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Bible de Jérusalem – Romains 9

Situation et salut d’Israëlo

9 Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point — ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint —,

o L’affirmation de la justification par la foi conduisait Paul à évoquer la justice d’Abraham, 4. De même, l’affirmation du salut donné avec l’Esprit par l’amour de Dieu l’oblige à traiter, 9-11, le cas d’Israël, infidèle bien qu’il ait reçu les promesses du salut. Il ne s’agit donc pas dans ces chap. du problème de la prédestination des individus à la gloire ou même à la foi, mais de celui du rôle historique d’Israël.

2 j’éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon cœur. 3 Car je souhaiterais d’être moi-même anathème,p séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair,

p C’est-à-dire un objet de malédiction, cf. Jos 6.17 et Lv 27.28.

4 eux qui sont Israélites,q à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses

q Les authentiques descendants de Jacob-Israël, Gn 32.29. De ce privilège découlent tous les autres : l’adoption filiale, Ex 4.22 ; cf. Dt 7.6 ; la gloire de Dieu, Ex 24.16, qui habite au milieu du peuple, Ex 25.8 ; Dt 4.7 ; cf. Jn 1.14 ; les alliances avec Abraham, Gn 15.1 ; 15.17 ; 17.1, Jacob-Israël, Gn 32.29, Moïse, Ex 24.7-8 ; le culte rendu au seul vrai Dieu ; la Loi expression de sa volonté ; les promesses messianiques, 2 S 7.1, et l’appartenance à la race du Christ.

5 et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement !r Amen.

r Le contexte et le mouvement même de la phrase supposent que la doxologie s’adresse au Christ. S’il est rare que Paul donne à Jésus le titre de « Dieu », cf. encore Tt 2.13, et lui adresse une doxologie, cf. He 13.21, c’est qu’il réserve ordinairement ce titre au Père, cf. 15.6, etc., et qu’il envisage moins les personnes divines sur le plan abstrait de leur nature que sur le plan concret de leurs fonctions dans l’œuvre du salut. De plus, il pense toujours au Christ historique dans sa réalité concrète de Dieu fait homme, cf. Ph 2.5 ; Col 1.15. C’est pourquoi il le montre subordonné au Père, 1 Co 3.23 ; 11.3, tant dans l’œuvre de la création, 1 Co 8.6, que de la restauration eschatologique, 1 Co 15.27s ; cf. 16.27, etc. Cependant le titre de « Kyrios » reçu par le Christ à la résurrection, Ph 2.9-11 ; cf. Ep 1.20-22 ; He 1.3s, n’est rien de moins que le titre divin accordé à Yahvé dans l’AT, 10.9, 13 ; 1 Co 2.16. Pour Paul, Jésus est essentiellement le « Fils de Dieu », 1.3s, 9 ; 5.10 ; 8.29 ; 1 Co 1.9 ; 15.28 ; 2 Co 1.19 ; Ga 1.16 ; 2.20 ; 4.4, 6 ; Ep 4.13 ; 1 Th 1.10 ; cf. He 4.14, etc., son « propre Fils », 8.3, 32, le « Fils de son amour », Col 1.13, qui appartient de droit au monde divin, d’où il est venu, 1 Co 15.47, envoyé par Dieu, 8.3 ; Ga 4.4. S’il a revêtu son titre de « Fils de Dieu » d’une façon nouvelle par la résurrection, 1.4 ; cf. He 1.5 ; 5.5, il ne l’a pas reçu à ce moment, car il est préexistant, d’une façon non seulement scripturaire, 1 Co 10.4, mais ontologique, Ph 2.6 ; cf. 2 Co 8.9. Il est la Sagesse, 1 Co 1.24, 30, l’Image, 2 Co 4.4, par qui tout a été créé, Col 1.15-17 ; cf. He 1.3 ; 1 Co 8.6, et par qui tout est recréé, 8.29 ; cf. Col 3.10 ; 1.18-20, parce qu’il a rassemblé en sa personne la plénitude de la Divinité et du monde, Col 2.9. C’est en lui que Dieu a conçu tout son plan de salut, Ep 1.3s, et il en est la fin aussi bien que le Père (comp. 11.36 ; 1 Co 8.6 et Col 1.16, 20). Si le Père ressuscite et juge, lui aussi ressuscite (comp. 1.4 ; 8.11 et Ph 3.21) et juge (comp. 2.16 et 1 Co 4.5 ; 14.10 et 2 Co 5.10). Bref, il est une des Trois Personnes qui apparaissent associées dans les formules trinitaires, 2 Co 13.13.

1. LA PAROLE DE DIEU N’A PAS FAILLIs

6 Non certes que la parole de Dieu ait failli. Car tous les descendants d’Israëlt ne sont pas Israël.

s La section est divisée en trois parties 1° = 9.6-29 ; 2° = 9.30-10.21 et 3° = 11.1-32. Dans la partie 1, Paul montre que la situation d’Israël ne remet pas en question la puissance de la justice de Dieu ; c’est Israël (partie 2) qui a refusé la justice divine annoncée par l’Évangile de J.-C. et s’est mis dans cette situation ; mais (3) Dieu le sauvera, car tel est son dessein miséricordieux.

t L’« Israël de Dieu », Ga 6.16, héritier de la Promesse ne se confond pas avec l’« Israël selon la chair », 1 Co 10.18.

