retour

Bible de Jérusalem

Marc 1.21-

Jésus enseigne à Capharnaüm et guérit un démoniaque.j

21 Ils pénètrent à Capharnaüm. Et aussitôt, le jour du sabbat, étant entré dans la synagogue, il enseignait.

j Grâce à l’Esprit qu’il a reçu lors de son baptême, Jésus inaugure sa mission selon qu’elle lui a été prescrite par la voix céleste, 1.9. Il enseigne, comme le Serviteur d’Isa 42.1-4 ; en expulsant les esprits impurs, suppôts de Satan, il montre qu’il dépouille celui-ci de son pouvoir royal, cf. Lc 10.18-19 ; Jn 12.32 ; Ap 12.9-11.

22 Et ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes.

23 Et aussitôt il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur,k qui cria

k Le judaïsme, cf. Za 13.2, appelait ainsi les démons, étrangers et même hostiles à la pureté religieuse et morale qu’exige le service de Dieu ; voir encore 3.11, 30 ; Mt 10.1 ; 12.43 ; Lc 4.33, 36 ; etc.

24 en disant : « Que nous veux-tu,l Jésus le Nazarénien ? Es-tu venu pour nous perdre ?m Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. »

l Littéralement « Qu’y a-t-il à nous et à toi ? » cf. Jn 2.4.

m Ces paroles reprennent celles que la veuve de Sarepta adresse à Élie, 1 R 17.18 ; Jésus est à nouveau comparé à ce prophète, 1.16.

25 Et Jésus le menaça en disant : « Tais-toi et sors de lui. » 26 Et le secouant violemment, l’esprit impur cria d’une voix forte et sortit de lui. 27 Et ils furent tous effrayés, de sorte qu’ils se demandaient entre eux : « Qu’est cela ? Un enseignement nouveau, donné d’autorité ! Même aux esprits impurs, il commande et ils lui obéissent ! »n

n « Saint » signifie « consacré, mis à part ». L’esprit impur reconnaît en Jésus le prophète consacré par Dieu en vue de sa mission, Jr 1.5 ; Jn 6.69 ; 10.35-36, grâce à l’Esprit qu’il a reçu, Isa 61.1ss. Cf. Lc 1.35 ; Ac 2.27 ; 3.14 ; 4.27, 30 ; Ap 3.7.

28 Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée.

Guérison de la belle-mère de Simon.

29 Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vinto dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean.

o L’enseignement de Jésus et les miracles qu’il accomplit provoquent l’étonnement et obligent les spectateurs à se demander « Qui est ce Jésus de Nazareth ? » C’est la question qui revient tout au long de la première partie de l’évangile, 1.34 ; 2.12 ; 3.12 ; 4.41 ; 5.42 ; 6.2-3, 14-16 ; 7.37, cf. 1.25, 34 ; 3.11, et à laquelle Pierre donnera enfin la réponse Il est le Christ, 8.29.

30 Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. 31 S’approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait.

Guérisons multiples.

32 Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques, 33 et la ville entière était rassemblée devant la porte. 34 Et il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux, et il chassa beaucoup de démons. Et il ne laissait pas parler les démons, parce qu’ils savaient qui il était.p

p Var. « ils vinrent ».

Jésus quitte secrètement Capharnaüm et parcourt la Galilée.

35 Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert, et là il priait. 36 Simon et ses compagnons le poursuivirent 37 et, l’ayant trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » 38 Il leur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti. »q

q Aux démons, 1.25, 34 ; 3.12, comme aux miraculés, 1.44 ; 5.43 ; 7.36 ; 8.26, et même aux apôtres, 8.30 ; 9.9, Jésus impose sur son identité messianique une consigne de silence qui ne sera levée qu’après sa mort, Mt 10.27. Le vulgaire se faisant alors du Messie une idée nationaliste et guerrière fort différente de celle que voulait incarner Jésus, il lui fallait user de beaucoup de prudence, du moins en terre d’Israël, cf. 5.19, pour éviter des méprises fâcheuses sur sa mission, cf. Jn 6.15 ; Mt 13.13. Cette consigne du « secret messianique » n’est pas une thèse artificielle inventée après coup par Mc, ainsi que certains l’ont prétendu ; elle répond à une attitude historique de Jésus, encore que Mc en ait fait un thème sur lequel il aime à insister. À part Mt 9.30, Mt et Lc n’ont cette consigne qu’en parallèle à Mc ; souvent même, ils l’omettent.

39 Et il s’en alla à travers toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons.

Guérison d’un lépreux.r

40 Un lépreux vient à lui, le supplie et, s’agenouillant, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »

r Sorti de Capharnaüm, v. 35, tel est le sens premier. Mais un autre sens plus profond pourrait viser la sortie de Jésus d’auprès de Dieu, Jn 8.42 ; 13.3 ; 16.27s, 30. Cf. Lc 4.43.

41 En colère,s il étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »

s Var. « Ému de compassion ». — Il est difficile d’expliquer pourquoi Jésus se met en colère ou pourquoi il rudoie le lépreux (v. 43) ; ces éléments peuvent être les traces d’un état plus ancien de la tradition.

42 Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut purifié. 43 Et le rudoyant, il le chassa aussitôt, 44 et lui dit : « Garde-toi de rien dire à personne ; mais va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce qu’a prescrit Moïse : ce leur sera une attestation. » 45 Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer hautement et à divulguer la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il se tenait dehors, dans des lieux déserts ; et l’on venait à lui de toutes parts.