C.I. Scofield

Luc 16.23

séjour des morts

♦ L'expression le séjour des morts (gr. hadès ; héb. scheol) est employée :

  1. pour préciser la condition des perdus après leur mort physique et avant le jugement du grand trône blanc (Apocalypse 20.11–15). Le passage de Luc 16.23–24 montre que les perdus qui sont dans le hadès sont conscients, possèdent le plein usage de leurs facultés et sont en proie aux tourments. Cet état durera jusqu'à leur jugement final (2 Pierre 2.9), quand tous les perdus et le hadès lui-même seront jetés dans l'étang de feu (Apocalypse 20.13–15) ; ceux qui n'ont pas cru continueront alors à souffrir ;
  2. pour indiquer communément la condition de l'esprit de tous les hommes, perdus et croyants, physiquement morts avant la résurrection de Jésus-Christ. L'A. T. emploie plusieurs fois scheol dans ce sens (cp. Genèse 37.35 ; 42.38 ; 44.29, 31). Luc 16.23 est le seul passage du N. T. où le mot hadès comporte cette signification. Pourtant, Abraham, et les croyants qui étaient dans le sein d'Abraham, occupaient une partie bien délimitée du hadès (séjour des morts). Il ne faut surtout pas penser qu'il existe une possibilité quelconque de changement de condition après la mort. En effet, l'homme perdu, qui était dans le hadès et voyait Abraham et Lazare « de loin » (v. 23), apprit qu'un « grand abîme » infranchissable séparait les deux lieux « afin que ceux qui voudraient passer de l'un à l'autre » ne puissent le faire (v. 26).

Les esprits des croyants quittèrent le hadès à la résurrection du Seigneur, pensent certains commentateurs s'appuyant sur le texte d'Éphésiens 4.8–10. L'esprit du malfaiteur repentant fut même introduit le jour de la crucifixion dans la présence du Seigneur, car Jésus lui avait dit : « Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec Moi dans le paradis » (Lu 23.43). Il est certain que, depuis la résurrection, tous ceux qui sont sauvés entrent immédiatement dans la présence de Christ (2 Corinthiens 5.8 ; Philippiens 1.23). Paul, de son vivant, « fut ravi jusqu'au troisième ciel... dans le paradis » (2 Corinthiens 12.1-4). Le paradis est un lieu de grande joie et de félicité ; cependant la félicité ne sera totale qu'après la réunion de l'esprit et du corps glorifié, lors de la résurrection des justes (1 Corinthiens 15.51–54 ; 1 Thessaloniciens 4.16–17). Ainsi, scheol et hadès, qui sont toujours traduits par « séjour des morts », ne font nullement allusion au lieu de sépulture des corps, mais à la condition de l'esprit après la mort physique (voir Habakuk 2.5).

séjour des morts

gr. hadès ; Luc 16.23, note