8 Ah ! que ne m’es-tu un frère,
allaité aux seins de ma mère !q
Te rencontrant dehors, je pourrais t’embrasser,
sans que les gens me méprisent.
q La jeune fille reprend en des termes analogues le souhait qu’elle exprimait au début du Cantique (1.2). Le morceau s’achève par le refrain alterné de 2.6-7 ; cf. aussi 3.4-5 qui correspond à 8.2, 4.
2 Je te conduirais, je t’introduirais
dans la maison de ma mère, tu m’enseignerais !
Je te ferais boire un vin parfumé,
ma liqueur de grenades.
3 Son bras gauche est sous ma tête,
et sa droite m’étreint.
4 Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour,
avant l’heure de son bon plaisir.
LE CHŒUR
5 Qui est celle-ci qui monte du désert,
appuyée sur son bien-aimé ?
LA BIEN-AIMÉE
Sous le pommier je t’ai réveillé,
là même où ta mère te conçut,
là où conçut celle qui t’a enfanté.
r Les deux petits couplets du v. 5 ne sont pas liés à ce qui suit et sont indépendants l’un de l’autre. Ils semblent être les débuts de deux poèmes qui n’ont pas été transcrits, comme plus loin le v. 13. Cette absence de contexte rend vaine toute tentative d’interprétation ; on peut seulement noter en marge des contacts avec les autres poèmes.
6 Mets-moi comme un sceaus sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras.
Car l’amour est fort comme la Mort,
la jalousiet inflexible comme le . Shéol.u
Ses traits sont des traits de feu,
une flamme de Yahvé.v
s Elle s’appuie sur son bien-aimé (cf. v. 5 ; 2.6). Le sceau se portait suspendu au cou, Gn 38.18, 25, et reposant sur la poitrine, ou passé à un doigt de la main (Gn 41.42 ; Jr 22.24 ; Ag 2.23). Un chant égyptien dit « Ah ! Si j’étais son cachet qu’elle porte au doigt ! »
t Il s’agit de l’amour passion, sentiment noble et exigeant Dieu est un Dieu « jaloux » (Ex 20.5 ; 34.14 ; 1 R 19.10, etc.).
u Séjour souterrain des défunts ; ici l’équivalent de « mort » du stique précédent.
v L’amour consume comme le feu du ciel et comme la foudre (Nb 11.1, 3 ; 1 R 8.38 ; 2 R 1.12 ; Jb 1.16). C’est le seul emploi du nom de YHWH dans tout le Cantique.
7 Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour,
ni les fleuves le submerger.
Qui offrirait toutes les richesses de sa maison
pour acheter l’amour,
ne recueillerait que mépris.w
w Nulle part encore le Cantique n’avait défini l’amour. La bien-aimée le fait ici dans les termes les plus forts et les plus beaux, elle dit sa puissance invincible, son caractère inéluctable, sa valeur sans pareille. On comprend que ce poème ait été mis, comme un couronnement, à la fin du recueil. Ce qui suit est additionnel.
8 Notre sœur est petite : elle n’a pas encore les seins formés. Que ferons-nous à notre sœur, le jour où il sera question d’elle ?x
x Des frères se préoccupent du moment où ils marieront leur petite sœur ; celle-ci réplique qu’elle est assez grande pour se garder elle-même. L’allusion au mariage a favorisé le rattachement au Cantique.
— 9 Si elle était un rempart, nous élèverions au faîte un couronnement d’argent ; si elle était une porte, nous fixerions contre elle des ais de cèdre.
— 10 Je suis un mur, et mes seins en figurent les tours. Aussi ai-je à ses yeux trouvé la paix.y
y Allusion au nom de la Sulamite, la « Pacifiée » (7.1).
11 Salomon avait une vigne à Baal-Hamôn.z Il la confia à des gardiens, et chacun devait lui remettre le prix de son fruit mille sicles d’argent.a
z C’est-à-dire « Possesseur de foule, ou de richesse », ce qui s’applique à Salomon. — Localité inconnue.
a Cf. Isa 7.23. Est-ce une réminiscence des mille femmes de 1 R 11.3 ? La vigne peut être un symbole de la bien-aimée (1.6).
12 Ma vigne à moi, je l’ai sous mes yeux : à toi Salomon les mille sicles, et deux cents aux gardiens de son fruit.
13 Toi qui habites les jardins, des compagnons prêtent l’oreille à ta voix :
daigne me la faire entendre !
14 Fuis, mon bien-aimé,
Sois semblable à une gazelle,
à un jeune faon,
sur les montagnes embaumées !b
b Verset inspiré par 2.17.