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Bible de Jérusalem

Juges 20

Les Israélites s’engagent à venger le crime de Gibéa.

20 Tous les Israélites sortirent donc, et, comme un seul homme, toute la communauté se réunit depuis Dan jusqu’à Bersabéeo et le pays de Galaad, auprès de Yahvé à Miçpa.

o Locution stéréotypée, utilisée en dehors du Pentateuque pour désigner les limites nord et sud du pays effectivement occupé par Israël, cf. 1 S 3.20 ; 2 S 3.10 ; 1 R 5.5, etc. Exceptionnellement, on ajoute ici le pays de Galaad, à cause de l’histoire racontée en 21.8-12. D’autres expressions définissent le territoire du nord au sud « de l’Entrée de Hamat au Torrent d’Égypte », 1 R 8.65 ; 2 R 14.25 ; ou du sud au nord « du Torrent d’Égypte au Grand Fleuve » (l’Euphrate), Gn 15.18 ; 2 R 24.7 ; cf. Nb 34.1.

2 Les chefs de tout le peuple, toutes les tribus d’Israël assistèrent à l’assemblée du peuple de Dieu, quatre cent mille hommes de pied, sachant tirer l’épée.p

p Ce chiffre, comme ceux du récit des combats, cf. vv. 15, 21, etc., est évidemment exagéré.

3 Les Benjaminites apprirent que les Israélites étaient montés à Miçpa... Les Israélites dirent alors : « Racontez-nous comment ce crime a été commis ! » 4 Le lévite, le mari de la femme qui avait été tuée, prit la parole et dit : « J’étais venu avec ma concubine à Gibéa de Benjamin pour y passer la nuit. 5 Les maîtres de Gibéa se sont soulevés contre moi et, pendant la nuit, ils ont entouré la maison où j’étais ; moi, ils voulaient me tuer et, quant à ma concubine, ils lui ont fait violence au point qu’elle en est morte. 6 J’ai pris alors ma concubine, je l’ai coupée en morceaux et je l’ai envoyée dans toute l’étendue de l’héritage d’Israël, car ils ont commis une chose honteuse et une infamie en Israël. 7 Vous voici tous ici, Israélites. Consultez-vous et ici même prenez une décision. » 8 Tout le peuple se leva comme un seul homme en disant : « Personne d’entre nous ne regagnera sa tente, personne d’entre nous ne retournera dans sa maison ! 9 Maintenant, voici ce que nous allons faire contre Gibéa. Nous monterons contre elle pour la tirer au sort,q

q Le texte hébr. laisse entendre qu’après avoir été attaquée, la ville de Gibéa sera attribuée par tirage au sort comme si elle n’était plus israélite.

10 et nous prendrons dans toutes les tribus d’Israël dix hommes sur cent, cent sur mille et mille sur dix mille, ils chercheront des vivres pour le peuple, pour ceux qui iront traiter Gibéa de Benjamin selon l’infamie qu’elle a commise en Israël. » 11 Ainsi s’assemblèrent contre la ville tous les hommes d’Israël, unis comme un seul homme.

Obstination des Benjaminites.

12 Les tribus d’Israël envoyèrent des émissaires dans toute la tribu de Benjamin pour dire : « Quel est ce crime qui a été commis parmi vous ? 13 Maintenant, livrez ces hommes, ces vauriens, qui sont à Gibéa, pour que nous les mettions à mort et que nous fassions disparaître le mal du milieu d’Israël. » Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs frères les Israélites.

Premiers combats.r

14 Les Benjaminites, quittant leurs villes, s’assemblèrent à Gibéa pour combattre les Israélites.

r Tout le récit de la bataille de Gibéa ressemble par la tactique mise en œuvre et par son vocabulaire au récit de la prise de Aï, Jos 7-8. Plutôt que de voir une influence rédactionnelle de Jos sur Jg, on peut admettre que le récit de la prise de Aï a été inventé à partir du récit historique de la victoire de Gibéa, cf. Jos 7 2.

