M. Augustin Gretillat mourait subitement le 14 janvier 1894, avant d’avoir pu achever la publication de son Exposé de théologie systématique, dont quatre volumes avaient déjà paru.
Il manquait encore la Morale. C’était son cours de prédilection ; il l’avait travaillé et retravaillé depuis de longues années. Son manuscrit était complètement rédigé ; avant de le livrer à l’impression, il en avait entrepris une dernière révision et il l’avait menée déjà jusqu’à la fin de l’introduction ; il y travaillait encore quelques jours avant sa mort.
Quelques-uns de ses amis ont estimé qu’il serait regrettable qu’un si grand ouvrage demeurât inachevé et que le fruit d’un si long travail fût perdu pour l’Eglise.
Mais, s’ils se sont décidés à entreprendre la publication de la Morale, ce n’était pas seulement dans le désir d’élever un monument à la mémoire de leur cher et fidèle collègue ; d’autres motifs qu’un souvenir pieux les engageaient à le faire. C’est dans cette partie de son œuvre que se révèlent le mieux les dons éminents de M. Gretillat. Avec son esprit systématique, il était bien fait pour saisir dans leur ampleur les grands problèmes moraux ; il sait les décomposer dans leurs facteurs essentiels, sans s’égarer dans le détail, et après une patiente analyse il condense les résultats de son étude et les rattache à la pensée maîtresse de l’ouvrage.
M. Gretillat avait adopté une division, à lui particulière, des matières de la dogmatique et de la morale, et il faisait rentrer dans cette dernière bien des sujets qui sont d’ordinaire traités dans la dogmatique. Il en résulte que la morale, telle qu’il la comprenait, forme un ensemble plus complet, un tout plus indépendant que ne sont d’ordinaire les manuels de cette discipline, et, tout en étant le couronnement naturel de l’Exposé, elle peut être étudiée pour elle-même sans que le lecteur soit arrêté par de trop fréquents renvois aux autres volumes.
La tâche des éditeurs était simple : ils se sont bornés à transcrire fidèlement le manuscrit original. Les seules modifications qu’ils se soient permises, ont consisté à condenser certains développements, à retrancher certaines digressions et à éliminer quelques termes trop techniques.
Que Dieu veuille bénir pour plusieurs la lecture de ces pages, écrites par un homme de foi, qui n’avait d’autre but que la gloire de son Maître !
Neuchâtel, novembre 1897.
Les Éditeurs.