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Bible de Jérusalem

Ézéchiel 1,10

ÉZÉCHIEL

Introduction au livre d’Ézéchiel

Introduction

1 La trentième année, au quatrième mois, le cinq du mois, alors que je me trouvais parmi les déportés au bord du fleuve Kebar, le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines. 2 Le cinq du mois — c’était la cinquième année d’exil du roi Joiakîn — 3 la parole de Yahvé fut adressée au prêtre Ézéchiel, fils de Buzi, au pays des Chaldéens, au bord du fleuve Kebar.a C’est là que la main de Yahvé fut sur lui.b

a Les vv. 1-3 paraissent juxtaposer deux introductions distinctes. L’une, vv. 2-3, impersonnelle, annonce l’ensemble du livre d’Ézéchiel et date la première vision du prophète, de la 5e année de l’exil de Joiakîn, soit 593-592. L’autre, v. 1, était peut-être rattachée à la vision du char de Yahvé lorsque celle-ci n’avait pas encore trouvé sa place actuelle, cf. Introduction. Mais alors la date (30e année) est difficile à interpréter, à moins qu’on ne la corrige en « 13e année » (de l’exil de Joiakîn), soit l’été de 585.

b Expression fréquente chez Ézéchiel pour désigner l’extase, cf. 3.22 ; 8.1 ; 33.22 ; 37.1 ; 40.1. — Les versions lisent « sur moi » au lieu de « sur lui »; il faut alors rattacher 3 à 4.

Vision du « char de Yahvé ».c

4 Je regardai : c’était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l’éclat du vermeil au milieu du feu.

c Cette vision est certainement destinée aux exilés. Certains détails en sont obscurs, mais le sens général est clair c’est la « mobilité » spirituelle de Yahvé, qui n’est pas attaché au Temple de Jérusalem mais peut suivre ses fidèles jusque dans leur exil.

5 Au centre, je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants dont voici l’aspect : ils avaient une forme humaine. 6 Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. 7 Leurs jambes étaient droites et leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf, étincelants comme l’éclat de l’airain poli. 8 Sous leurs ailes, il y avait des mains humaines tournées vers les quatre directions, de même que leurs faces et leurs ailes à eux quatre. 9 Leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre ; ils ne se tournaient pas en marchant : ils allaient chacun devant soi. 10 Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle.d

d Ces êtres étranges rappellent les Kâribu assyriens (dont le nom correspond à celui des Chérubins de l’arche, cf. Ex 25.18), êtres à tête humaine, corps de lion, pattes de taureau et ailes d’aigle, dont les statues gardaient les palais de Babylone. Ces serviteurs des dieux païens sont ici attelés au char du Dieu d’Israël expression frappante de la transcendance de Yahvé. Les « quatre Vivants » de l’Apocalypse, Ap 4.7-8, etc., reprennent les traits des quatre êtres vivants d’Ézéchiel. La tradition chrétienne en a fait les symboles des quatre évangélistes.

11 Leurs ailese étaient déployées vers le haut ; chacun avait deux ailes se joignant et deux ailes lui couvrant le corps ;

e « Leurs ailes » grec ; « Leurs faces et leurs ailes » hébr.

12 et ils allaient chacun devant soi ; ils allaient là où l’esprit les poussait, ils ne se tournaient pas en marchant.

13 Ils ressemblaient à des êtres vivants. Leur aspect était celui de charbons ardents ayant l’aspect de torches, allant et venant entre les êtres vivants ; le feu jetait une lueur, et du feu sortaient des éclairs. 14 Les êtres vivants couraient en tout sens comme le font les éclairs.f

f Ce v., absent du grec, est peut-être une glose.

15 Je regardai les êtres vivants ; et voici qu’il y avait une roue à terre, à côté des êtres vivants aux quatre faces. 16 L’aspect de ces roues et leur structure avait l’éclat de la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même forme ; quant à leur aspect et leur structure : c’était comme si une roue se trouvait au milieu de l’autre. 17 Elles avançaient dans les quatre directionsg et ne se tournaient pas en marchant.

g Texte incertain. Littéralement « vers les quatre côtés de ceux-ci, en marchant, elles avançaient ».

18 Leur circonférence était de grande taille et effrayante, et leur circonférence, à toutes les quatre, était pleine de refletsh tout autour.

h « de reflets », litt. « d’yeux »; mais il faut interpréter ce mot d’après son usage figuré où il a le sens d’« éclat », cf. vv. 4, 7, 16, 22, 27 ; 8.2 ; 10.9. — Ici, cette mention des « reflets » est peut-être une glose inspirée de 10.12.

19 Lorsque les êtres vivants avançaient, les roues avançaient à côté d’eux, et lorsque les êtres vivants s’élevaient de terre, les roues s’élevaient. 20 Là où l’esprit les poussait, les roues allaient,i et elles s’élevaient également, car l’esprit du vivant était dans les roues.

i Après « allaient », hébr. ajoute « à l’esprit pour avancer », omis par mss, grec et syr.

21 Quand ils avançaient, elles avançaient, quand ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient, et quand ils s’élevaient de terre, les roues s’élevaient également, car l’esprit du vivant était dans les roues. 22 Il y avait sur les têtes du vivant quelque chose qui ressemblait à un firmament éclatant comme le cristal,j tendu sur leurs têtes,k au-dessus,

j Après « cristal », hébr. ajoute « effrayant »; omis par grec.

k Ainsi les animaux portent le trône de Yahvé plutôt qu’ils ne le traînent. Comparer l’arche d’alliance, Ex 25.10, où « Yahvé siège sur les Chérubins », 1 S 4.4, etc.

23 et sous le firmament, leurs ailes étaient dressées l’une vers l’autre ; chacun en avait deux lui couvrant le corps.l

l L’hébr. répète « chacun en avait deux le couvrant », dittographie omise par mss et grec.

24 Et j’entendis le bruit de leurs ailes, comme le bruit des grandes eaux, comme la voix de Shaddaï ; lorsqu’ils marchaient, c’était un bruit de tempête, comme un bruit de camp ; lorsqu’ils s’arrêtaient, ils repliaient leurs ailes. 25 Et il se produisit un bruit.m

m L’hébr. ajoute « au-dessus du firmament qui était sur leurs têtes, quand ils s’arrêtaient ils repliaient leurs ailes », dittographie omise par plusieurs manuscrits et versions.

26 Au-dessus du firmament qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose qui avait l’aspect d’une pierre de saphir en forme de trône, et sur cette forme de trône, dessus, tout en haut, une forme ayant apparence humaine.

27 Et je vis comme l’éclat du vermeil, quelque chose comme du feu près de lui, tout autour, depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessus ; et depuis ce qui paraissait être ses reins et au-dessous, je vis quelque chose comme du feu et une lueur tout autour ; 28 l’aspect de cette lueur, tout autour, était comme l’aspect de l’arc qui apparaît dans les nuages, les jours de pluie. C’était quelque chose qui ressemblait à la gloire de Yahvé.n Je regardai, et je tombai la face contre terre ; et j’entendis la voix de quelqu’un qui me parlait.

n Les Israélites craignaient de voir la face de Yahvé, aussi le plus souvent Dieu leur montrait sa « gloire », c’est-à-dire les signes extérieurs qui environnent et révèlent sa personne, cf. Ex 33.18, 22, etc. La gloire de Yahvé est donc le signe de sa présence. Habituellement, elle a l’apparence d’une nuée lumineuse, Ex 16.10 ; 43.1-5 ; ici la nuée est accompagnée d’une sorte de silhouette humaine brillante et rayonnante.