15 En ce jour-là, on dénombra les Benjaminites venus des diverses villes, ils étaient vingt-six mille hommes sachant tirer l’épée ; les habitants de Gibéa furent dénombrés à part, sept cents hommes d’élite. 16 Dans toute cette armée, il y avait sept cents hommes d’élite gauchers. Tous ceux-ci, avec la pierre de leur fronde, étaient capables de viser un cheveu sans le manquer. 17 Les hommes d’Israël furent également dénombrés, sans compter Benjamin ; ils étaient quatre cent mille, sachant tirer l’épée, tous gens de guerre. 18 Ils se mirent en marche pour monter à Béthel, pour consulter Dieu : « Qui de nous montera le premier au combat contre les Benjaminites ? » demandèrent les Israélites. Et Yahvé répondit : « C’est Juda qui montera le premier. » 19 Au matin les Israélites se mirent en marche et ils dressèrent leur camp en face de Gibéa. 20 Les hommes d’Israël s’avancèrent au combat contre Benjamin, ils se rangèrent en bataille en face de Gibéa. 21 Mais les Benjaminites sortirent de Gibéa et, ce jour-là, ils massacrèrent vingt-deux mille hommes d’Israël. 22 s Alors l’armée des gens d’Israël reprit courage et de nouveau se rangea en bataille au même endroit que le premier jour.

s On peut être tenté pour des raisons de cohérence de placer le v. 22 après le v. 23. Il est plus important de reconnaître ici la fusion d’un double récit ; l’un parle des « hommes d’Israël » et de « Benjamin », l’autre des Israélites et des Benjaminites.

23 Les Israélites vinrent pleurer devant Yahvé jusqu’au soir, puis ils consultèrent Yahvé en disant : « Dois-je encore engager le combat contre les fils de Benjamin mon frère ? » Et Yahvé répondit : « Marchez contre lui ! » 24 Le second jour les Israélites s’approchèrent donc des Benjaminites, 25 mais, en cette seconde journée, Benjamin sortit de Gibéa à leur rencontre et il massacra encore dix-huit mille hommes des Israélites ; c’étaient tous des guerriers sachant tirer l’épée.

26 Alors tous les Israélites et tout le peuple s’en vinrent à Béthel, ils pleurèrent, ils s’assirent là devant Yahvé, ils jeûnèrent toute la journée jusqu’au soir et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion devant Yahvé ; 27 puis les Israélites consultèrent Yahvé. — L’arche de l’alliance de Dieu se trouvait alors en cet endroit 28 et Pinhas, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, en ce temps-là, la desservait. — Ils dirent : « Dois-je sortir encore pour combattre les fils de Benjamin mon frère, ou bien dois-je cesser ? » Et Yahvé répondit : « Marchez, car demain, je le livrerai entre vos mains. »t

t Les deux premières tentatives avaient également été faites sur l’ordre de Yahvé, vv. 18, 23, mais c’est seulement à la troisième consultation que Dieu promet la victoire. Dans le parallèle de Jos 7, l’échec est expliqué par une violation de l’anathème. Aucune raison n’est donnée ici.

Défaite de Benjamin.u

29 Alors Israël plaça des troupes en embuscade tout autour de Gibéa.

u Dans toute la fin du chap., les deux récits sont maladroitement combinés, comme l’indiquent les incohérences du texte.

30 Le troisième jour, les Israélites marchèrent contre les Benjaminites, et comme les autres fois, ils se rangèrent en bataille en face de Gibéa. 31 Les Benjaminites sortirent à la rencontre du peuple et se laissèrent attirer loin de la ville. Ils commencèrent comme les autres fois à tuer du monde parmi le peuple, sur les chemins qui montent, l’un à Béthel et l’autre à Gibéav par la campagne : une trentaine d’hommes d’Israël.

v L’accrochage a lieu entre Béthel, d’où viennent les Israélites, et Gibéa, d’où sont sortis les Benjaminites.

