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Bible de Jérusalem – Josué 7

Violation de l’anathème.z

7 Mais les Israélites se rendirent coupables d’une violation de l’anathème : Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah, de la tribu de Juda, prit de ce qui était anathème, et la colère de Yahvé s’enflamma contre les Israélites.

z L’épisode d’Akân était originairement indépendant de la prise de Jéricho et de la prise de Aï Akân est un Judéen, et la plaine d’Akor est normalement en Juda (15.7, mais cf. Os 2.17), au sud-ouest de Jéricho. C’est une tradition particulière, probablement d’origine benjaminite, car elle est hostile à Juda.

Échec devant Aï, sanction du sacrilège.

2 Or Josué envoya des hommes de Jéricho vers Aïa qui est près de Bet-Avèn, à l’orient de Béthel, et il leur dit : « Montez espionner le pays. » Ils montèrent espionner Aï.

a Aï (nom qui signifie « la ruine ») est aujourd’hui et-Tell (qui en arabe a le même sens). Le site était depuis longtemps ruiné à l’époque de Josué et il est difficile d’attribuer à ce récit une valeur historique. Il est parallèle au récit de la prise de Gibéa, Jg 20, et il peut avoir été raconté à Béthel, pour contrebalancer le souvenir de la défaite de Benjamin à Gibéa par le récit d’un fait glorieux qu’on attribuait à l’époque de la conquête. — « Qui est près de Bet-Avèn », précision introduisant le sobriquet « maison de vanité » appliqué plus tard à Béthel, Os 4.15, etc. ; cf. Am 5.5.

3 De retour auprès de Josué, il lui dirent : « Que tout le peuple n’y monte pas, mais que deux ou trois mille hommes environ montent attaquer Aï. N’y fatigue pas tout le peuple car ces gens-là ne sont pas nombreux. »

4 Il n’y monta du peuple qu’environ trois mille hommes, mais ils s’enfuirent devant les hommes de Aï. 5 Les hommes de Aï leur tuèrent à peu près trente-six hommes, puis les poursuivirent en avant de la porte, jusqu’à Shebarim, et dans la descente, ils les écrasèrent. Alors le peuple perdit cœur et son courage fondit.

Prière de Josué.b

6 Alors Josué déchira ses vêtements, tomba face contre terre devant l’arche de Yahvé jusqu’au soir, ainsi que les anciens d’Israël, et tous répandirent de la poussière sur leur tête.

b Cette prière de lamentation montre un Josué qui reconnaît la gravité de la faute du peuple, mais qui attend de Dieu qu’il intervienne car, si Israël disparaît de la terre, le nom de Dieu en sera atteint. Dieu doit agir pour la gloire de son nom (cf. Ps 115.1).

7 Josué dit : « Hélas, Seigneur Yahvé, pourquoi as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple si c’est pour nous livrer à la main de l’Amorite et nous faire périr ? Ah ! si nous avions pu nous établir au-delà du Jourdain ! 8 Excuse-moi, Seigneur ! Que dirai-je maintenant qu’Israël a tourné le dos devant ses ennemis ? 9 Les Cananéens vont l’apprendre, ainsi que tous les habitants du pays, ils se coaliseront contre nous pour retrancher notre nom de la terre. Que feras-tu alors pour ton grand nom ? »

Réponse de Yahvé.

10 Yahvé dit à Josué : « Relève-toi ! Pourquoi restes-tu face contre terre ? 11 Israël a péché, il a violé l’alliance que je lui avais imposée : Oui ! on a pris de ce qui était anathème, et même on l’a dérobé, et même on l’a dissimulé, et même on l’a mis dans ses bagages. 12 Eh bien, les Israélites ne pourront pas tenir devant leurs ennemis, ils tourneront le dos devant leurs ennemis parce qu’ils sont devenus anathèmes. Si vous ne faites pas disparaître du milieu de vous l’objet de l’anathème, je ne serai plus avec vous.c

c La violation de l’anathème est un sacrilège, 6.17, et toute la communauté est souillée, devenue « anathème », par la présence des objets volés. Pour qu’elle soit libérée, il faut que l’anathème soit exécuté sur le coupable lui-même.

