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Bible de Jérusalem

Genèse 12.1

II. Histoire des patriarchesv

1. CYCLE D’ABRAHAMw

Vocation d’Abraham.x

12 Yahvé dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai.

v Titre à comprendre d’une façon neutre récits au sujet des patriarches.

w Les récits sur Abraham, tels qu’ils se présentent dans la Genèse, sont une « théologie de la promesse » la double promesse divine de descendance et du don du pays sont les deux axes centraux autour desquels s’organise d’une manière ou d’une autre tout ce que les écrivains sacrés ont à dire sur le patriarche.

x Les chap. 12-13 appartiennent pour l’essentiel aux traditions yahvistes, mais tout ne se situe pas au même niveau de la tradition ou de sa fixation écrite. Fort probablement, une courte notice de départ de Harân et d’arrivée en Canaan, sorte d’itinéraire, avec l’ordre divin de quitter Harân, 12.1.4, et un premier point d’attache autour de Béthel, 12.8 ; 13.3, sont le noyau de la tradition. L’itinéraire est continué par le récit de la séparation d’Abraham et de Lot, 13.3s. Des promesses de descendance et de bénédiction, 12.2-3, puis du don du pays, 12.7, ont pu être ajoutées à un stade relativement ancien de la tradition, de même que le récit de la descente en Égypte, 12.10-20, récit qui ne parle pas de Lot, avec 13.1-4. Un développement plus récent peut être la promesse solennelle de 13.14-17. Les auteurs sacerdotaux sont responsables de quelques compléments où l’on insiste sur la richesse d’Abraham et de Lot, raison de leur séparation, 12.4-5 ; 13.2.4-5. Si tel a pu être le développement des deux chapitres, la double promesse de descendance et du don du pays vient occuper une place de plus en plus prépondérante. Rompant toutes ses attaches terrestres, Abraham part pour un pays inconnu, avec sa femme stérile, 11.30, parce que Dieu l’a appelé et lui a promis une postérité. Premier acte de la foi d’Abraham que l’on retrouvera lors du renouvellement de la promesse, 15.5-6, et que Dieu mettra à l’épreuve en redemandant Isaac, fruit de cette promesse, 22. L’existence et l’avenir du peuple élu dépendent de cet acte absolu de foi, He 11.8-9. Il ne s’agit pas seulement de sa descendance charnelle, mais de tous ceux que la même foi rendra fils d’Abraham, comme le montre saint Paul, Rm 4 ; Ga 3.7.

Genèse 15.6

6 Abram crut en Yahvé, qui le lui compta comme justice.s

s La foi d’Abraham est la confiance en une promesse humainement irréalisable. Dieu lui reconnaît le mérite de cet acte (cf. Dt 24.13 ; Ps 106.31), il le met au compte de sa justice, le « juste » étant l’homme que sa rectitude et sa soumission rendent agréable à Dieu. Saint Paul utilise le texte pour prouver que la justification dépend de la foi et non des œuvres de la Loi ; mais la foi d’Abraham commande sa conduite, elle est principe d’action et saint Jacques peut invoquer le même texte pour condamner la foi « morte », sans les œuvres de la foi.

Genèse 22.1

Le sacrifice d’Abraham.p

22 Après ces événements, il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Abraham ! »q Il répondit : « Me voici ! »

p Récit probablement de tradition élohiste, vv. 1-14 et 19, où, par respect de la tradition, on garde le nom de Yahvé, vv. 11 et 14. Les vv. 15-18 sont une addition. À l’origine peut se trouver un récit de fondation de sanctuaire israélite où, à la différence des sanctuaires cananéens, on n’offrait pas de victimes humaines. Le récit actuel justifie la prescription rituelle du rachat des premiers-nés d’Israël ceux-ci, comme toutes les prémices, appartiennent à Dieu, toutefois ils ne doivent pas être sacrifiés mais rachetés, Ex 13.11. Le récit implique donc la condamnation, maintes fois prononcée par les Prophètes, des sacrifices d’enfants, voir Lv 18.21. Il y ajoute une leçon spirituelle plus haute l’exemple de la foi d’Abraham qui trouve ici son point culminant. Les Pères ont vu dans le sacrifice d’Isaac la figure de la Passion de Jésus, le Fils unique.

q Sam. et les versions anciennes ont un double appel, assez habituel (cf. v. 11 ; Ex 3.4 ; etc.).