32 Les Benjaminites se dirent : « Les voilà battus devant nous comme la première fois », mais les Israélites s’étaient dit : « Nous allons fuir et nous les attirerons loin de la ville sur les chemins. » 33 Alors tous les hommes d’Israël quittèrent leur position et se rangèrent à Baal-Tamar, tandis que l’embuscade d’Israël surgit de sa position sur le point faible de Géba. 34 Dix mille hommes d’élite, choisis dans tout Israël, parvinrent en face de Gibéa ; le combat était acharné et les autres ne se doutaient pas du malheur qui les frappait. 35 Yahvé battit Benjamin devant Israël et, en ce jour, les Israélites tuèrent à Benjamin vingt-cinq mille hommes, tous sachant tirer l’épée.

36 Les Benjaminites virent qu’ils étaient battus.w — Les hommes d’Israël cédèrent du terrain à Benjamin parce qu’ils comptaient sur l’embuscade qu’ils avaient placée contre Gibéa.

w La suite du v. 36a est à chercher au v. 47, mais les vv. 36-46 n’offrent pourtant pas un récit d’une seule venue.

37 Ceux de l’embuscade se hâtèrent de s’élancer contre Gibéa ; ils se déployèrent et passèrent toute la ville au fil de l’épée. 38 Or il y avait cette convention entre les hommes d’Israël et ceux de l’embuscade : ceux-ci devaient, en guise de signal, faire monter de la ville une fumée ; 39 alors les hommes d’Israël engagés dans le combat firent volte-face.x Benjamin commença par tuer du monde aux Israélites, une trentaine d’hommes. « Certainement les voilà encore battus devant nous, se disaitil, comme dans le premier combat. »

x Cette volte-face, liée au signal, anticipe le récit qui va suivre, cf. v. 41. Il s’agit donc de la volte-face des Israélites qui cessent de fuir et se retournent contre les Benjaminites.

40 Mais le signal, une colonne de fumée, commença à s’élever de la ville, et Benjamin, se retournant, aperçut que la ville tout entière montait en feu vers le ciel. 41 Les hommes d’Israël firent alors volte-face et les hommes de Benjamin furent dans l’épouvante, car ils voyaient que le malheur les avait frappés.

42 Ils s’enfuirent devant les hommes d’Israël en direction du désert, mais la bataille les talonnait et ceux qui venaient de la ville les massacrèrent en les prenant à revers.y

y Ceux qui viennent des villes semblent être les Benjaminites mentionnés en 20.14-15.

43 Ils cernèrent Benjamin, le poursuivirent sans répit et l’écrasèrent en face de Gibéa,z du côté du soleil levant.

z L’hébr. a lu Gibéa, mais il faut sans doute lire Géba.

44 De Benjamin, dix-huit mille hommes tombèrent, tous hommes vaillants. — 45 Alors ils tournèrent le dos et s’enfuirent au désert, vers le Rocher de Rimmôn. Sur les chemins, on ramassa cinq mille hommes, puis on poursuivit Benjamin jusqu’à le retrancher,a et on lui tua deux mille hommes.

a L’hébr. a lu ici un nom de lieu, Gidéôm, mais on peut y voir le verbe utilisé en 21.6.

46 En Benjamin, le nombre total de ceux qui tombèrent ce jour-là fut de vingt-cinq mille hommes sachant tirer l’épée, et c’étaient tous des hommes vaillants. 47 Six cents hommes tournèrent le dos et s’enfuirent au désert, vers le rocher de Rimmôn. Ils y restèrent quatre mois. 48 Les hommes d’Israël revinrent vers les Benjaminites, ils passèrent au fil de l’épée la population mâle de la ville,b et même le bétail et tout ce qu’ils trouvaient. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qu’ils rencontrèrent.

b Littéralement « de la ville habitée ».