Nous nous proposions de faire précéder cet ouvrage de quelques réflexions sur l’étude de l’Ecriture sainte, quand notre attention fut dirigée sur trois articles publiés par Neander dans le journal qu’il avait récemment fondé de concert avec Julius Müller et Nitzsch. Ce travail remarquable, rempli de vues saines et fécondes, en même temps que d’un profond respect pour les Ecritures et d’une solide édification, répondait si bien — nous n’osons dire à nos idées, mais du moins à nos désirs, que nous nous sommes bornés à le traduire sous forme d’introduction.
La traduction du texte de l’Épître et la division en chapitres sont les seules parties de ce commentaire qui nous appartiennent ; le reste est de Neander. Cependant il a fallu faire subir à son exposition plusieurs modifications de détail, afin de la mettre à la portée des lecteurs français. Nos habitudes de pensée et de style sont, en général, beaucoup plus rigoureuses, du moins quant à la forme, que celles de nos voisins d’outre-Rhin et Neander est, à cet égard, un fidèle représentant de sa nation, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés. Personne ne donne moins de soin que lui à la forme de sa pensée ; tantôt elle est d’une concision difficile à saisir, tantôt la répétition des mêmes idées, à de très courts intervalles, produit une sorte de monotonie ; tantôt enfin de longues parenthèses viennent rompre le fil de son argumentation et nuisent à la netteté de l’ensemble.
Malgré nos efforts et les libertés que nous nous sommes permises, comme traducteur, pour atténuer cet inconvénient, nous ne pouvions le faire disparaître entièrement, sous peine de défigurer l’exposition du pieux docteur. Il ne faut donc chercher dans les pages qui suivent ni un grand mérite de style, ni une grande nouveauté d’aperçus ; elles se distinguent plutôt par l’onction que par la force. Neander les écrivit, ou plutôt les dicta dans les derniers temps de sa vie, la faiblesse de sa vue lui interdisant alors tout autre travail. Il y a mis non seulement sa science, mais son cœur ; il a même tellement dissimulé les aspérités de la première, qu’on oublie, en goûtant ces fruits savoureux, le labeur qu’ils ont coûté. C’est que Neander étudiait l’Ecriture, moins avec son intelligence qu’avec son âme. Ce n’est pas qu’il méprise, en exégèse, les travaux scientifiques ; ils sont, au contraire, pour lui la condition nécessaire de toute étude consciencieuse de la Bible ; mais si ces préliminaires sont indispensables pour déblayer le terrain, ce ne sont cependant que des préliminaires qu’il faut traverser pour aller au but. On sent, en lisant les ouvrages de Neander, et ceux qui ont eu le privilège de l’entendre lui-même sentaient surtout en l’écoutant, que sa confiance en l’Ecriture était complètement indépendante de telle difficulté critique ou grammaticale ; aussi a-t-il l’habitude de se mouvoir dans ces questions avec une grande liberté ; mais en même temps, il a hâte d’en sortir pour arriver au but, le contact immédiat de la Parole de Dieu avec l’âme et la vie.
C’est aussi vers ce but que doivent tendre aujourd’hui tous les efforts. Remettre en lumière l’enseignement biblique dans sa pureté primitive ; retremper la pensée et la vie chrétienne à ces sources jaillissantes ; montrer par une exposition saine, exempte de préjugés et vraiment fidèle que les écrivains sacrés, tout en ayant en vue une époque spéciale, ont embrassé tous les temps ; faire sentir que le recueil de leurs écrits est à la fois le trésor des choses anciennes et celui des nouvelles, la sainte histoire de l’amour de Dieu pour les pécheurs, le livre de vie, la Parole de Dieu parlée par l’homme, tel nous paraît, dans ce moment, le sérieux devoir de ceux qui ont à cœur de glorifier l’Evangile au milieu de nous.
C’est dans le désir que le travail de Neander puisse contribuer à cet heureux résultat et en demandant à Dieu d’accompagner de sa bénédiction cet humble essai, que j’en offre la traduction à l’Eglise chrétienne de notre patriea.
a – Nous rappellerons à nos lecteurs que le Commentaire pratique sur l’Épître de saint Jacques fait partie d’une série de commentaires semblables qui sont l’œuvre de Néander. La traduction du Commentaire pratique sur l’Épître aux Philippiens, par M. E. de Pressensé, a déjà été publiée. Nous avons l’espoir que la traduction du Commentaire sur l’Épître de saint Jean le sera bientôt.