14 Au temps d’Amraphel roi de Shinéar, d’Aryok roi d’Ellasar, de Kedor-Laomer roi d’Élam et de Tidéal roi des Goyim,
h Ce chap. n’appartient à aucune des trois grandes traditions de la Genèse. Sa valeur est très diversement appréciée. Il semble qu’il soit une composition tardive pastichant l’antique les noms des quatre rois de l’Orient ont des formes anciennes, mais ils ne sont identifiables à aucun personnage connu, et il est historiquement impossible que l’Élam ait jamais dominé sur les villes du sud de la mer Morte, et ait pris la tête d’une coalition qui aurait réuni un roi amorite (Amraphel), un roi hurrite (Aryok) et un roi hittite (Tidéal). Le caractère factice du récit est perceptible dans les noms des rois de Sodome et Gomorrhe Béra et Birsha sont les rois « en malice » et « en méchanceté », nouvelle allusion au péché des deux villes. Le récit a voulu rattacher Abraham à la grande histoire et ajouter à sa figure une auréole de gloire militaire.
i Sur Sodome et Gomorrhe, voir chap. 19 ; sur Adma et Çeboyim, Dt 29.22 ; Os 11.8.
3 Ces derniers se liguèrent dans la vallée de Siddim (c’est la mer du Sel).j
j L’auteur se représente la mer Morte comme n’existant pas encore, cf. 13.10 ; ou bien la vallée de Siddim (le nom ne se rencontre qu’ici) n’occupait que la partie méridionale de la mer Morte qui est un affaissement récent.
k « la treizième année » versions ; « treize ans » hébr.
l Rephaïm, Zuzim (ou Zamzumim), Émim et Horites anciennes populations légendaires de Transjordanie, cf. Dt 2.10 ; 2.12 ; leurs villes jalonnent la grande route qui descend vers la mer Rouge.
12 Ils prirent aussi Lot et ses biens (le neveu d’Abram), et s’en allèrent ; il habitait Sodome.
17 Quand Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé (c’est la vallée du Roi).m
m Mentionnée en 2 S 18.18, elle se trouvait, d’après Josèphe, à moins de 400 m de Jérusalem.
n Après le Ps 76.3, toute la tradition juive et beaucoup de Pères ont identifié Shalem avec Jérusalem. Son roi-prêtre, Melchisédech (nom cananéen, cf. Adonisédech, roi de Jérusalem, Jos 10.1), adore le Dieu Très Haut, El `Elyôn, nom composé dont chaque élément est attesté comme deux divinités distinctes du panthéon phénicien. `Elyôn est employé dans la Bible (surtout Ps) comme un titre divin. Ici, v. 22, El `Elyôn est identifié au vrai Dieu d’Abraham. Ce Melchisédech, qui fait dans le récit sacré une brève et mystérieuse apparition, comme roi de Jérusalem où Yahvé choisira d’habiter, comme prêtre du Très Haut dès avant l’institution lévitique, est présenté par le Ps 110.4 comme une figure de David, qui est lui-même une figure du Messie, roi et prêtre. L’application au sacerdoce du Christ est développée en He 7. La tradition patristique a exploité et enrichi cette exégèse allégorique, voyant dans le pain et le vin apportés à Abraham une figure de l’Eucharistie, et même un véritable sacrifice, figure du sacrifice eucharistique, interprétation reçue dans le Canon de la Messe. Plusieurs Pères avaient même admis qu’en Melchisédech était apparu le Fils de Dieu en personne. Ici les vv. 18-20 pourraient être postérieurs au reste du chapitre. Melchisédech y est l’image du grand prêtre d’après l’Exil, héritier des prérogatives royales et chef du sacerdoce, à qui les descendants d’Abraham payent la dîme.
« Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut
qui créa ciel et terre,
o La bénédiction est une parole efficace, 9.25, et irrévocable, 27.33 ; 48.18, qui, même prononcée par un homme, transmet l’effet qui s’y exprime, puisque c’est Dieu qui bénit, 1.27, 28 ; 12.1 ; 28.3-4 ; Ps 67.2 ; 85.2, etc. Mais l’homme aussi, en retour, bénit Dieu, loue sa grandeur et sa bonté en même temps qu’il souhaite les voir s’affirmer et s’étendre, 24.48 ; Ex 18.10 ; Dt 8.10 ; 1 S 25.32, 39, etc. Ici les deux bénédictions sont associées. Le culte israélite comportait les unes et les autres, Nb 6.22 ; Dt 27.14-26 ; Ps 103.1-2 ; 144.1 ; Dn 2.19-23, etc. Cf. Lc 1.68 ; 2 Co 1.3 ; Ep 1.3 ; 1 P 1.3.
20 et béni soit le Dieu Très-Haut
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna la dîme de tout.
21 Le roi de Sodome dit à Abram : « Donne-moi les personnes et prends les biens pour toi. »
p Omis par grec et syr.