C.I. Scofield

Genèse 11.10

postérité

♦ Genèse 11 et 12 marquent un important tournant dans les voies de Dieu à l'égard de l'humanité. Jusqu'ici, c'était l'histoire de toute la race adamique. Il n'y avait ni Juif ni païen ; tous étaient un en Adam, le premier homme. Dès ce moment, l'humanité apparaît, dans l'Écriture, comme un vaste courant d'eau dont Dieu détourne un petit filet, avec lequel il se propose un jour de purifier le fleuve lui-même. Ce petit ruisseau est l'image d'Abram que Dieu appelle, puis de la nation d'Israël que Dieu crée. Israël a été suscité comme témoin du Dieu unique, face à l'idolâtrie universelle (Deutéronome 6.4 ; Ésaïe 43.10–12) ; comme exemple de la bénédiction reçue au service du vrai Dieu (Deutéronome 33.26–29) ; comme dépositaire des révélations divines (Deutéronome 4.5–8 ; Romains 3.1–2) ; enfin comme canal humain pour la venue du Messie (Genèse 21.12 ; 28.14 ; 49.10 ; 2 Samuel 7.16–17 ; Ésaïe 7.13–14 ; Matthieu 1.1).

Le lecteur de l'Écriture gardera à l'esprit les faits suivants :

  1. De Genèse 12 à Matthieu 12.45, les Écritures considèrent premièrement Israël, le petit filet d'eau, et non pas le grand fleuve des peuples païens ; néanmoins, le caractère universel des ultimes intentions de Dieu réapparaît sans cesse (Genèse 12.3 ; Ésaïe 2.2, 4 ; 5.26 ; 9.1, 2  11.10–12 ; 42.1–6 ; 49.6, 12 ; 52.15 : 54.3 ; 55.5 ; 60.3, 5, 11–16 ; 61.6, 9 ; 62.2 ; 66.12, 18, 19 ; Jérémie 16.19 ; Joël 3.9, 10 ; Malachie 1.11 ; Romains 9.1 ; 10.1 ; 11.1 ; Galates 3.8–14).
  2. Toute la race humaine, païens et Juifs, est toujours au bénéfice des alliances divines contractées avec Adam déchu et Noé ; elle continue de vivre sous les dispensations (ou régimes) de la Conscience (responsabilité morale) et du Gouvernement humain. De plus, Israël reçoit des responsabilités accrues : d'abord l'alliance divine avec Abram, puis celle du Sinaï, enfin celle avec Israël pour la terre promise.
  3. Considérée à partir de Babel, l'histoire morale du monde païen est caractérisée par la dégradation résultant du péché d'idolâtrie et de la perversion des mœurs. Le Saint-Esprit la décrit en Romains 1.18–32 et souligne la pleine responsabilité de l'homme en Romains 2.1-16. La conscience n'acquitte jamais ; ou elle accuse, ou elle cherche à excuser.
  4. Lorsque, plus tard, les païens eurent connaissance de la loi, elle devint pour eux ce qu'elle avait été pour Israël : « un ministère de mort », « une malédiction » (Romains 3.19–20 ; 7.9–10 ; 2 Corinthiens 3.7 ; Galates 3.10).
  5. Cependant, lorsque le Juif ou le païen découvrent l'Evangile, un nouvel ordre de responsabilité s'établit (Jean 3.18–19, 36 ; 15.22-24 ; 16.9 ; 1 Jean 5.9–12).

déluge

♦ L'Écriture ne permet pas de préciser la date du déluge (voir Genèse 1.1 ; 5.3, notes). Le terme hébreu traduit par « engendrer » ne signifie pas nécessairement être le père de, mais aussi être l'ancêtre de ; il est vrai que le mot biblique « fils » se réfère le plus souvent à une filiation directe ; néanmoins, il peut aussi avoir le sens de « descendant ». Ainsi en Matthieu 1.1, Jésus-Christ est appelé « fils de David, fils d'Abraham » (voir Matthieu 22.42). En Matthieu 1.8, nous lisons que « Joram engendra Ozias ». Mais la généalogie de Jésus-Christ omet trois noms intermédiaires : Achazia, Joas et Amatsia, tous trois rois de Juda connus de tous les Juifs (cp. Esdras 7.3 ; 1 Chroniques 6.7–11). En considérant l'ensemble de ces faits, nous devons constater en Genèse 11.10 la simple indication que, lorsque Sem fut âgé de cent ans, sa femme enfanta un fils qui fut, soit Arpacschad lui-même, soit un ancêtre d'Arpacschad. Il est fort possible que dans la généalogie d'Abram, plusieurs maillons ont tout simplement été passés sous silence.