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Bible de Jérusalem

Philippiens 2.6-11

6 Lui qui est de condition divineq
n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieur

q Littéralement « dans la forme de Dieu »; le même mot grec (morphè) est utilisé au v. 7 (littéralement « prenant la forme d’esclave »). La signification de ce mot est presque identique à celle d’« image » (eikôn) et les deux termes sont utilisés dans la LXX de manière interchangeable ; la « forme de Dieu » est donc synonyme d’« image de Dieu », qui est le qualificatif attribué à Adam, Gn 1.27 ; 1 Co 11.7, et au Christ, 2 Co 4.4.

r Comme il était sans péché, 2 Co 5.21 ; Jn 8.46 ; 1 Jn 3.5 ; He 4.15 ; 1 P 2.22, le Christ n’avait pas à mourir, puisque la mort est le châtiment du péché, Gn 3.3 ; Isa 54.16 ; Sg 1.12-14 ; 2.23-24 (on retrouve la même idée dans certains apocryphes comme Enoch, le quatrième Esdras ou le second livre de Baruch). Il avait donc le droit de vivre éternellement, ce qui est une caractéristique divine, Gn 3.4-5. Autres traductions possibles « Il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » ou « Il n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu »; dans ce dernier cas, on aurait une opposition implicite entre Jésus, second ou dernier Adam, 1 Co 15.45, et le premier Adam, Gn 3.4-5.

7 mais il s’est dépouillés
prenant la condition d’esclave.t
Devenant semblable aux hommesu
et reconnu à son aspect comme un hommev

s La formule est tirée d’Isa 53.12. Le pronom réfléchi, qui apparaît aussi au v. 7 (et cf. Ga 2.20), insiste sur le fait qu’il s’agit d’une décision du Christ. Il a choisi de mourir.

t Cette façon d’être, à la lumière de l’allusion à Isa 53.12, ne peut être que celle du Serviteur souffrant de Yahvé, qui est mort pour les autres, Isa 53.3, 5, 7. Noter le contraste avec le « Seigneur » du v. 11.

u Il n’y a aucune intention d’atténuer l’humanité de Jésus, Ga 4.4 ; Rm 1.3 ; 9.5 ; He 2.17. Mais s’il n’était différent, il ne pouvait nous sauver. Celui qui était « vivant », 2 Co 4.10-11, a relevé ceux qui étaient « morts », Rm 6.4 ; Col 2.13. Il n’avait pas besoin d’être réconcilié avec Dieu, 2 Co 8.9, tandis que tous les autres en avaient besoin, 2 Co 5.18-19.

v Bien que sa façon d’être soit différente, le Christ a en partage la nature humaine, commune à tous les hommes.

8 il s’est abaissé
devenant obéissant jusqu’à la mortw
à la mort sur une croix.x

w L’obéissance du Christ, Rm 5.19 ; 1 Co 15.27-28 ; He 5.8, correspond à l’envoi par Dieu de son Fils pour sauver l’humanité, Rm 8.3, 29-30 ; 2 Co 5.21.

x Alors que la tradition primitive insistait seulement sur l’effet salvifique de la mort du Christ, Rm 1.3-4 ; 4.25 ; 8.34 ; 10.8-9 ; 1 Co 15.3 ; Ga 1.3-4 ; 1 Th 1.10, Paul ne cesse d’insister sur la manière dont il est mort par le cruel châtiment de la crucifixion, 1 Co 1.23 ; 2.2, 8 ; 2 Co 13.4 ; Ga 3.1 ; 5.11 ; 6.12, 14 ; 3.18 ; Col 1.20.

9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevéy
et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nomz

y Littéralement « sur-exalté ». Par la résurrection, Rm 1.4. Le préfixe comparatif est justifié par le fait que, tandis que tous les justes seront exaltés, Isa 52.13 ; Sg 3.8, le Christ leur est supérieur.

z Ce nom est celui de « Seigneur », comme le révèle le v. 11. C’est un terme purement fonctionnel, qui ne dit rien de la nature du Christ ; c’est un titre qui est mérité, Rm 14.9. En dépit de son usage quotidien et de sa fréquente application au Christ à travers tout le NT, il est décrit comme « au-dessus de tout nom » car le NT l’applique à Dieu.

10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchissea
dans les cieux, sur la terre et sous la terreb

a L’humanité reconnaît la nouvelle dignité de Jésus comme il était prédit que les nations reconnaîtraient Yahvé, Isa 45.23 ; Rm 14.11. « Jésus » seul est utilisé délibérément, en contraste avec le v. 11, pour évoquer la figure souffrante et humiliée des vv. 6-8.

b Ces phrases, qui troublent une structure rigoureuse, ont probablement été ajoutées par Paul afin d’insister à la fois sur l’étendue illimitée de l’autorité du Christ, Col 1.16, et sur sa dépendance vis-à-vis de son Père, 1 Co 15.27-28.

11 et que toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ
à la gloire de Dieu le Père.c

c C’est la profession de foi essentielle au christianisme, Rm 10.9 ; 1 Co 12.3 ; Col 2.6.