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Bible de Jérusalem

1 Corinthiens 15.24-

24 Puis ce sera la fin, lorsqu’il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance.f

f Toutes les puissances hostiles au règne de Dieu, cf. 2.6 ; Ep 1.21 ; Col 1.16 ; 2.15 ; 1 P 3.22.

25 Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. 26 Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort ; 27 car il a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu’il dira :g « Tout est soumis désormais », c’est évidemment à l’exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses.

g Une fois « tout mis sous ses pieds », Jésus se présentera devant son Père pour lui rendre compte de sa mission accomplie. On traduit aussi, à tort « Mais lorsque l’Écriture dit que tout lui a été soumis... »

28 Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous.

29 Autrement, que feront « ceux qui se seront épuisés pour des morts » ?h Si ceux qui sont réellement morts ne ressuscitent pas, pourquoi s’épuiser pour eux ?i

h La traduction courante (« Autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? ») évoque une pratique sans autre attestation et qui contredit la théologie baptismale de Paul ; en effet, les morts ne peuvent pas faire l’acte de foi que réclame Rm 10.9. Il semble donc préférable de donner à baptizein un sens plus proche de son sens premier, cf. Mc 10.38. Comme Jésus, Paul et ses compagnons sont « plongés » dans un abîme de souffrances qui ne se justifie que si ceux pour qui les apôtres se sont donné tant de mal (se sont « épuisés ») sont destinés à la vie.

i Certains Corinthiens reprochaient à Paul de travailler si dur qu’il se tuait à la tâche pour ceux qui étaient « morts » spirituellement ou existentiellement, 2 Co 2.16. Paul transforme l’objection en argument en faveur de la résurrection. Continuerait-il à souffrir, 2 Co 11.23, s’il n’était absolument convaincu que ceux qui sont physiquement morts se relèveront ?

30 Et nous-mêmes, pourquoi à toute heure nous exposer au péril ? 31 Chaque jour je suis à la mort, aussi vrai, frères, que vous êtes pour moi un titre de gloire dans le Christ Jésus, notre Seigneur. 32 Si c’est dans des vues humaines que j’ai livré combat contre les bêtesj à Éphèse, que m’en revient-il ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons.k

j Il s’agit d’une métaphore, Ps 22.1 ; 1 M 2.60 ; 2 Tm 4.17. Cette épreuve ne nous est pas connue autrement, mais cf. 2 Co 1.8-9.

k Cf. Qo 9.7-10. Il y a là une certaine exagération oratoire. On peut renoncer aux jouissances matérielles pour des motifs purement humains. Paul vient lui-même de le dire, 9.25.

33 Ne vous y trompez pas : « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. »l

l Vers du poète Ménandre, peut-être devenu dicton populaire.

34 Dégrisez-vous, comme il sied, et ne péchez pas ; car il en est parmi vous qui ignorent tout de Dieu. Je le dis à votre honte.

Le mode de la résurrection.

35 Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? 36 Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s’il ne meurt.

37 Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre plante ; 38 et Dieu lui donne un corps à son gré, à chaque semence un corps particulier.m

m Dans la mentalité populaire, la germination était un processus dépendant du bon vouloir de la divinité, non un phénomène naturel, cf. 2 M 7.22-23. Dans le rapport entre le corps actuel et le corps de gloire, Paul insiste sur l’altérité beaucoup plus que sur la continuité. Il veut sans doute répondre à l’objection (v. 35) qui refuserait à juste titre de prendre à la lettre une imagerie telle que celle de Ez 37.1-10.

