9 Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière,
sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi.
2 Tu as multiplié la nation, tu as fait croître sa joie ;
ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson,
comme on exulte au partage du butin.
3 Car le joug qui pesait sur elle, la barre posée sur ses épaules,
le bâton de son oppresseur,
tu les as brisés comme au jour de Madiân.
4 Car toute chaussure qui résonne sur le sol,e tout manteau roulé dans le sang,
seront mis à brûler, dévorés par le feu.
e Littéralement « chaussure de fracas ». — La destruction de l’équipement guerrier annonce une époque de paix qui sera décrite symboliquement par la suite, 11.6-9, cf. déjà 2.4.
5 Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné,
il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom :
Conseiller-merveilleux, Dieu-fort,
Père-éternel, Prince-de-paix,f
f Ces titres sont comparables au protocole que l’on composait pour le pharaon lors de son couronnement. L’enfant de race royale aura la sagesse de Salomon, la bravoure et la piété de David, les grandes vertus de Moïse et des Patriarches, cf. 11.2. La tradition chrétienne, qui s’exprime dans la liturgie de Noël, en donnant ces titres au Christ affirme que celui-ci est l’Emmanuel véritable.
6 pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin
sur le trône de David et sur son royaume,
pour l’établir et pour l’affermir
dans le droit et la justice.
Dès maintenant et à jamais,
l’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela.g
g L’amour jaloux de Yahvé pour son peuple le pousse à la fois à châtier ses infidélités, cf. Ex 20.5 ; Dt 4.24, et à lui procurer le salut.
7 Le Seigneur a jeté une parole en Jacob,
elle est tombée en Israël.
h Ce poème, scandé par un refrain, vv. 11, 20b ; 10.4, fut prononcé contre le royaume du Nord, en un temps d’hostilité entre Israël et Juda, soit en 739, à l’époque où se préparait la guerre contre Achaz, 2 R 15.37, soit en 734, après cette guerre, alors que le royaume du Nord devenait la proie de l’Assyrie, 2 R 15.29.
8 Tout le peuple l’a su, Éphraïm et l’habitant de Samarie
qui disent dans l’orgueil de leur cœur altier :
9 « Les briques sont tombées, nous construirons en pierre de taille,
les sycomores ont été abattus, nous les remplacerons par des cèdres. »
10 Mais Yahvé a soutenu contre ce peuple son adversaire Raçôn,i
il a excité ses ennemis,
i « son adversaire, Raçôn » conj. ; « les adversaires de Reçîn » hébr., qui ne donne aucun sens.
11 Aram à l’orient, les Philistins à l’occident :
ils ont dévoré Israël à belles dents.j
Avec tout cela sa colère ne s’est pas détournée,
sa main reste levée.
j Cette hostilité conjuguée des Philistins et des Araméens contre Israël est possible, mais elle n’est attestée par aucun texte historique.
12 Mais le peuple n’est pas revenu à celui qui le frappait,
il n’a pas cherché Yahvé Sabaot.
13 Aussi Yahvé a retranché d’Israël tête et queue, palme et jonc, en un jour.k
k « tête et queue, palme et jonc » semble désigner les chefs et les sujets, cf. 19.15 ; Dt 28.13, 44. Le v. suivant serait une glose explicative.
14 (L’ancien et le dignitaire, c’est la tête,
le prophète qui enseigne le mensonge, c’est la queue.)
15 Les guides de ce peuple l’ont égaré,
et ceux qu’ils guident se sont fourvoyés.l
l C’est peut-être ici qu’il faudrait intercaler 5.25, que l’on suppose séparé accidentellement.
16 C’est pourquoi en ses jeunes gens le Seigneur ne trouvera plus sa joie,
de ses orphelins et de ses veuves il n’aura plus pitié,
car tous sont impies et malfaisants,
toute bouche profère l’insanité.
Avec tout cela sa colère ne s’est pas détournée,
sa main reste levée.
17 Oui, la méchanceté a brûlé comme le feu,
elle dévore ronces et épines,
elle a incendié les halliers de la forêt,
ils se sont élevés en tourbillons de fumée.
18 Par l’emportement de Yahvé Sabaot la terre a été brûléem
et le peuple est comme la proie du feu.
Nul n’a pitié de son frère,
m « brûlée » grec ; hébr. inintelligible.
19 on a coupé à droite et on a eu faim, on a mangé à gauche et on n’a pas été rassasié.
Chacun dévore la chair de son bras,
20 Manassé dévore Éphraïm, et Éphraïm Manassé,
ensemble ils s’attaquent à Juda.
Avec tout cela sa colère ne s’est pas détournée,
sa main reste levée.