13 Lève-toi, sanctifie le peuple et tu diras : Sanctifiez-vous pour demain, car ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël. L’anathème est au milieu de toi, Israël ; tu ne pourras pas tenir devant tes ennemis jusqu’à ce que vous ayez écarté l’anathème du milieu de vous. 14 Vous vous présenterez donc demain matin, par tribus, et la tribu que Yahvé aura désignée par le sort se présentera par clans, et le clan que Yahvé aura désigné par le sort se présentera par familles, et la famille que Yahvé aura désignée par le sort se présentera homme par homme.d

d Comparer Saül désigné comme roi par le sort, 1 S 10.20-21, Jonathan désigné comme coupable, 1 S 14.40-42. Explicitement dans ce dernier cas et probablement dans les autres, cette désignation se fait par les sorts sacrés avec lesquels on consulte Dieu, cf. 1 S 2.28. Cf. encore Jon 1.7.

15 Enfin celui qui sera désigné par le sort en ce qui concerne l’anathème sera livré au feu, lui et tout ce qui lui appartient, pour avoir transgressé l’alliance avec Yahvé et avoir commis une infamie en Israël. »

Découverte et châtiment du coupable.

16 Josué se leva de bon matin ; il fit avancer Israël par tribus, et c’est la tribu de Juda qui fut désignée par le sort. 17 Il fit approcher les clans de Juda, et le clan de Zérah fut désigné par le sort. Il fit approcher le clan de Zérah par familles, et Zabdi fut désigné par le sort.e

e « les clans » grec ; « le clan » hébr. — « par familles » mss hébr., syr., Vulg. ; « homme par homme » hébr.

18 Josué fit avancer la famille de Zabdi homme par homme, et ce fut Akân, fils de Karmi, fils de Zabdi, fils de Zérah, de la tribu de Juda, qui fut désigné par le sort.

19 Josué dit alors à Akân : « Mon fils, rends gloire à Yahvé, Dieu d’Israël, et fais-lui hommage ; déclare-moi ce que tu as fait ; ne me cache rien. » 20 Akân répondit à Josué : « En vérité, c’est moi qui ai péché contre Yahvé, Dieu d’Israël, et voici ce que j’ai fait. 21 J’ai vu dans le butin un beau manteau de Shinéarf et deux cents sicles d’argent ainsi qu’un lingot d’or pesant cinquante sicles, je les ai convoités et je les ai pris. Ils sont cachés dans la terre au milieu de ma tente, l’argent par-dessous. »

f Région de haute Mésopotamie (aujourd’hui Djebel Sindjar) ; mais dans la Bible, ce terme désigne ordinairement la Babylonie, Gn 10.10 ; 11.2 ; Dn 1.2. C’est également le sens ici, Babylone étant réputée pour son luxe.

22 Josué envoya des messagers qui coururent vers la tente, et en effet le manteau était caché dans la tente et l’argent par-dessous. 23 Ils prirent le tout du milieu de la tente, l’apportèrent à Josué et à tous les Israélites et le déposèrent devant Yahvé.

24 Alors Josué prit Akân, fils de Zérah, et le fit monter à la vallée d’Akor avec l’argent, le manteau et le lingot d’or, avec ses fils, ses filles, son taureau, son âne, son petit bétail, sa tente et tout ce qui lui appartenait. Tout Israël l’accompagnait.

25 Josué dit : « Pourquoi nous as-tu porté malheur ? Que Yahvé, en ce jour, t’apporte le malheur ! » et tout Israël le lapida et on les livra au feu et on leur jeta des pierres.g

g « Tout Israël le lapida » envisage la responsabilité et le châtiment du seul Akân ; la fin du v. évoque une responsabilité collective, d’où le pluriel. Le châtiment par le feu avait été prévu par Dieu au v. 15 et c’est une donnée ancienne.

26 Ils élevèrent sur lui un grand monceau de pierresh qui existe encore aujourd’hui. Yahvé revint alors de son ardente colère. C’est pour cela qu’on a donné à ce lieu le nom de vallée d’Akor,i jusqu’à aujourd’hui.

h Sépulture d’un criminel, cf. le roi de Aï, 8.29, Absalom, 2 S 18.17 ; traitement analogue pour les cinq rois cananéens, 10.27.

i Cf. Isa 65.10 ; Os 2.17 ; le nom est expliqué ici par ’akar, « apporter le malheur », v. 25. La vallée d’Akor est la plaine qui s’étend au-dessus de la falaise de Qumrân ; elle appartenait à Juda mais était à la limite de Benjamin, cf. v. 1. Ce nom géographique a influencé la lecture du nom d’Akân Akar dans le grec de ce chap. et dans l’hébr. de 1 Ch 2.7.

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