39 Toutes les chairs ne sont pas les mêmes, mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre la chair des oiseaux, autre celle des poissons. 40 Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres, mais autre est l’éclat des célestes, autre celui des terrestres. 41 Autre l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles. Une étoile même diffère en éclat d’une étoile. 42 Ainsi en va-t-il de la résurrection des morts : on est semé dans la corruption, on ressuscite dans l’incorruptibilité ; 43 on est semé dans l’ignominie, on ressuscite dans la gloire ; on est semé dans la faiblesse, on ressuscite dans la force ; 44 on est semé corps psychique,n on ressuscite corps spirituel.
S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel.

n Pour Paul comme pour la tradition biblique, la psychè (hébr. nephesh ; cf. Gn 2.7) est le principe vital qui anime le corps humain, 15.45. Elle est sa « vie », Rm 16.4 ; Ph 2.30 ; 1 Th 2.8 ; cf. Mt 2.20 ; Mc 3.4 ; Lc 12.20 ; Jn 10.11 ; Ac 20.10 ; etc., son âme vivante, 2 Co 1.23, et peut servir à désigner tout l’homme, Rm 2.9 ; 13.1 ; 2 Co 12.15 ; Ac 2.41, 43, etc. Mais elle reste un principe naturel, 2.14 ; cf. Jude 19, qui doit s’effacer devant le pneuma pour que l’homme retrouve la vie divine. Cette substitution qui s’ébauche déjà durant la vie mortelle par le don de l’Esprit, Rm 5.5 ; cf. 1.9, obtient son plein effet après la mort. Alors que la philosophie grecque attendait une survie immortelle de l’âme supérieure (noûs) seule, enfin affranchie du corps, le christianisme ne conçoit l’immortalité que dans la restauration intégrale de l’homme, c’est-à-dire dans la résurrection du corps par l’Esprit, principe divin que Dieu avait retiré de l’homme à la suite du péché, Gn 6.3, et qu’il lui rend par l’union au Christ ressuscité, Rm 1.4 ; 8.11, homme céleste et Esprit vivifiant, 15.45-49. De « psychique » le corps devient alors « pneumatique », incorruptible, immortel, 15.53, glorieux, 15.43 ; cf. Rm 8.18 ; 2 Co 4.17 ; Ph 3.21 ; Col 3.4, affranchi des lois de la matière terrestre, Jn 20.19, 26, et de ses apparences, Lc 24.16. — En un sens plus large, la psychè peut désigner l’âme, par opposition au corps, Mt 10.28, le siège de la vie morale et des sentiments, Ph 1.27 ; Ep 6.6 ; Col 3.23 ; cf. Mt 22.37 ; 26.38 ; Lc 1.46 ; Jn 12.27 ; Ac 4.32 ; 14.2 ; 1 P 2 11 ; etc., et même l’être spirituel et immortel, Ac 2.27 ; Jc 1.21 ; 5.20 ; 1 P 1.9 ; Ap 6.9 ; etc.

45 C’est ainsi qu’il est écrit : Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante ;o le dernier Adam, esprit vivifiant.

o C’est-à-dire un être doué de vie par sa psychè, mais d’une vie purement naturelle, et soumis aux lois du dépérissement et de la corruption.

46 Mais ce n’est pas le spirituel qui paraît d’abord ; c’est le psychique, puis le spirituel. 47 Le premier homme, issu du sol, est terrestre, le second, lui, vient du ciel. 48 Tel a été le terrestre, tels seront aussi les terrestres ; tel le céleste, tels seront aussi les célestes. 49 Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porteronsp aussi l’image du céleste.

p Var. « puissions-nous porter ».

50 Je l’affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité. 51 Oui, je vais vous dire un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés.q

q Paul s’attendait à ce que la Parousie ait lieu avant sa mort.

52 En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale,r car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés.

r Depuis le Sinaï, Ex 19.16, 19, la trompette fait partie du symbolisme des manifestations divines, Mt 24.31 ; 1 Th 4.16. Elle rythme les étapes du dessein final de Dieu, cf. les sept trompettes de Ap 8.6 — 11.19.

53 Il faut, en effet, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité.

Hymne triomphal et conclusion.

54 Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilités et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite :t La mort a été engloutie dans la victoire.

s Om « Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité. »

t Citée librement.

55 Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? 56 L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché, c’est la Loi.u

u Formule ramassée annonçant déjà le développement de Rm 5-7.

57 Mais grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ !

58 Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n’est pas vain dans le Seigneur.v

v Ce v. relie le développement précédent au v. 15.14, début de l’instruction. La certitude de la victoire donne au croyant la force de progresser. Pour Paul, il ne peut y avoir de foi sans vie en progrès.