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Bible de Jérusalem

Jacques 2.2-

2 Supposez qu’il entre dans votre assembléer un homme à bague d’or, en habit resplendissant, et qu’il entre aussi un pauvre en habit malpropre.

r Littéralement « synagogue ». Seul passage du NT où l’assemblée chrétienne soit appelée ainsi, cf. 5.14. Certains y voient un indice que s’adressait à des Juifs devenus chrétiens, Ga 1.22.

3 Vous tournez vos regards vers celui qui porte l’habit resplendissant et vous lui dites : « Toi, assieds-toi ici à la place d’honneur. » Quant au pauvre, vous lui dites : « Toi, tiens-toi là debout », ou bien : « Assieds-toi au bas de mon escabeau. » 4 Ne portez-vous pas en vous-mêmes un jugement, ne devenez-vous pas des juges aux pensées perverses ?

5 Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres selon le monde comme riches dans la fois et héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?

s Les pauvres, 1.9-10, possèdent la vraie richesse, cf. 1 Co 1.17-29.

6 Mais vous, vous méprisez le pauvre ! N’est-ce pas les riches qui vous oppriment ? N’est-ce pas eux qui vous traînent devant les tribunaux ?

7 N’est-ce pas eux qui blasphèment le beau Nom qu’on a invoqué sur vous ?t

t Dans l’AT, le nom de Yahvé prononcé sur quelqu’un appelait sur lui la protection divine, Am 9.12 ; Isa 43.7 ; Jr 14.9. Dans le NT, c’est le nom de Jésus invoqué, par exemple au baptême, qui est l’unique moyen de salut, Ac 2.21. — Autre traduction « le beau nom que vous portez ».

8 Si donc vous accomplissez la Loi royale suivant l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien ; 9 mais si vous considérez les personnes, vous commettez un péché et la Loi vous condamne comme transgresseurs.

10 Aurait-on observé la Loi tout entière, si l’on commet un écart sur un seul point, c’est du tout qu’on devient justiciable. 11 Car celui qui a dit : Tu ne commettras pas d’adultère, a dit aussi : Tu ne commettras pas de meurtre. Si donc tu évites l’adultère, mais que tu commettes un meurtre, te voilà devenu transgresseur de la Loi. 12 Parlez et agissez comme des gens qui doivent être jugés par une loi de liberté. 13 Car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement.u

u « Jugement » ici au sens de condamnation. Le jugement appartient à Dieu seul, auteur de la Loi, 4.11-12 ; 5.9 ; cf. Ps 9.9. Il sanctionnera la pratique de la Loi, 1.25 ; 2.8, condensée dans la miséricorde.

La foi et les œuvres.v

14 À quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : « J’ai la foi », s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ?

v Les développements précédents vont être éclairés par un exposé de principe. L’auditeur de la parole doit en être un exécuteur, 1.22-25 ; cf. 4.11. Le point de vue de Jacques n’est pas inconciliable avec celui que défend Paul, Rm 3.20-31 ; 9.31 ; Ga 2.16 ; 3.2, 5, 11s ; Ph 3.9. Ce que celui-ci refuse, c’est la valeur des œuvres humaines pour mériter le salut sans la foi au Christ. Une telle confiance en l’effort de l’homme pour se rendre juste méconnaît qu’il est foncièrement pécheur, Rm 1.18—3.20 ; Ga 3.22, et rend vaine la foi au Christ, Ga 2.21 ; cf. Rm 1.16. Mais Paul admet lui aussi que, une fois la justification reçue par pure grâce, la foi doit être active par la charité, 1 Co 13.2 ; Ga 5.6 ; cf. 1 Th 1.3 ; 2 Th 1.11 ; Phm 6, et accomplir enfin vraiment la loi, Rm 8.4, qui est la loi du Christ et de l’Esprit, Ga 6.2 ; Rm 8.2, la loi de l’amour, Rm 13.8-10 ; Ga 5.14. Chacun sera jugé selon ses œuvres, Rm 2.6. La pensée de Jc, y compris sur l’histoire d’Abraham, vv. 22-23, est cependant plus proche du judaïsme que celle de Paul.

15 Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, 16 et que l’un d’entre vous leur dise : « Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous », sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? 17 Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte.w

w Littéralement « elle est morte en elle-même ».

18 Au contraire, on dira :x « Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres ? Montre-moi ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi.

x À l’interlocuteur des vv. 14 et 16, que Jacques prend maintenant à partie.

19 Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu ? Tu fais bien. Les démons le croient aussi, et ils tremblent.y

y L’insoumission des démons au vrai Dieu qu’ils reconnaissent, cf. Mc 1.24, 34, etc., ne les empêche pas de craindre sa colère à venir.

20 Veux-tu savoir, homme insensé, que la foi sans les œuvres est stérile ?z

z Var. (Vulg.) « morte », cf. vv. 17 et 26.

21 Abraham, notre père,a ne fut-il pas justifié par les œuvres quand il offrit Isaac, son fils, sur l’autel ?

a La tradition juive tenait Abraham pour le juste fidèle à Dieu, Si 44.19-21, ami de Dieu, 2 Ch 20.7 ; Isa 41.8, père des croyants, cf. Mt 3.8 ; Jn 8.39. sur ce point rejoint Paul, Rm 4.1, 16.

22 Tu le vois : la foi coopérait à ses œuvres et par les œuvres sa foi fut rendue parfaite.b

b Pas plus que Paul, ne regarde la foi d’Abraham comme une œuvre, Gn 15.6, cité v. 23 ; Rm 4.3 ; Ga 3.6, mais il insiste davantage sur les œuvres qui naissent de la foi, de la loi parfaite, 1.25 ; 2.8.

23 Ainsi fut accomplie cette parole de l’Écriture : Abraham crut à Dieu, cela lui fut compté comme justice et il fut appelé ami de Dieu. »

24 Vous le voyez : c’est par les œuvres que l’homme est justifié et non par la foi seule. 25 De même, Rahab, la prostituée, n’est-ce pas par les œuvres qu’elle fut justifiée quand elle reçut les messagersc et les fit partir par un autre chemin ?

c « messagers », var. « espions », cf. He 11.31. Le thème était populaire dans le judaïsme.

26 Comme le corps sans l’âme est mort, de même la foi sans les œuvres est-elle morte.d

d Les vv. 17, 20, 24 trouvent leur conclusion dans la comparaison d’un corps privé du souffle de vie.