cité de David.

Menaces contre le Temple.

33 Après ces événements, Nikanor monta au mont Sion. Des prêtres sortirent du lieu saint avec des anciens du peuple pour le saluer pacifiquement et lui montrer l’holocauste qui s’offrait pour le roi. 34 Mais lui se moqua d’eux, les tourna en dérision, les souillai et se répandit en paroles insolentes.

i En crachant dans la direction du Temple, d’après la tradition juive.

35 Dans un accès de colère, il proféra ce serment : « Si Judas n’est pas cette fois livré entre mes mains avec son armée, dès que je serai revenu, la paix rétablie, je brûlerai cet édifice ! » Il sortit furieux. 36 Les prêtres rentrèrent et, s’arrêtant devant l’autel et le temple, ils dirent avec larmes : 37 « C’est toij qui as choisi cette maison pour qu’elle porte ton nom afin qu’elle fût pour ton peuple une demeure de prière et de supplication ;

j Après « c’est toi », grec luc., et versions ajoutent « Seigneur », mais les mots « Dieu » et « Seigneur » sont évités par 1 M.

38 exerce ta vengeance sur cet homme et sur son armée, qu’ils tombent sous l’épée ! Souviens-toi de leurs blasphèmes et ne leur accorde pas de relâche ! »

Le jour de Nikanor à Adasa.

39 Nikanor quittant Jérusalem alla camper à Bethoron où vint le rejoindre une armée de Syrie. 40 Judas, de son côté, campa en Adasak avec trois mille hommes. Il fit alors cette prière :

k C’est la Hadasha (« ville neuve ») de Jos 15.37, transcrite Dessau en 2 M 14.15, située entre Bethoron et Jérusalem.

41 « Lorsque les messagers du roil eurent blasphémé, ton ange sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille des siens.

l Sennachérib, comme le précise la Vulg. Certains mss portent « le roi des Assyriens ». — Après « ton ange », mss, grec luc. et Vet. Syr. ajoutent « Seigneur » ; cf. v. 37.

42 Écrase de même aujourd’hui en notre présence cette armée, afin que tous les autres sachent qu’il a tenu un langage impie contre ton sanctuaire, et juge-le selon sa méchanceté ! »

43 Les armées se livrèrent bataille le treize du mois de Adar, celle de Nikanor fut écrasée et lui-même tué le premier dans le combat. 44 Quand ils le virent tomber, les soldats de Nikanor jetèrent leurs armes et prirent la fuite. 45 Les Juifs les poursuivirent une journée de chemin, depuis Adasa jusqu’aux abords de Gazara, sonnant derrière eux les trompettes en fanfare. 46 De tous les villages judéens à la ronde on sortait pour encercler les fuyards qui se retournaient les uns sur les autres. Tous tombèrent par l’épée et pas un seul n’en réchappa. 47 Les dépouilles et le butin ramassés, on coupa la tête de Nikanor et la main droite qu’il avait insolemment dressée ; elles furent apportées et dressées en vue de Jérusalem. 48 Le peuple fut rempli de joie et fêta ce jour-là comme une grande journée d’allégresse. 49 On décréta que ce jour serait célébré chaque année le treize Adar.m

m Le 13 Adar 151 Séleucide tombe vers le 28 mars 160 av. J.-C. Le 13 Adar était inscrit parmi les jours fériés comme « Jour de Nikanor », cf. 2 M 15.36. Sa célébration cessa assez tôt dans le judaïsme.

50 Le pays de Juda fut en repos pendant un peu de temps.n

n C’est ici que se termine le récit de 2 M.

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