7 De même que, pour être postérité d’Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom,

8 ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse. 9 Voici en effet les termes de la promesse : Vers cette époque je viendrai et Sara aura un fils. 10 Mieux encore, Rébecca avait conçu d’un seul homme, Isaac notre père : 11 or, avant la naissance des enfants, quand ils n’avaient fait ni bien ni mal, pour que s’affirmât la liberté de l’élection divine, 12 qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut dit : L’aîné servira le cadet, 13 selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü.

Dieu n’est pas injuste.

14 Qu’est-ce à dire ? Dieu serait-il injuste ? Certes non ! 15 Car il dit à Moïse : Je fais miséricorde à qui je fais miséricorde et j’ai pitié de qui j’ai pitié. 16 Il n’est donc pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l’Écriture dit au Pharaon : Je t’ai suscitéu à dessein pour montrer en toi ma puissance et pour qu’on célèbre mon nom par toute la terre.

u Comme le fait l’AT, Paul attribue premièrement à la causalité divine (en accentuant encore l’expression :« Je t’ai suscité ») les actions bonnes ou mauvaises des hommes, cf. 1.24s.

18 Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.

19 Tu vas donc me dire : Qu’a-t-il encore à blâmer ? Qui résiste en effet à sa volonté ?v

v Si l’indocilité de l’homme entre ainsi dans le plan divin, comment lui reprocher de ne pas accomplir la volonté de Dieu ? Paul a déjà rencontré une objection analogue, 3.7 ; 6.1, 15, et y a répondu, comme ici, par une fin de non-recevoir. Dieu est le maître de son œuvre. Le taxer d’injustice n’a pas de sens. Cf. Mt 20.15.

20 Ô homme ! vraiment, qui es-tu pour disputer avec Dieu ? L’œuvre va-t-elle dire à celui qui l’a modelée : Pourquoi m’as-tu faite ainsi ? 21 Le potier n’est-il pas maître de son argile pour fabriquer de la même pâte un vase de luxe ou un vase ordinaire ? 22 Eh bien !w si Dieu, voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de longanimité des vases de colère devenus dignes de perdition,

w À tous ceux que l’on considérait comme allant vers leur anéantissement, parce que non élus, Dieu a en réalité fait miséricorde, moyennant la foi. En ces versets 24-29, Paul ne suggère aucunement que les israélites ayant refusé l’Évangile sont voués à la perdition, car en 9, l’appel ou le non appel ne sont pas liés à la réponse humaine, positive ou négative (cf. les vv. 11s). Il souligne au contraire que les vases voués à la colère, les païens idolâtres, ont eux aussi été l’objet de la miséricorde divine, au point de recevoir le statut de fils et de filles de Dieu. Quant aux vv. 27-29, ils insistent sur le reste — pour Paul, ce sont les juifs ayant cru en l’Évangile — dont l’existence montre déjà que la parole de Dieu n’a pas failli.

23 dans le dessein de manifesterx la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire,

x « dans le dessein de (manifester) »; var. : « et (manifesté) ».

24 envers nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs mais encore d’entre les nations...y

y La phrase reste en suspens : « comment parler en ce cas d’injustice de Dieu ? » En effet, tout s’ordonne finalement au salut des uns et des autres, cf. 11.32.

La miséricorde de Dieu.

25 C’est bien ce qu’il dit en Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée. 26 Et au lieu même où on leur avait dit : « Vous n’êtes pas mon peuple », on les appellera fils du Dieu vivant.z

z Ainsi l’histoire d’Israël lui-même, rappelé par Dieu malgré ses infidélités, devient le type de l’appel des nations, sans aucun droit, au festin messianique.

27 Et Isaïe s’écrie en faveur d’Israël :a Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, le reste sera sauvé :

a Les textes choisis annoncent à la fois l’infidélité d’Israël et le retour d’un « reste », cf. Isa 4.3, dépositaire des promesses. Ils préparent ainsi le chap. 11.

28 car sans retard ni reprise le Seigneur accomplira sa parole sur la terre.b

b Une var. (Vulg.) conforme la citation au texte des LXX, que Paul abrège.

29 Et comme l’avait prédit Isaïe : Si le Seigneur Sabaot ne nous avait laissé un germe, nous serions devenus comme Sodome, assimilés à Gomorrhe.

2. LES RAISONS DE LA SITUATION D’ISRAËL

30 Que dirons-nous donc ?c Que des païens qui ne poursuivaient pas de justice ont atteint une justice, la justice de la foi,

c Cette conclusion introduit l’argument du chap. suivant : les causes de l’infidélité d’Israël vues non plus en Dieu, mais en Israël même.

31 tandis qu’Israël qui poursuivait une loi de justice, n’a pas atteint la Loi.d

d Ce que seul peut faire le chrétien, 3.31 ; 8.4 ; 10.4 ; cf. 7.7 ; Ac 13.39. — « la Loi »; var. (Vulg.) : « la Loi de justice ».

32 Pourquoi ? Parce qu’au lieu de recourir à la foi ils comptaient sur les œuvres. Ils ont buté contre la pierre d’achoppement, 33 comme il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d’achoppement et un rocher qui fait tomber ; mais qui croit en lui ne sera pas confondu.

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